[22] (22a) καὶ δὴ καὶ τὰ παλαιὰ ἀνερωτῶν ποτε τοὺς μάλιστα περὶ ταῦτα τῶν ἱερέων
ἐμπείρους, σχεδὸν οὔτε αὑτὸν οὔτε ἄλλον Ἕλληνα οὐδένα οὐδὲν ὡς ἔπος εἰπεῖν εἰδότα
περὶ τῶν τοιούτων ἀνευρεῖν.
καί ποτε προαγαγεῖν βουληθεὶς αὐτοὺς περὶ τῶν ἀρχαίων εἰς λόγους, τῶν τῇδε τὰ
ἀρχαιότατα λέγειν ἐπιχειρεῖν, περὶ Φορωνέως τε τοῦ πρώτου λεχθέντος καὶ Νιόβης,
καὶ μετὰ τὸν κατακλυσμὸν αὖ περὶ Δευκαλίωνος (22b) καὶ Πύρρας ὡς διεγένοντο
μυθολογεῖν, καὶ τοὺς ἐξ αὐτῶν γενεαλογεῖν, καὶ τὰ τῶν ἐτῶν ὅσα ἦν οἷς ἔλεγεν
πειρᾶσθαι διαμνημονεύων τοὺς χρόνους ἀριθμεῖν· καί τινα εἰπεῖν τῶν ἱερέων εὖ μάλα
παλαιόν· “ὦ Σόλων, Σόλων, Ἕλληνες ἀεὶ παῖδές ἐστε, γέρων δὲ Ἕλλην οὐκ ἔστιν”.
ἀκούσας οὖν, “πῶς τί τοῦτο λέγεις;” φάναι. “νέοι ἐστέ”, εἰπεῖν, “τὰς ψυχὰς πάντες·
οὐδεμίαν γὰρ ἐν αὐταῖς ἔχετε δι᾽ ἀρχαίαν ἀκοὴν παλαιὰν δόξαν οὐδὲ μάθημα χρόνῳ
πολιὸν οὐδέν. τὸ (22c) δὲ τούτων αἴτιον τόδε. πολλαὶ κατὰ πολλὰ φθοραὶ γεγόνασιν
ἀνθρώπων καὶ ἔσονται, πυρὶ μὲν καὶ ὕδατι μέγισται, μυρίοις δὲ ἄλλοις ἕτεραι
βραχύτεραι. τὸ γὰρ οὖν καὶ παρ᾽ ὑμῖν λεγόμενον, ὥς ποτε Φαέθων Ἡλίου παῖς τὸ τοῦ
πατρὸς ἅρμα ζεύξας διὰ τὸ μὴ δυνατὸς εἶναι κατὰ τὴν τοῦ πατρὸς ὁδὸν ἐλαύνειν τά τ᾽
ἐπὶ γῆς συνέκαυσεν καὶ αὐτὸς κεραυνωθεὶς διεφθάρη, τοῦτο μύθου μὲν σχῆμα ἔχον
λέγεται, τὸ δὲ (22d) ἀληθές ἐστι τῶν περὶ γῆν κατ᾽ οὐρανὸν ἰόντων παράλλαξις καὶ
διὰ μακρῶν χρόνων γιγνομένη τῶν ἐπὶ γῆς πυρὶ πολλῷ φθορά. τότε οὖν ὅσοι κατ᾽ ὄρη
καὶ ἐν ὑψηλοῖς τόποις καὶ ἐν ξηροῖς οἰκοῦσιν μᾶλλον διόλλυνται τῶν ποταμοῖς καὶ
θαλάττῃ προσοικούντων· ἡμῖν δὲ ὁ Νεῖλος εἴς τε τἆλλα σωτὴρ καὶ τότε ἐκ ταύτης τῆς
ἀπορίας σῴζει λυόμενος. ὅταν δ᾽ αὖ θεοὶ τὴν γῆν ὕδασιν καθαίροντες κατακλύζωσιν,
οἱ μὲν ἐν τοῖς ὄρεσιν διασῴζονται βουκόλοι νομῆς τε, οἱ δ᾽ ἐν ταῖς (22e) παρ᾽ ὑμῖν
πόλεσιν εἰς τὴν θάλατταν ὑπὸ τῶν ποταμῶν φέρονται· κατὰ δὲ τήνδε χώραν οὔτε τότε
οὔτε ἄλλοτε ἄνωθεν ἐπὶ τὰς ἀρούρας ὕδωρ ἐπιρρεῖ, τὸ δ᾽ ἐναντίον κάτωθεν πᾶν
ἐπανιέναι πέφυκεν. ὅθεν καὶ δι᾽ ἃς αἰτίας τἀνθάδε σῳζόμενα λέγεται παλαιότατα· τὸ
δὲ ἀληθές, ἐν πᾶσιν τοῖς τόποις ὅπου μὴ χειμὼν ἐξαίσιος ἢ καῦμα ἀπείργει, πλέον,
| [22] puis qu’ayant un jour interrogé sur les antiquités les prêtres les plus
versés dans cette matière, il avait découvert que ni lui, ni aucun autre Grec
n’en avait pour ainsi dire aucune connaissance. Un autre jour, voulant
engager les prêtres à parler de l’antiquité, il se mit à leur raconter ce que l’on
sait chez nous de plus ancien.
Il leur parla de Phoroneus, qui fut, dit-on, le premier homme,
et de Niobé, puis il leur conta comment Deucalion et Pyrrha
survécurent au déluge ; il fit la généalogie de leurs descendants et il
essaya, en distinguant les générations, de compter combien d’années
s’étaient écoulées depuis ces événements.
Alors un des prêtres, qui était très vieux, lui dit : « Ah ! Solon, Solon,
vous autres Grecs, vous êtes toujours des enfants, et il n’y a point de
vieillard en Grèce. » A ces mots : « Que veux-tu dire par là ? demanda
Solon. — Vous êtes tous jeunes d’esprit, répondit le prêtre ; car vous
n’avez dans l’esprit aucune opinion ancienne fondée sur une vieille
tradition et aucune science blanchie par le temps. Et en voici la
raison. Il y a eu souvent et il y aura encore souvent des destructions
d’hommes causées de diverses manières, les plus grandes par le feu et
par l’eau, et d’autres moindres par mille autres choses. Par exemple,
ce qu’on raconte aussi chez vous de Phaéton, fils du Soleil, qui, ayant
un jour attelé le char de son père et ne pouvant le maintenir dans la
voie paternelle, embrasa tout ce qui était sur la terre et périt lui-
même frappé de la foudre, a, il est vrai, l’apparence d’une fable ; mais
la vérité qui s’y recèle, c’est que les corps qui circulent dans le ciel
autour de la terre dévient de leur course et qu’une grande
conflagration qui se produit à de grands intervalles détruit ce qui est
sur la surface de la terre. Alors tous ceux qui habitent dans les
montagnes et dans les endroits élevés et arides périssent plutôt que
ceux qui habitent au bord des fleuves et de la mer. Nous autres, nous
avons le Nil, notre sauveur ordinaire, qui, en pareil cas aussi, nous
préserve de cette calamité par ses débordements. Quand, au
contraire, les dieux submergent la terre sous les eaux pour la purifier,
les habitants des montagnes, bouviers et pâtres, échappent à la mort,
mais ceux qui résident dans vos villes sont emportés par les fleuves dans la
mer, tandis que chez nous, ni dans ce cas, ni dans d’autres, l’eau ne dévale
jamais des hauteurs dans les campagnes ; c’est le contraire, elles montent
naturellement toujours d’en bas. Voilà comment et pour quelles
raisons on dit que c’est chez nous que se sont conservées les
traditions les plus anciennes. Mais en réalité, dans tous les lieux où le
froid ou la chaleur excessive ne s’y oppose pas,
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