[207] διὰ τῶν στοιχείων (207a) ἀποδοῦναι τῷ ἐρομένῳ.
(ΘΕΑΙ.) Οἷον τί λέγεις, ὦ Σώκρατες;
(ΣΩ.) Οἷον καὶ Ἡσίοδος περὶ ἁμάξης λέγει τὸ "ἑκατὸν
δέ τε δούραθ´ ἁμάξης." ἃ ἐγὼ μὲν οὐκ ἂν δυναίμην εἰπεῖν,
οἶμαι δὲ οὐδὲ σύ· ἀλλ´ ἀγαπῷμεν ἂν ἐρωτηθέντες ὅτι ἐστὶν
ἅμαξα, εἰ ἔχοιμεν εἰπεῖν τροχοί, ἄξων, ὑπερτερία, ἄντυγες, ζυγόν.
(ΘΕΑΙ.) Πάνυ μὲν οὖν.
(ΣΩ.) Ὁ δέ γε ἴσως οἴοιτ´ ἂν ἡμᾶς, ὥσπερ ἂν τὸ σὸν
ὄνομα ἐρωτηθέντας καὶ ἀποκρινομένους κατὰ συλλαβήν,
(207b) γελοίους εἶναι, ὀρθῶς μὲν δοξάζοντας καὶ λέγοντας ἃ
λέγομεν, οἰομένους δὲ γραμματικοὺς εἶναι καὶ ἔχειν τε καὶ
λέγειν γραμματικῶς τὸν τοῦ Θεαιτήτου ὀνόματος λόγον· τὸ
δ´ οὐκ εἶναι ἐπιστημόνως οὐδὲν λέγειν, πρὶν ἂν διὰ τῶν
στοιχείων μετὰ τῆς ἀληθοῦς δόξης ἕκαστον περαίνῃ τις,
ὅπερ καὶ ἐν τοῖς πρόσθε που ἐρρήθη.
(ΘΕΑΙ.) Ἐρρήθη γάρ.
(ΣΩ.) Οὕτω τοίνυν καὶ περὶ ἁμάξης ἡμᾶς μὲν ὀρθὴν ἔχειν
δόξαν, τὸν δὲ διὰ τῶν ἑκατὸν ἐκείνων δυνάμενον διελθεῖν
(207c) αὐτῆς τὴν οὐσίαν, προσλαβόντα τοῦτο, λόγον τε προσειληφέναι
τῇ ἀληθεῖ δόξῃ καὶ ἀντὶ δοξαστικοῦ τεχνικόν τε καὶ
ἐπιστήμονα περὶ ἁμάξης οὐσίας γεγονέναι, διὰ στοιχείων τὸ
ὅλον περάναντα.
(ΘΕΑΙ.) Οὐκοῦν εὖ δοκεῖ σοι, ὦ Σώκρατες;
(ΣΩ.) Εἰ σοί, ὦ ἑταῖρε, δοκεῖ, καὶ ἀποδέχῃ τὴν διὰ στοιχείου
διέξοδον περὶ ἑκάστου λόγον εἶναι, τὴν δὲ κατὰ
συλλαβὰς ἢ καὶ κατὰ μεῖζον ἔτι ἀλογίαν, τοῦτό μοι λέγε,
(207d) ἵν´ αὐτὸ ἐπισκοπῶμεν.
(ΘΕΑΙ.) Ἀλλὰ πάνυ ἀποδέχομαι.
(ΣΩ.) Πότερον ἡγούμενος ἐπιστήμονα εἶναι ὁντινοῦν
ὁτουοῦν, ὅταν τὸ αὐτὸ τοτὲ μὲν τοῦ αὐτοῦ δοκῇ αὐτῷ εἶναι,
τοτὲ δὲ ἑτέρου, ἢ καὶ ὅταν τοῦ αὐτοῦ τοτὲ μὲν ἕτερον, τοτὲ
δὲ ἕτερον δοξάζῃ;
(ΘΕΑΙ.) Μὰ Δί´ οὐκ ἔγωγε.
(ΣΩ.) Εἶτα ἀμνημονεῖς ἐν τῇ τῶν γραμμάτων μαθήσει
κατ´ ἀρχὰς σαυτόν τε καὶ τοὺς ἄλλους δρῶντας αὐτά;
(ΘΕΑΙ.) Ἆρα λέγεις τῆς αὐτῆς συλλαβῆς τοτὲ μὲν ἕτερον,
(207e) τοτὲ δὲ ἕτερον ἡγουμένους γράμμα, καὶ τὸ αὐτὸ τοτὲ
μὲν εἰς τὴν προσήκουσαν, τοτὲ δὲ εἰς ἄλλην τιθέντας συλλαβήν;
(ΣΩ.) Ταῦτα λέγω.
(ΘΕΑΙ.) Μὰ Δί´ οὐ τοίνυν ἀμνημονῶ, οὐδέ γέ πω
ἡγοῦμαι ἐπίστασθαι τοὺς οὕτως ἔχοντας.
(ΣΩ.) Τί οὖν; ὅταν ἐν τῷ τοιούτῳ καιρῷ "Θεαίτητον"
γράφων τις θῆτα καὶ εἶ οἴηταί τε δεῖν γράφειν καὶ γράψῃ,
| [207] de répondre à la question en énumérant ses éléments.
(THÉÉTÈTE)
Par exemple, Socrate ?
(SOCRATE)
Par exemple, Hésiode parlant du chariot dit qu’il est composé de cent pièces de
bois. Je ne pourrais pas, moi, les énumérer, ni toi non plus, je présume ;
mais si l’on nous demandait ce que c’est qu’un chariot, nous serions contents si
nous pouvions énumérer les roues, l’essieu, le dessus, le rebord, le joug.
(THÉÉTÈTE)
Certainement.
(SOCRATE)
Mais celui qui nous ferait cette question penserait que nous sommes aussi
ridicules que si, interrogés sur ton nom, nous répondions en t'épelant par
syllabes, et nous nous imaginions, parce que nous avons une opinion droite et
que nous donnons l’explication que nous donnons, que nous sommes des
grammairiens, et que nous connaissons et énonçons, comme des grammairiens
pourraient le faire, l’explication du nom de Théétète. Il dirait qu’il n’est pas
possible de donner l’explication scientifique d’une chose, avant d’avoir fait
l’énumération complète de ses éléments en y ajoutant le jugement vrai, comme
nous l’avons déjà dit précédemment.
(THÉÉTÈTE)
Nous l’avons dit, en effet.
(SOCRATE)
Il dirait de même qu’à la vérité nous avons une opinion droite sur le chariot,
mais que celui qui peut en décrire la nature par ces cent pièces et qui joint
cette connaissance au reste a ajouté l’explication rationnelle à l’opinion vraie
et a substitué à la simple opinion la compétence technique et la science en ce
qui concerne le chariot, parce qu’il a décrit le tout par ses éléments.
(THÉÉTÈTE)
Cela ne te paraît-il pas juste, Socrate ?
(SOCRATE)
Te paraît-il juste à toi, camarade, et admets-tu que la description d’une chose
par ses éléments en soit une explication, tandis que la description par syllabes
ou par de plus grandes unités encore n’explique rien ? Dis-moi ton avis
là-dessus, afin que nous l’examinions.
(THÉÉTÈTE)
Oui, je l’admets entièrement.
(SOCRATE)
Est-ce parce que tu penses qu’un homme quelconque est savant sur une chose
quelconque quand il juge qu’une même chose appartient, tantôt au même objet,
tantôt à un objet différent, ou que le même objet a comme parties tantôt une
chose, tantôt une autre ?
(THÉÉTÈTE)
Non, par Zeus.
(SOCRATE)
Alors tu oublies que c’est précisément ce que vous faisiez, toi et les autres,
quand vous commenciez à apprendre vos lettres ?
(THÉÉTÈTE)
Veux-tu dire quand nous pensions que tantôt une lettre, tantôt une autre
appartenait à la même syllabe, et quand nous mettions la même lettre, tantôt
dans la syllabe où elle devait être et tantôt dans une autre ?
(SOCRATE)
C’est cela que je veux dire.
(THÉÉTÈTE)
Alors, par Zeus, je ne l’ai pas oublié, et je ne tiens pas pour savants ceux qui
commettent ces méprises.
(SOCRATE)
Eh bien, quand quelqu’un qui est dans le cas où vous étiez alors, voulant écrire
Théétète, pense qu’il doit écrire et qu’il écrit Th et é, et que,
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