[77] Ἐπειδὴ δὲ πάντ᾽ ἦν τὰ τοῦ θνητοῦ ζῴου συμπεφυκότα (77a) μέρη καὶ μέλη, τὴν δὲ
ζωὴν ἐν πυρὶ καὶ πνεύματι συνέβαινεν ἐξ ἀνάγκης ἔχειν αὐτῷ, καὶ διὰ ταῦτα ὑπὸ
τούτων τηκόμενον κενούμενόν τ᾽ ἔφθινεν, βοήθειαν αὐτῷ θεοὶ μηχανῶνται. τῆς γὰρ
ἀνθρωπίνης συγγενῆ φύσεως φύσιν ἄλλαις ἰδέαις καὶ αἰσθήσεσιν κεραννύντες, ὥσθ᾽
ἕτερον ζῷον εἶναι, φυτεύουσιν· ἃ δὴ νῦν ἥμερα δένδρα καὶ φυτὰ καὶ σπέρματα
παιδευθέντα ὑπὸ γεωργίας τιθασῶς πρὸς ἡμᾶς ἔσχεν, πρὶν δὲ ἦν μόνα τὰ (77b) τῶν
ἀγρίων γένη, πρεσβύτερα τῶν ἡμέρων ὄντα. πᾶν γὰρ οὖν ὅτιπερ ἂν μετάσχῃ τοῦ ζῆν,
ζῷον μὲν ἂν ἐν δίκῃ λέγοιτο ὀρθότατα· μετέχει γε μὴν τοῦτο ὃ νῦν λέγομεν τοῦ τρίτου
ψυχῆς εἴδους, ὃ μεταξὺ φρενῶν ὀμφαλοῦ τε ἱδρῦσθαι λόγος, ᾧ δόξης μὲν λογισμοῦ τε
καὶ νοῦ μέτεστιν τὸ μηδέν, αἰσθήσεως δὲ ἡδείας καὶ ἀλγεινῆς μετὰ ἐπιθυμιῶν.
πάσχον γὰρ διατελεῖ πάντα, στραφέντι δ᾽ αὐτῷ ἐν ἑαυτῷ περὶ ἑαυτό, τὴν (77c) μὲν
ἔξωθεν ἀπωσαμένῳ κίνησιν, τῇ δ᾽ οἰκείᾳ χρησαμένῳ, τῶν αὑτοῦ τι λογίσασθαι
κατιδόντι φύσει οὐ παραδέδωκεν ἡ γένεσις. διὸ δὴ ζῇ μὲν ἔστιν τε οὐχ ἕτερον ζῴου,
μόνιμον δὲ καὶ κατερριζωμένον πέπηγεν διὰ τὸ τῆς ὑφ᾽ ἑαυτοῦ κινήσεως ἐστερῆσθαι.
Ταῦτα δὴ τὰ γένη πάντα φυτεύσαντες οἱ κρείττους τοῖς ἥττοσιν ἡμῖν τροφήν, τὸ σῶμα
αὐτὸ ἡμῶν διωχέτευσαν τέμνοντες οἷον ἐν κήποις ὀχετούς, ἵνα ὥσπερ ἐκ νάματος
ἐπιόντος ἄρδοιτο. καὶ πρῶτον μὲν ὀχετοὺς κρυφαίους ὑπὸ (77d) τὴν σύμφυσιν τοῦ
δέρματος καὶ τῆς σαρκὸς δύο φλέβας ἔτεμον νωτιαίας, δίδυμον ὡς τὸ σῶμα ἐτύγχανεν
δεξιοῖς τε καὶ ἀριστεροῖς ὄν· ταύτας δὲ καθῆκαν παρὰ τὴν ῥάχιν, καὶ τὸν γόνιμον
μεταξὺ λαβόντες μυελόν, ἵνα οὗτός τε ὅτι μάλιστα θάλλοι, καὶ ἐπὶ τἆλλα εὔρους
ἐντεῦθεν ἅτε ἐπὶ κάταντες ἡ ἐπίχυσις γιγνομένη παρέχοι τὴν ὑδρείαν ὁμαλήν. μετὰ
δὲ ταῦτα σχίσαντες περὶ τὴν κεφαλὴν τὰς φλέβας καὶ δι᾽ (77e) ἀλλήλων ἐναντίας
πλέξαντες διεῖσαν, τὰς μὲν ἐκ τῶν δεξιῶν ἐπὶ τἀριστερὰ τοῦ σώματος, τὰς δ᾽ ἐκ τῶν
ἀριστερῶν ἐπὶ τὰ δεξιὰ κλίναντες, ὅπως δεσμὸς ἅμα τῇ κεφαλῇ πρὸς τὸ σῶμα εἴη
μετὰ τοῦ δέρματος, ἐπειδὴ νεύροις οὐκ ἦν κύκλῳ κατὰ κορυφὴν περιειλημμένη, καὶ δὴ
καὶ τὸ τῶν αἰσθήσεων πάθος ἵν᾽ ἀφ᾽ ἑκατέρων τῶν μερῶν εἰς ἅπαν τὸ σῶμα εἴη διάδηλον.
| [77] Lorsque toutes les parties et tous les membres de l’animal mortel
eurent été réunis en un tout, il se trouva que cet animal devait
nécessairement vivre dans le feu et dans l’air. Aussi fondu et vidé par
eux, il dépérissait, quand les dieux imaginèrent pour lui un réconfort.
Mêlant à d’autres formes et à d’autres sens une substance parente de
la substance humaine, ils donnèrent ainsi naissance à une autre sorte
d’animaux. Ce sont les arbres, les plantes et les graines, aujourd’hui
domestiqués et éduqués par la culture, qui se sont apprivoisés avec
nous. Auparavant il n’y avait que les espèces sauvages, qui sont plus
anciennes que les espèces cultivées. Tout ce qui participe à la vie
mérite fort justement le nom d’animal ; et ce dont nous parlons en ce
moment participe de la troisième espèce d’âme, celle dont nous avons
marqué la place entre le diaphragme et le nombril, qui n’a aucune
part à l’opinion, au raisonnement, à l’intelligence, mais seulement à
la sensation agréable et désagréable, ainsi qu’aux appétits. En effet le
végétal est toujours passif, et sa formation ne lui a pas permis, en
tournant en lui-même et sur lui-même, en repoussant le mouvement
extérieur et usant seulement du sien propre, de raisonner sur rien de
ce qui le concerne et d’en discerner la nature. Il vit donc à la manière
d’un animal, mais il est fixé au sol, immobile et enraciné, parce qu’il
est privé du pouvoir de se mouvoir par lui-même.
Quand nos supérieurs eurent planté toutes ces espèces pour nous
servir de nourriture à nous, leurs sujets, ils creusèrent des canaux au
travers de notre corps même, comme on fait des conduits dans les
jardins, afin qu’il fût arrosé comme par le cours d’un ruisseau. Tout
d’abord, sous la jointure de la peau et de la chair, ils creusèrent des
canaux cachés, deux veines dorsales, parce que le corps se trouvait
double, avec un côté droit et un côté gauche ; puis ils les firent
descendre le long de l’épine dorsale, gardant entre elles la moelle
génératrice, afin qu’elle fût aussi vigoureuse que possible et que
l’écoulement, suivant une pente descendante, pût se faire aisément de là
aux autres parties et rendre l’irrigation uniforme. Après cela, ils partagèrent
les veines dans la région de la tête, les entrelacèrent et les firent passer
au travers les unes des autres dans des directions opposées, inclinant
celles qui venaient de la droite vers la gauche du corps et celles qui
venaient de la gauche vers la droite, afin qu’elles pussent contribuer
avec la peau à lier la tête au corps, car il n’y avait pas de nerfs qui
fissent le tour de la tête à son sommet, et, en outre, afin que les
perceptions venant soit de l’un, soit de l’autre côté, pussent être
révélées à tout le corps.
|