[208] (208a) καὶ αὖ "Θεόδωρον" ἐπιχειρῶν γράφειν ταῦ καὶ εἶ οἴηταί
τε δεῖν γράφειν καὶ γράψῃ, ἆρ´ ἐπίστασθαι φήσομεν αὐτὸν
τὴν πρώτην τῶν ὑμετέρων ὀνομάτων συλλαβήν;
(ΘΕΑΙ.) Ἀλλ´ ἄρτι ὡμολογήσαμεν τὸν οὕτως ἔχοντα
μήπω εἰδέναι.
(ΣΩ.) Κωλύει οὖν τι καὶ περὶ τὴν δευτέραν συλλαβὴν καὶ
τρίτην καὶ τετάρτην οὕτως ἔχειν τὸν αὐτόν;
(ΘΕΑΙ.) Οὐδέν γε.
(ΣΩ.) Ἆρ´ οὖν τότε τὴν διὰ στοιχείου διέξοδον ἔχων
γράψει "Θεαίτητον" μετὰ ὀρθῆς δόξης, ὅταν ἑξῆς γράφῃ;
(ΘΕΑΙ.) Δῆλον δή.
(208b) (ΣΩ.) Οὐκοῦν ἔτι ἀνεπιστήμων ὤν, ὀρθὰ δὲ δοξάζων, ὥς φαμεν;
(ΘΕΑΙ.) Ναί.
(ΣΩ.) Λόγον γε ἔχων μετὰ ὀρθῆς δόξης. τὴν γὰρ διὰ
τοῦ στοιχείου ὁδὸν ἔχων ἔγραφεν, ἣν δὴ λόγον ὡμολογήσαμεν.
(ΘΕΑΙ.) Ἀληθῆ.
(ΣΩ.) Ἔστιν ἄρα, ὦ ἑταῖρε, μετὰ λόγου ὀρθὴ δόξα, ἣν
οὔπω δεῖ ἐπιστήμην καλεῖν.
(ΘΕΑΙ.) Κινδυνεύει.
(ΣΩ.) Ὄναρ δή, ὡς ἔοικεν, ἐπλουτήσαμεν οἰηθέντες ἔχειν
τὸν ἀληθέστατον ἐπιστήμης λόγον. ἢ μήπω κατηγορῶμεν;
(208c) ἴσως γὰρ οὐ τοῦτό τις αὐτὸν ὁριεῖται, ἀλλὰ τὸ λοιπὸν
εἶδος τῶν τριῶν, ὧν ἕν γέ τι ἔφαμεν λόγον θήσεσθαι τὸν
ἐπιστήμην ὁριζόμενον δόξαν εἶναι ὀρθὴν μετὰ λόγου.
(ΘΕΑΙ.) Ὀρθῶς ὑπέμνησας· ἔτι γὰρ ἓν λοιπόν. τὸ μὲν
γὰρ ἦν διανοίας ἐν φωνῇ ὥσπερ εἴδωλον, τὸ δ´ ἄρτι λεχθὲν
διὰ στοιχείου ὁδὸς ἐπὶ τὸ ὅλον· τὸ δὲ δὴ τρίτον τί λέγεις;
(ΣΩ.) Ὅπερ ἂν οἱ πολλοὶ εἴποιεν, τὸ ἔχειν τι σημεῖον
εἰπεῖν ᾧ τῶν ἁπάντων διαφέρει τὸ ἐρωτηθέν.
(ΘΕΑΙ.) Οἷον τίνα τίνος ἔχεις μοι λόγον εἰπεῖν;
(208d) (ΣΩ.) Οἷον, εἰ βούλει, ἡλίου πέρι ἱκανὸν οἶμαί σοι εἶναι
ἀποδέξασθαι, ὅτι τὸ λαμπρότατόν ἐστι τῶν κατὰ τὸν οὐρανὸν
ἰόντων περὶ γῆν.
(ΘΕΑΙ.) Πάνυ μὲν οὖν.
(ΣΩ.) Λαβὲ δὴ οὗ χάριν εἴρηται. ἔστι δὲ ὅπερ ἄρτι
ἐλέγομεν, ὡς ἄρα τὴν διαφορὰν ἑκάστου ἂν λαμβάνῃς ᾗ τῶν
ἄλλων διαφέρει, λόγον, ὥς φασί τινες, λήψῃ· ἕως δ´ ἂν
κοινοῦ τινος ἐφάπτῃ, ἐκείνων πέρι σοι ἔσται ὁ λόγος ὧν ἂν
ἡ κοινότης ᾖ.
(208e) (ΘΕΑΙ.) Μανθάνω· καί μοι δοκεῖ καλῶς ἔχειν λόγον τὸ
τοιοῦτον καλεῖν.
(ΣΩ.) Ὃς δ´ ἂν μετ´ ὀρθῆς δόξης περὶ ὁτουοῦν τῶν ὄντων
τὴν διαφορὰν τῶν ἄλλων προσλάβῃ, αὐτοῦ ἐπιστήμων γεγονὼς
ἔσται οὗ πρότερον ἦν δοξαστής.
(ΘΕΑΙ.) Φαμέν γε μὴν οὕτω.
(ΣΩ.) Νῦν δῆτα, ὦ Θεαίτητε, παντάπασιν ἔγωγε, ἐπειδὴ
ἐγγὺς ὥσπερ σκιαγραφήματος γέγονα τοῦ λεγομένου, συνίημι
οὐδὲ σμικρόν· ἕως δὲ ἀφειστήκη πόρρωθεν, ἐφαίνετό τί μοι λέγεσθαι.
(ΘΕΑΙ.) Πῶς τί τοῦτο;
| [208] voulant ensuite écrire Théodore, il pense qu’il doit écrire et qu’il écrit Thet é,
dirons-nous qu’il sait la première syllabe de vos noms ?
(THÉÉTÈTE)
Nous venons au contraire de convenir que celui qui est dans ce cas ne sait pas
encore.
(SOCRATE)
Alors rien empêche-t-il le même homme de faire de même quant à la deuxième, la
troisième et la quatrième syllabe ?
(THÉÉTÈTE)
Non, rien.
(SOCRATE)
Est-ce qu’alors, connaissant le mot entier par ses éléments, il écrira Théétète
avec opinion droite quand il écrira le nom dans l’ordre voulu ?
(THÉÉTÈTE)
Evidemment, oui.
(SOCRATE)
N’est-il pas encore, selon nous, dépourvu de science, bien qu’il ait l’opinion
droite ?
(THÉÉTÈTE)
Si.
(SOCRATE)
Il a pourtant l’explication rationnelle de ton nom avec l’opinion juste ; car,
en l’écrivant, il savait l’ordre des éléments, qui en est, nous l’avons reconnu,
l’explication.
(THÉÉTÈTE)
C’est vrai.
(SOCRATE)
Il y a donc, camarade, une opinion droite avec explication rationnelle qu’on ne
doit pas encore appeler science.
(THÉÉTÈTE)
Cela se pourrait bien.
(SOCRATE)
XLIII. — Nous ne sommes donc devenus riches qu’en songe, à ce qu’il paraît, en
croyant tenir la plus exacte explication de la science. Ou bien faut-il attendre
encore avant de la condamner ? Peut-être, en effet, n’est-ce pas la définition
qui doit être adoptée, mais bien la dernière de ces trois formules dont l’une,
disions-nous, devait être
donnée comme définition de la raison par celui qui définit la science une
opinion juste accompagnée de raison.
(THÉÉTÈTE)
Tu m’en fais souvenir à point : il en reste une en effet. La première était pour
ainsi dire l’image de la pensée dans la parole ; la seconde, qui vient d’être
discutée, la marche vers le tout par la voie des éléments ; mais la troisième,
quelle est-elle, selon toi ?
(SOCRATE)
C’est juste la définition que la plupart des gens donneraient : c’est de pouvoir
fournir une marque qui distingue l’objet en question de tous les autres.
(THÉÉTÈTE)
Pourrais-tu me rendre ainsi raison de quelque objet ?
(SOCRATE)
Oui, du soleil, par exemple. Je pense que tu seras satisfait, si je te dis que
c’est le plus brillant de tous les corps célestes qui tournent autour de la terre.
(THÉÉTÈTE)
Parfaitement.
(SOCRATE)
Ecoute pourquoi j’ai dit ceci. C’est, comme je viens de m’en expliquer, que, si
tu saisis dans chaque objet ce qui le distingue des autres, tu en saisiras,
selon quelques-uns, la raison ; mais tant que tu n’atteins qu’un caractère
commun, tu n’auras la raison que des objets auxquels ce caractère est commun.
THÉÉTÉTE
Je comprends, et il me paraît qu’on fait bien d’appeler cela la raison des choses.
(SOCRATE)
Mais si, avec une opinion droite sur un objet quelconque, on saisit encore ce
qui le distingue des autres, on aura la science de l’objet dont on n’avait
auparavant que l’opinion.
(THÉÉTÈTE)
Nous ne craignons pas de l’affirmer.
(SOCRATE)
Maintenant, Théétète, que j’en suis venu à regarder de près cette affirmation,
comme une peinture en perspective, je n’y comprends plus rien du tout. Tant que
j’en étais loin, je croyais y voir quelque chose.
(THÉÉTÈTE)
Comment et pourquoi ?
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