[53] καὶ (53a) ἀνικμώμενα τὰ μὲν πυκνὰ καὶ βαρέα ἄλλῃ,
τὰ δὲ μανὰ καὶ κοῦφα εἰς ἑτέραν ἵζει φερόμενα ἕδραν· τότε οὕτω τὰ τέτταρα γένη
σειόμενα ὑπὸ τῆς δεξαμενῆς, κινουμένης αὐτῆς οἷον ὀργάνου σεισμὸν παρέχοντος, τὰ
μὲν ἀνομοιότατα πλεῖστον αὐτὰ ἀφ᾽ αὑτῶν ὁρίζειν, τὰ δὲ ὁμοιότατα μάλιστα εἰς
ταὐτὸν συνωθεῖν, διὸ δὴ καὶ χώραν ταῦτα ἄλλα ἄλλην ἴσχειν, πρὶν καὶ τὸ πᾶν ἐξ
αὐτῶν διακοσμηθὲν γενέσθαι. καὶ τὸ μὲν δὴ πρὸ τούτου πάντα ταῦτ᾽ εἶχεν ἀλόγως
καὶ ἀμέτρως· (53b) ὅτε δ᾽ ἐπεχειρεῖτο κοσμεῖσθαι τὸ πᾶν, πῦρ πρῶτον καὶ ὕδωρ καὶ
γῆν καὶ ἀέρα, ἴχνη μὲν ἔχοντα αὑτῶν ἄττα, παντάπασί γε μὴν διακείμενα ὥσπερ
εἰκὸς ἔχειν ἅπαν ὅταν ἀπῇ τινος θεός, οὕτω δὴ τότε πεφυκότα ταῦτα πρῶτον
διεσχηματίσατο εἴδεσί τε καὶ ἀριθμοῖς. τὸ δὲ ᾗ δυνατὸν ὡς κάλλιστα ἄριστά τε ἐξ οὐχ
οὕτως ἐχόντων τὸν θεὸν αὐτὰ συνιστάναι, παρὰ πάντα ἡμῖν ὡς ἀεὶ τοῦτο λεγόμενον
ὑπαρχέτω· νῦν δ᾽ οὖν τὴν διάταξιν αὐτῶν ἐπιχειρητέον ἑκάστων καὶ γένεσιν (53c)
ἀήθει λόγῳ πρὸς ὑμᾶς δηλοῦν, ἀλλὰ γὰρ ἐπεὶ μετέχετε τῶν κατὰ παίδευσιν ὁδῶν δι᾽
ὧν ἐνδείκνυσθαι τὰ λεγόμενα ἀνάγκη, συνέψεσθε.
Πρῶτον μὲν δὴ πῦρ καὶ γῆ καὶ ὕδωρ καὶ ἀὴρ ὅτι σώματά ἐστι, δῆλόν που καὶ παντί· τὸ
δὲ τοῦ σώματος εἶδος πᾶν καὶ βάθος ἔχει. τὸ δὲ βάθος αὖ πᾶσα ἀνάγκη τὴν ἐπίπεδον
περιειληφέναι φύσιν· ἡ δὲ ὀρθὴ τῆς ἐπιπέδου βάσεως ἐκ τριγώνων συνέστηκεν. τὰ δὲ
τρίγωνα πάντα ἐκ δυοῖν ἄρχεται (53d) τριγώνοιν, μίαν μὲν ὀρθὴν ἔχοντος ἑκατέρου
γωνίαν, τὰς δὲ ὀξείας· ὧν τὸ μὲν ἕτερον ἑκατέρωθεν ἔχει μέρος γωνίας ὀρθῆς
πλευραῖς ἴσαις διῃρημένης, τὸ δ᾽ ἕτερον ἀνίσοις ἄνισα μέρη νενεμημένης. ταύτην δὴ
πυρὸς ἀρχὴν καὶ τῶν ἄλλων σωμάτων ὑποτιθέμεθα κατὰ τὸν μετ᾽ ἀνάγκης εἰκότα
λόγον πορευόμενοι· τὰς δ᾽ ἔτι τούτων ἀρχὰς ἄνωθεν θεὸς οἶδεν καὶ ἀνδρῶν ὃς ἂν
ἐκείνῳ φίλος ᾖ. δεῖ δὴ λέγειν ποῖα (53e) κάλλιστα σώματα γένοιτ᾽ ἂν τέτταρα,
ἀνόμοια μὲν ἑαυτοῖς, δυνατὰ δὲ ἐξ ἀλλήλων αὐτῶν ἄττα διαλυόμενα γίγνεσθαι·
τούτου γὰρ τυχόντες ἔχομεν τὴν ἀλήθειαν γενέσεως πέρι γῆς τε καὶ πυρὸς τῶν τε ἀνὰ
λόγον ἐν μέσῳ. τόδε γὰρ οὐδενὶ συγχωρησόμεθα, καλλίω τούτων ὁρώμενα σώματα
εἶναί που καθ᾽ ἓν γένος ἕκαστον ὄν. τοῦτ᾽ οὖν προθυμητέον, τὰ διαφέροντα κάλλει
σωμάτων τέτταρα γένη συναρμόσασθαι καὶ φάναι τὴν τούτων ἡμᾶς φύσιν ἱκανῶς εἰληφέναι.
| [53] ce qui est épais et pesant va d’un côté, ce qui est mince et léger est
emporté d’un autre, où il se tasse. Il en était alors de même des
quatre genres secoués par leur réceptacle ; remué lui-même comme
un crible, il séparait très loin les uns des autres les plus
dissemblables, et réunissait autant que possible sur le même point les
plus semblables ; aussi occupaient-ils déjà des places différentes
avant que le tout formé d’eux eût été ordonné. Jusqu’à ce moment,
tous ces éléments ne connaissaient ni raison ni mesure. Lorsque Dieu
entreprit d’ordonner le tout, au début, le feu, l’eau, la terre et l’air
portaient des traces de leur propre nature, mais ils étaient tout à fait
dans l’état où tout se trouve naturellement en l’absence de Dieu. C’est
dans cet état qu’il les prit, et il commença par leur donner une
configuration distincte au moyen des idées et des nombres. Qu’il les
ait tirés de leur désordre pour les assembler de la manière la plus
belle et la meilleure possible, c’est là le principe qui doit nous guider
constamment dans toute notre exposition. Ce qu’il me faut essayer
maintenant, c’est de vous faire voir la structure et l’origine de chacun
de ces éléments par une explication nouvelle ; mais, comme vous êtes
familiers avec les méthodes scientifiques que mon exposition
requiert, vous me suivrez.
D’abord il est évident pour tout le monde que le feu, la terre, l’eau et
l’air sont des corps. Or, le genre corporel a toujours de la profondeur,
et la profondeur est, de toute nécessité, enclose par la nature de la surface,
et toute surface de formation rectiligne est composée de triangles. Or, tous
les triangles dérivent de deux triangles, dont chacun a un angle droit et les
deux autres aigus. L’un de ces triangles a de chaque côté une partie de
l’angle droit divisée par des côtés égaux ; l’autre, des parties inégales
d’un angle droit divisées par des côtés inégaux. Telle est l’origine que
nous assignons au feu et aux autres corps, suivant la méthode qui
combine la vraisemblance avec la nécessité. Quant aux origines plus
lointaines encore, elles ne sont connues que de Dieu et des hommes
qu’il favorise.
Maintenant, il faut expliquer comment peuvent se former les plus
beaux corps, qui sont au nombre de quatre, et dissemblables entre
eux, mais tels que certains d’entre eux peuvent être engendrés les uns
des autres en se dissolvant. Si nous y réussissons, nous tiendrons la
vérité sur l’origine de la terre et du feu et des corps qui leur servent
de termes moyens. Car nous n’accorderons à personne qu’on puisse
voir des corps plus beaux que ceux-là, chacun d’eux formant un genre
unique. Appliquons-nous donc à constituer harmoniquement ces
quatre espèces de corps supérieurs en beauté, afin de pouvoir dire
que nous en avons bien compris la nature.
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