[8] Συνελὼν τοίνυν ἐγώ φημι καὶ χρησμολογεῖν
μᾶλλον ἢ παραινεῖν δόξαιμ´ ἂν εἰκότως ὅτι ἓν πρῶτον
καὶ μέσον καὶ τελευταῖον ἐν τούτοις κεφάλαιον
ἀγωγὴ σπουδαία καὶ παιδεία νόμιμός ἐστι, καὶ
ταῦτα φορὰ καὶ συνεργὰ πρὸς ἀρετὴν καὶ πρὸς
εὐδαιμονίαν φημί. καὶ τὰ μὲν ἄλλα τῶν ἀγαθῶν
ἀνθρώπινα καὶ μικρὰ καὶ οὐκ ἀξιοσπούδαστα
καθέστηκεν. εὐγένεια καλὸν μέν, ἀλλὰ προγόνων
ἀγαθόν. πλοῦτος δὲ τίμιον μέν, ἀλλὰ τύχης
κτῆμα, ἐπειδὴ τῶν μὲν ἐχόντων πολλάκις ἀφείλετο,
τοῖς δ´ οὐκ ἐλπίσασι φέρουσα προσήνεγκε, καὶ ὁ
πολὺς πλοῦτος σκοπὸς ἔκκειται τοῖς βουλομένοις
βαλλάντια τοξεύειν, κακούργοις οἰκέταις καὶ συκοφάνταις,
καὶ τὸ μέγιστον, ὅτι καὶ τοῖς πονηροτάτοις
μέτεστι. δόξα γε μὴν σεμνὸν μέν, ἀλλ´
ἀβέβαιον. κάλλος δὲ περιμάχητον μέν, ἀλλ´ ὀλιγοχρόνιον.
ὑγίεια δὲ τίμιον μέν, ἀλλ´ εὐμετάστατον.
ἰσχὺς δὲ ζηλωτὸν μέν, ἀλλὰ νόσῳ εὐάλωτον καὶ
γήρᾳ. τὸ δ´ ὅλον εἴ τις ἐπὶ τῇ τοῦ σώματος ῥώμῃ
φρονεῖ, μαθέτω γνώμης διαμαρτάνων. πόστον
γάρ ἐστιν ἰσχὺς ἀνθρωπίνη τῆς τῶν ἄλλων ζῴων
δυνάμεως; λέγω δ´ οἷον ἐλεφάντων καὶ ταύρων
καὶ λεόντων. παιδεία δὲ τῶν ἐν ἡμῖν μόνον ἐστὶν
ἀθάνατον καὶ θεῖον. καὶ δύο τὰ πάντων ἐστὶ
κυριώτατα ἐν ἀνθρωπίνῃ φύσει, νοῦς καὶ λόγος.
καὶ ὁ μὲν νοῦς ἀρχικός ἐστι τοῦ λόγου, ὁ δὲ λόγος
ὑπηρετικὸς τοῦ νοῦ, τύχῃ μὲν ἀνάλωτος, συκοφαντίᾳ
δ´ ἀναφαίρετος, νόσῳ δ´ ἀδιάφθορος, γήρᾳ
δ´ ἀλύμαντος. μόνος γὰρ ὁ νοῦς παλαιούμενος
ἀνηβᾷ, καὶ ὁ χρόνος τἄλλα πάντ´ ἀφαιρῶν τῷ
γήρᾳ προστίθησι τὴν ἐπιστήμην. ὅ γε μὴν πόλεμος
χειμάρρου δίκην πάντα σύρων καὶ πάντα παραφέρων
μόνην οὐ δύναται παιδείαν παρελέσθαι. καί μοι
δοκεῖ Στίλπων ὁ Μεγαρεὺς φιλόσοφος ἀξιομνημόνευτον
ποιῆσαι ἀπόκρισιν, ὅτε Δημήτριος ἐξανδραποδισάμενος
τὴν πόλιν εἰς ἔδαφος κατέβαλε
καὶ τὸν Στίλπωνα ἤρετο μή τι ἀπολωλεκὼς εἴη.
καὶ ὅς "οὐ δῆτα," εἶπε, "πόλεμος γὰρ οὐ λαφυραγωγεῖ
ἀρετήν." σύμφωνος δὲ καὶ συνῳδὸς καὶ
ἡ Σωκράτους ἀπόκρισις ταύτῃ φαίνεται. καὶ γὰρ
οὗτος ἐρωτήσαντος αὐτόν μοι δοκεῖ Γοργίου ἣν
ἔχει περὶ τοῦ μεγάλου βασιλέως ὑπόληψιν καὶ εἰ
νομίζει τοῦτον εὐδαίμονα εἶναι, "οὐκ οἶδ´," ἔφησε,
"πῶς ἀρετῆς καὶ παιδείας ἔχει," ὡς τῆς εὐδαιμονίας
ἐν τούτοις, οὐκ ἐν τοῖς τυχηροῖς ἀγαθοῖς κειμένης.
| [8] Je veux me résumer; et mes paroles devront être prises
moins encore comme un précepte que comme un oracle.
J'affirme, que pour le début, pour le milieu et pour la fin,
le point capital en pareille matière c'est une direction sage,
une éducation libérale; que c'est là ce qui prépare, ce qui
assure et la vertu et le bonheur. Tous les autres biens ont
le caractère des choses humaines : ils sont chétifs et ne valent
pas la peine d'être recherchés. La noblesse de la naissance
est une belle chose sans doute, mais c'est un bien que
l'on a reçu de ses aïeux. Les richesses ont leur prix, mais
elles sont au pouvoir du hasard, et souvent il les enlève à
qui les possède pour les aller porter à qui ne les espérait
pas; elles sont un but offert à ceux qui veulent faire métier
de viser aux coffres-forts, gens détestables, faux amis de la
maison ; enfin, ce qu'il y a de pis, elles sont aussi le partage
des plus pervers. La gloire est chose respectable, mais peu
solide. La beauté est digne d'envie, mais éphémère. La
santé est un trésor, mais un trésor bien facile à perdre. La
vigueur corporelle est désirable, mais elle cède bien vite à
la maladie, à la vieillesse. Du reste compter sur la force du
corps, c'est s'entretenir, qu'on le sache bien, dans une erreur
complète. Qu'est-ce, en effet, que la force de l'homme, si
par exemple on la compare à celle des autres animaux, je
veux dire des éléphants, des taureaux, des lions ? L'instruction
est, parmi les biens qui sont en nous, le seul impérissable
et divin; et les deux principaux apanages de la nature
humaine sont l'intelligence et le raisonnement. L'intelligence
commande au raisonnement, le raisonnement obéit à
l'intelligence. L'un et l'autre ne donnent point prise à la fortune;
la calomnie est impuissante à les faire disparaître; la
maladie, à les abattre ; la vieillesse, à les épuiser. Par un
privilége exclusif l'intelligence rajeunit en vieillissant; et le
temps, qui enlève tout le reste, ajoute au savoir jusque dans
les dernières années de la vie. La guerre, comme un torrent,
balaye tout, entraîne tout : il n'y a que l'instruction qu'elle
ne puisse ravir. Aussi trouvé-je bien digne qu'on mentionne
une réponse faite par le philosophe Stilpon, de Mégare.
Démétrius ayant réduit cette ville en servitude l'avait
rasée, et il demandait à Stilpon s'il n'avait rien perdu. Rien
assurément, répondit ce dernier, car la guerre ne fait pas
figurer la vertu dans son butin». Voici une autre réponse,
dont le sens et l'esprit ont la même portée ; elle est de Socrate.
Quelqu'un, c'était, je crois, Gorgias, lui demandait
quelle opinion il avait du Grand Roi et s'il le tenait pour
heureux : «Je ne sais pas, répondit-il, jusqu'à quel degré
il est vertueux et instruit». C'était dire, que le bonheur réside
dans l'instruction et la vertu, et non dans les biens que
donne le hasard.
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