[23] (23a) τοτὲ δὲ ἔλαττον ἀεὶ γένος ἐστὶν ἀνθρώπων. ὅσα δὲ ἢ παρ᾽ ὑμῖν ἢ τῇδε ἢ καὶ κατ᾽
ἄλλον τόπον ὧν ἀκοῇ ἴσμεν, εἴ πού τι καλὸν ἢ μέγα γέγονεν ἢ καί τινα διαφορὰν
ἄλλην ἔχον, πάντα γεγραμμένα ἐκ παλαιοῦ τῇδ᾽ ἐστὶν ἐν τοῖς ἱεροῖς καὶ σεσωσμένα·
τὰ δὲ παρ᾽ ὑμῖν καὶ τοῖς ἄλλοις ἄρτι κατεσκευασμένα ἑκάστοτε τυγχάνει γράμμασι
καὶ ἅπασιν ὁπόσων πόλεις δέονται, καὶ πάλιν δι᾽ εἰωθότων ἐτῶν ὥσπερ νόσημα ἥκει
φερόμενον αὐτοῖς ῥεῦμα οὐράνιον καὶ τοὺς ἀγραμμάτους (23b) τε καὶ ἀμούσους
ἔλιπεν ὑμῶν, ὥστε πάλιν ἐξ ἀρχῆς οἷον νέοι γίγνεσθε, οὐδὲν εἰδότες οὔτε τῶν τῇδε
οὔτε τῶν παρ᾽ ὑμῖν, ὅσα ἦν ἐν τοῖς παλαιοῖς χρόνοις. τὰ γοῦν νυνδὴ γενεαλογηθέντα,
ὦ Σόλων, περὶ τῶν παρ᾽ ὑμῖν ἃ διῆλθες, παίδων βραχύ τι διαφέρει μύθων, οἳ πρῶτον
μὲν ἕνα γῆς κατακλυσμὸν μέμνησθε πολλῶν ἔμπροσθεν γεγονότων, ἔτι δὲ τὸ
κάλλιστον καὶ ἄριστον γένος ἐπ᾽ ἀνθρώπους ἐν τῇ χώρᾳ παρ᾽ ὑμῖν οὐκ ἴστε γεγονός,
ἐξ ὧν σύ τε καὶ πᾶσα ἡ (23c) πόλις ἔστιν τὰ νῦν ὑμῶν, περιλειφθέντος ποτὲ
σπέρματος βραχέος, ἀλλ᾽ ὑμᾶς λέληθεν διὰ τὸ τοὺς περιγενομένους ἐπὶ πολλὰς
γενεὰς γράμμασιν τελευτᾶν ἀφώνους. ἦν γὰρ δή ποτε, ὦ Σόλων, ὑπὲρ τὴν μεγίστην
φθορὰν ὕδασιν ἡ νῦν Ἀθηναίων οὖσα πόλις ἀρίστη πρός τε τὸν πόλεμον καὶ κατὰ
πάντα εὐνομωτάτη διαφερόντως· ᾗ κάλλιστα ἔργα καὶ πολιτεῖαι γενέσθαι λέγονται
κάλλισται πασῶν ὁπόσων ὑπὸ (23d) τὸν οὐρανὸν ἡμεῖς ἀκοὴν παρεδεξάμεθα”.
ἀκούσας οὖν ὁ Σόλων ἔφη θαυμάσαι καὶ πᾶσαν προθυμίαν σχεῖν δεόμενος τῶν
ἱερέων πάντα δι᾽ ἀκριβείας οἱ τὰ περὶ τῶν πάλαι πολιτῶν ἑξῆς διελθεῖν. τὸν οὖν ἱερέα
φάναι· “φθόνος οὐδείς, ὦ Σόλων, ἀλλὰ σοῦ τε ἕνεκα ἐρῶ καὶ τῆς πόλεως ὑμῶν,
μάλιστα δὲ τῆς θεοῦ χάριν, ἣ τήν τε ὑμετέραν καὶ τήνδε ἔλαχεν καὶ ἔθρεψεν καὶ
ἐπαίδευσεν, προτέραν μὲν τὴν παρ᾽ (23e) ὑμῖν ἔτεσιν χιλίοις, ἐκ Γῆς τε καὶ Ἡφαίστου
τὸ σπέρμα παραλαβοῦσα ὑμῶν, τήνδε δὲ ὑστέραν. τῆς δὲ ἐνθάδε διακοσμήσεως παρ᾽
ἡμῖν ἐν τοῖς ἱεροῖς γράμμασιν ὀκτακισχιλίων ἐτῶν ἀριθμὸς γέγραπται. περὶ δὴ τῶν
ἐνακισχίλια γεγονότων ἔτη πολιτῶν σοι δηλώσω διὰ βραχέων νόμους, καὶ τῶν ἔργων
αὐτοῖς ὃ κάλλιστον ἐπράχθη·
| [23] la race humaine subsiste toujours plus ou moins nombreuse. Aussi tout
ce qui s’est fait de beau, de grand ou de remarquable sous tout autre rapport,
soit chez vous, soit ici, soit dans tout autre pays dont nous ayons entendu
parler, tout cela se trouve ici consigné par écrit dans nos temples
depuis un temps immémorial et s’est ainsi conservé. Chez vous, au
contraire, et chez les autres peuples, à peine êtes-vous pourvus de
l’écriture et de tout ce qui est nécessaire aux cités que de nouveau,
après l’intervalle de temps ordinaire, des torrents d’eau du ciel
fondent sur vous comme une maladie et ne laissent survivre de vous
que les illettrés et les ignorants, en sorte que vous vous retrouvez au
point de départ comme des jeunes, ne sachant rien de ce qui s’est
passé dans les temps anciens, soit ici, soit chez vous. Car ces
généalogies de tes compatriotes que tu récitais tout à l’heure, Solon,
ne diffèrent pas beaucoup de contes de nourrices. Tout d’abord vous
ne vous souvenez que d’un seul déluge terrestre, alors qu’il y en a eu
beaucoup auparavant ; ensuite vous ignorez que la plus belle et la
meilleure race qu’on ait vue parmi les hommes a pris naissance dans
votre pays, et que vous en descendez, toi et toute votre cité actuelle,
grâce à un petit germe échappé au désastre. Vous l’ignorez, parce que
les survivants, pendant beaucoup de générations, sont morts sans
rien laisser par écrit. Oui, Solon, il fut un temps où, avant la plus
grande des destructions opérées par les eaux, la cité qui est
aujourd’hui Athènes fut la plus vaillante à la guerre et sans
comparaison la mieux policée à tous égards c’est elle qui, dit-on,
accomplit les plus belles choses et inventa les plus belles institutions
politiques dont nous ayons entendu parler sous le ciel. »
Solon m’a rapporté qu’en entendant cela, il fut saisi d’étonnement et
pria instamment les prêtres de lui raconter exactement et de suite
tout ce qui concernait ses concitoyens d’autrefois. Alors le vieux
prêtre lui répondit : « Je n’ai aucune raison de te refuser, Solon, et je
vais t’en faire un récit par égard pour toi et pour ta patrie, et surtout
pour honorer la déesse qui protège votre cité et la nôtre et qui les a
élevées et instruites, la vôtre, qu’elle a formée la première, mille ans
avant la nôtre, d’un germe pris à la terre et à Héphaïstos, et la nôtre
par la suite. Depuis l’établissement de la nôtre, il s’est écoulé huit
mille années : c’est le chiffre que portent nos livres sacrés. C’est donc
de tes concitoyens d’il y a neuf mille ans que je vais t’exposer brièvement les
institutions et le plus glorieux de leurs exploits.
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