[49] μίμημα δὲ (49a) παραδείγματος δεύτερον, γένεσιν ἔχον καὶ ὁρατόν.
τρίτον δὲ τότε μὲν οὐ διειλόμεθα, νομίσαντες τὰ δύο ἕξειν ἱκανῶς· νῦν δὲ ὁ
λόγος ἔοικεν εἰσαναγκάζειν χαλεπὸν καὶ ἀμυδρὸν εἶδος ἐπιχειρεῖν λόγοις ἐμφανίσαι.
τίν᾽ οὖν ἔχον δύναμιν καὶ φύσιν αὐτὸ ὑποληπτέον; τοιάνδε μάλιστα· πάσης εἶναι
γενέσεως ὑποδοχὴν αὐτὴν οἷον τιθήνην. εἴρηται μὲν οὖν τἀληθές, δεῖ δὲ
ἐναργέστερον εἰπεῖν περὶ αὐτοῦ, χαλεπὸν (49b) δὲ ἄλλως τε καὶ διότι προαπορηθῆναι
περὶ πυρὸς καὶ τῶν μετὰ πυρὸς ἀναγκαῖον τούτου χάριν· τούτων γὰρ εἰπεῖν ἕκαστον
ὁποῖον ὄντως ὕδωρ χρὴ λέγειν μᾶλλον ἢ πῦρ, καὶ ὁποῖον ὁτιοῦν μᾶλλον ἢ καὶ ἅπαντα
καθ᾽ ἕκαστόν τε, οὕτως ὥστε τινὶ πιστῷ καὶ βεβαίῳ χρήσασθαι λόγῳ, χαλεπόν. πῶς
οὖν δὴ τοῦτ᾽ αὐτὸ καὶ πῇ καὶ τί περὶ αὐτῶν εἰκότως διαπορηθέντες ἂν λέγοιμεν;
πρῶτον μέν, ὃ δὴ νῦν ὕδωρ ὠνομάκαμεν, πηγνύμενον ὡς δοκοῦμεν λίθους καὶ γῆν
γιγνόμενον (49c) ὁρῶμεν, τηκόμενον δὲ καὶ διακρινόμενον αὖ ταὐτὸν τοῦτο πνεῦμα
καὶ ἀέρα, συγκαυθέντα δὲ ἀέρα πῦρ, ἀνάπαλιν δὲ συγκριθὲν καὶ κατασβεσθὲν εἰς
ἰδέαν τε ἀπιὸν αὖθις ἀέρος πῦρ, καὶ πάλιν ἀέρα συνιόντα καὶ πυκνούμενον νέφος καὶ
ὁμίχλην, ἐκ δὲ τούτων ἔτι μᾶλλον συμπιλουμένων ῥέον ὕδωρ, ἐξ ὕδατος δὲ γῆν καὶ
λίθους αὖθις, κύκλον τε οὕτω διαδιδόντα εἰς ἄλληλα, ὡς φαίνεται, τὴν γένεσιν. οὕτω
δὴ τούτων οὐδέποτε (49d) τῶν αὐτῶν ἑκάστων φανταζομένων, ποῖον αὐτῶν ὡς ὂν
ὁτιοῦν τοῦτο καὶ οὐκ ἄλλο παγίως διισχυριζόμενος οὐκ αἰσχυνεῖταί τις ἑαυτόν; οὐκ
ἔστιν, ἀλλ᾽ ἀσφαλέστατα μακρῷ περὶ τούτων τιθεμένους ὧδε λέγειν· ἀεὶ ὃ καθορῶμεν
ἄλλοτε ἄλλῃ γιγνόμενον, ὡς πῦρ, μὴ τοῦτο ἀλλὰ τὸ τοιοῦτον ἑκάστοτε
προσαγορεύειν πῦρ, μηδὲ ὕδωρ τοῦτο ἀλλὰ τὸ τοιοῦτον ἀεί, μηδὲ ἄλλο ποτὲ μηδὲν ὥς
τινα ἔχον βεβαιότητα, ὅσα (49e) δεικνύντες τῷ ῥήματι τῷ τόδε καὶ τοῦτο
προσχρώμενοι δηλοῦν ἡγούμεθά τι· φεύγει γὰρ οὐχ ὑπομένον τὴν τοῦ τόδε καὶ τοῦτο
καὶ τὴν τῷδε καὶ πᾶσαν ὅση μόνιμα ὡς ὄντα αὐτὰ ἐνδείκνυται φάσις. ἀλλὰ ταῦτα μὲν
ἕκαστα μὴ λέγειν, τὸ δὲ τοιοῦτον ἀεὶ περιφερόμενον ὅμοιον ἑκάστου πέρι καὶ
συμπάντων οὕτω καλεῖν, καὶ δὴ καὶ πῦρ τὸ διὰ παντὸς τοιοῦτον, καὶ ἅπαν ὅσονπερ ἂν
ἔχῃ γένεσιν· ἐν ᾧ δὲ ἐγγιγνόμενα ἀεὶ ἕκαστα αὐτῶν φαντάζεται καὶ πάλιν ἐκεῖθεν ἀπόλλυται,
| [49] la deuxième, soumise au devenir et visible,
était la copie de ce modèle. Nous n’avons pas alors distingué de
troisième espèce, ces deux-là semblant nous suffire. Mais, à présent,
la suite du discours semble nous contraindre à tenter de mettre en
lumière par des paroles une espèce difficile et obscure. Quelle
propriété naturelle faut-il lui attribuer ? Celle-ci avant tout : elle est le
réceptacle et pour ainsi dire la nourrice de tout ce qui naît. Voilà la
vérité ; mais elle demande à être expliquée plus clairement, et c’est
une tâche difficile, spécialement parce qu’il faut pour cela résoudre
d’abord une question embarrassante sur le feu et les autres corps qui
vont avec lui ; car il est malaisé de dire de chacun de ces corps lequel
il faut réellement appeler eau plutôt que feu, et lequel il faut appeler
de tel nom plutôt que de tous à la fois ou de chacun en particulier,
pour user d’un terme fidèle et sûr. Comment donc y parviendrons-
nous, par quel moyen, et, dans ces difficultés, que pouvons-nous dire
de vraisemblable sur ces corps ? D’abord nous voyons que ce que
nous appelons eau à présent, devient, croyons-nous, en se
condensant, des pierres et de la terre, et qu’en fondant et se
dissolvant, ce même élément devient souffle et air ; que l’air
enflammé devient feu, et qu’au rebours, le feu contracté et éteint
revient à la forme d’air, que l’air condensé et épaissi se transforme
en nuage et en brouillard, et que ceux-ci,
comprimés encore davantage, donnent de l’eau courante, que l’eau
devient de nouveau de la terre et des pierres, de sorte que les
éléments, à ce qu’il semble, se transmettent en cercle la naissance les
uns aux autres. Ainsi, puisque nul d’entre eux ne se montre jamais
sous la même figure, duquel d’entre eux pouvons-nous affirmer
positivement qu’il est telle ou telle chose et non une autre, sans rougir
de nous-mêmes ? Personne ne le peut. Il est beaucoup plus sûr de
s’exprimer à leur sujet de la façon suivante. Voyons-nous un objet
passer sans cesse d’un état à un autre, le feu, par exemple, ce n’est
point cet objet, mais ce qui a toujours cette qualité qu’il faut appeler
feu ; ne disons pas non plus que ceci est de l’eau, mais ce qui a
toujours cette qualité, et ne parlons jamais d’aucun de ces éléments
comme ayant de la stabilité, ce que nous faisons, quand nous les
désignons par les termes ceci et cela, nous imaginant indiquer
quelque chose de déterminé. Car ces éléments sont fuyants et
n’attendent pas qu’on puisse les désigner par ceci et cela et cet être ou
par toute autre expression qui les représente comme permanents. Il
ne faut appliquer ces termes à aucun d’eux, mais les réserver à ce qui
est toujours tel et circule toujours pareil, quand on parle, soit de l’un
d’eux, soit de tous ensemble. Ainsi, par exemple, nous appellerons
feu ce qui a partout cette qualité, et de même pour tout ce qui est
soumis à la génération. Mais ce en quoi chacun des éléments naît et
apparaît successivement pour s’évanouir ensuite,
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