|
[53] Ἡ γὰρ Ἶσίς ἐστι μὲν τὸ τῆς φύσεως θῆλυ καὶ
δεκτικὸν ἁπάσης γενέσεως, καθὸ τιθήνη καὶ πανδεχὴς
ὑπὸ τοῦ Πλάτωνος (Tim. 49a 51a), ὑπὸ δὲ τῶν πολλῶν
μυριώνυμος κέκληται διὰ τὸ πάσας ὑπὸ τοῦ λόγου
τρεπομένη μορφὰς δέχεσθαι καὶ ἰδέας. ἔχει δὲ σύμφυτον
ἔρωτα τοῦ πρώτου καὶ κυριωτάτου πάντων, ὃ
τἀγαθῷ ταὐτόν ἐστι, κἀκεῖνο ποθεῖ καὶ διώκει· τὴν δ´
ἐκ τοῦ κακοῦ φεύγει καὶ διωθεῖται μοῖραν, ἀμφοῖν μὲν
οὖσα χώρα καὶ ὕλη, ῥέπουσα δ´ ἀεὶ πρὸς τὸ βέλτιον
καὶ παρέχουσα γεννᾶν ἐξ ἑαυτῆς ἐκείνῳ καὶ κατασπείρειν
εἰς ἑαυτὴν ἀπορροὰς καὶ ὁμοιότητας, αἷς χαίρει καὶ
γέγηθε κυισκομένη καὶ ὑποπιμπλαμένη τῶν γενέσεων.
εἰκὼν γάρ ἐστιν οὐσίας ἡ ἐν ὕλῃ γένεσις καὶ μίμημα
τοῦ ὄντος τὸ γινόμενον.
| [53] De la nature apte à recevoir toute génération Isis
est la partie féminine. C'est en ce sens que Platon la
nomme « nourrice » et « récipient universel ». Généralement
on l'appelle « Myrionyme », parce que la raison
la rend capable de prendre toutes espèces de formes et
d'apparences. Elle a un amour inné pour l'être primitif, pour
l'être qui a le pouvoir suprême sur toutes choses, et qui est
le même que le Bien absolu. Elle le désire, elle le poursuit,
fuyant au contraire et repoussant toute participation avec
le principe du mal. Quoiqu'elle soit pour l'un et pour
l'autre une matière, et comme un sol à eux livré, cependant
un pente naturelle la porte toujours vers le principe du bien :
c'est à lui qu'elle s'offre pour qu'il la féconde, pour qu'il
verse en elle ses influences et ses sympathies. Elle est heureuse,
elle tressaille, quand elle sent qu'elle est grosse de
ces germes générateurs et qu'elle en est remplie. Car dans
toute matière la production des êtres est l'image de la substance
fécondée, et la créature est faite à l'imitation de
l'être qui lui donne la vie.
| [54] ὅθεν οὐκ ἀπὸ τρόπου μυθολογοῦσι τὴν Ὀσίριδος ψυχὴν ἀίδιον
εἶναι καὶ ἄφθαρτον, τὸ δὲ σῶμα πολλάκις διασπᾶν καὶ ἀφανίζειν
τὸν Τυφῶνα, τὴν δ´ Ἶσιν πλανωμένην καὶ ζητεῖν καὶ συναρμόττειν
πάλιν. τὸ γὰρ ὂν καὶ νοητὸν καὶ ἀγαθὸν φθορᾶς
καὶ μεταβολῆς κρεῖττόν ἐστιν· ἃς δ´ ἀπ´ αὐτοῦ τὸ αἰσθητὸν
καὶ σωματικὸν εἰκόνας ἐκμάττεται καὶ λόγους καὶ
εἴδη καὶ ὁμοιότητας ἀναλαμβάνει, καθάπερ ἐν κηρῷ
σφραγῖδες οὐκ ἀεὶ διαμένουσιν ἀλλὰ καταλαμβάνει τὸ
ἄτακτον αὐτὰς καὶ ταραχῶδες ἐνταῦθα τῆς ἄνω χώρας
ἀπεληλαμένον καὶ μαχόμενον πρὸς τὸν Ὧρον, ὃν ἡ Ἶσις
εἰκόνα τοῦ νοητοῦ κόσμον αἰσθητὸν ὄντα γεννᾷ· διὸ καὶ
δίκην φεύγειν λέγεται νοθείας ὑπὸ Τυφῶνος, ὡς οὐκ ὢν
καθαρὸς οὐδ´ εἰλικρινὴς οἷος ὁ πατήρ, λόγος αὐτὸς καθ´
ἑαυτὸν ἀμιγὴς καὶ ἀπαθής, ἀλλὰ νενοθευμένος τῇ ὕλῃ
διὰ τὸ σωματικόν. περιγίνεται δὲ καὶ νικᾷ τοῦ Ἑρμοῦ,
τουτέστι τοῦ λόγου, μαρτυροῦντος καὶ δεικνύοντος, ὅτι
πρὸς τὸ νοητὸν ἡ φύσις μετασχηματιζομένη τὸν κόσμον
ἀποδίδωσιν. ἡ μὲν γὰρ ἔτι τῶν θεῶν ἐν γαστρὶ τῆς
Ῥέας ὄντων ἐξ Ἴσιδος καὶ Ὀσίριδος λεγομένη γένεσις
Ἀπόλλωνος αἰνίττεται τὸ πρὶν ἐκφανῆ γενέσθαι τόνδε
τὸν κόσμον καὶ συντελεσθῆναι τῷ λόγῳ τὴν ὕλην φύσει
ἐλεγχομένην ἐπ´ αὐτὴν ἀτελῆ τὴν πρώτην γένεσιν ἐξενεγκεῖν·
| [54] Ce n'est donc pas hors de propos que dans leur mythologie
les Égyptiens disent que l'âme d'Osiris est éternelle et
incorruptible, bien que son corps soit souvent déchiré par
Typhon, qui en fait disparaître les lambeaux, et bien qu'Isis,
errant à leur recherche, s'attache à les rajuster. Car l'Être par
essence, la substance purement intelligible, souverainement
bonne, est au-dessus de toute destruction et de tout changement.
Il est vrai que par cet Être la matière sensible et corporelle
est pétrie en quelque sorte en images, qu'il lui
imprime des idées, des formes, des ressemblances, comme
la cire reçoit la marque des cachets; mais ce ne sont pas des
empreintes qui durent toujours. Ces formes, ces images se
trouvent saisies par le principe désordonné et tumultueux,
qui, relégué ici-bas loin des régions supérieures, combat
contre Horus; et Horus est engendré par Isis pour être l'image
sensible du monde intellectuel. Aussi Typhon ne
manque-t-il pas, à ce qu'on dit, de contester la légitimité de
la naissance d'Horus, prétendant que celui-ci n'est ni pur
ni sincère. Il est bien vrai que le verbe, son père, est
essentiellement simple, dégagé de passion, au lieu que l'union
d'Horus avec la nature corporelle a mis dans sa naissance
une sorte d'illégitimité. Mais il triomphe et devient
vainqueur par le secours de Mercure, c'est-à-dire de la raison,
qui atteste et qui prouve que la nature a formé le monde
à l'image de la substance purement intelligible. En effet, en
disant qu'Isis et Osiris étaient encore dans le sein de Rhéa
lorsque ces deux divinités donnèrent naissance à Apollon,
les Égyptiens font entendre qu'avant que notre monde fût
devenu visible, avant que la raison eût donné une forme
accomplie à la matière, celle-ci, dont l'imperfection native
est évidente, recevait sa première naissance. Aussi disent-ils
que ce dieu naquit au sein des ténèbres sans avoir tous
ses membres ; et ils l'appellent le vieux Horus, attendu
qu'il n'était pas le monde, mais une image et une apparence
du monde qui devait un jour être formé.
| | |