HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, Cratyle (dialogue complet)

Page 440

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[440] (Σωκράτης) Ἀλλὰ μὴν οὐδἂν γνωσθείη γε ὑποὐδενός. Ἅμα (440a) γὰρ ἂν ἐπιόντος τοῦ γνωσομένου ἄλλο καὶ ἀλλοῖον γίγνοιτο, ὥστε οὐκ ἂν γνωσθείη ἔτι ὁποῖόν γέ τί ἐστιν πῶς ἔχον· γνῶσις δὲ δήπου οὐδεμία γιγνώσκει γιγνώσκει μηδαμῶς ἔχον. (Κρατύλος) Ἔστιν ὡς λέγεις. (Σωκράτης) Ἀλλοὐδὲ γνῶσιν εἶναι φάναι εἰκός, Κρατύλε, εἰ μεταπίπτει πάντα χρήματα καὶ μηδὲν μένει. Εἰ μὲν γὰρ αὐτὸ τοῦτο, γνῶσις, τοῦ γνῶσις εἶναι μὴ μεταπίπτει, μένοι τε ἂν ἀεὶ γνῶσις καὶ εἴη γνῶσις. Εἰ δὲ καὶ αὐτὸ τὸ εἶδος (440b) μεταπίπτει τῆς γνώσεως, ἅμα τἂν μεταπίπτοι εἰς ἄλλο εἶδος γνώσεως καὶ οὐκ ἂν εἴη γνῶσις· εἰ δὲ ἀεὶ μεταπίπτει, ἀεὶ οὐκ ἂν εἴη γνῶσις, καὶ ἐκ τούτου τοῦ λόγου οὔτε τὸ γνωσόμενον οὔτε τὸ γνωσθησόμενον ἂν εἴη. Εἰ δὲ ἔστι μὲν ἀεὶ τὸ γιγνῶσκον, ἔστι δὲ τὸ γιγνωσκόμενον, ἔστι δὲ τὸ καλόν, ἔστι δὲ τὸ ἀγαθόν, ἔστι δὲ ἓν ἕκαστον τῶν ὄντων, οὔ μοι φαίνεται ταῦτα ὅμοια ὄντα, νῦν ἡμεῖς λέγομεν, ῥοῇ (440c) οὐδὲν οὐδὲ φορᾷ. Ταῦτοὖν πότερόν ποτε οὕτως ἔχει ἐκείνως ὡς οἱ περὶ Ἡράκλειτόν τε λέγουσιν καὶ ἄλλοι πολλοί, μὴ οὐ ῥᾴδιον ἐπισκέψασθαι, οὐδὲ πάνυ νοῦν ἔχοντος ἀνθρώπου ἐπιτρέψαντα ὀνόμασιν αὑτὸν καὶ τὴν αὑτοῦ ψυχὴν θεραπεύειν, πεπιστευκότα ἐκείνοις καὶ τοῖς θεμένοις αὐτά, διισχυρίζεσθαι ὥς τι εἰδότα, καὶ αὑτοῦ τε καὶ τῶν ὄντων καταγιγνώσκειν ὡς οὐδὲν ὑγιὲς οὐδενός, ἀλλὰ πάντα ὥσπερ κεράμια ῥεῖ, καὶ ἀτεχνῶς ὥσπερ οἱ κατάρρῳ νοσοῦντες (440d) ἄνθρωποι οὕτως οἴεσθαι καὶ τὰ πράγματα διακεῖσθαι, ὑπὸ ῥεύματός τε καὶ κατάρρου πάντα (τὰ) χρήματα ἔχεσθαι. Ἴσως μὲν οὖν δή, Κρατύλε, οὕτως ἔχει, ἴσως δὲ καὶ οὔ. Σκοπεῖσθαι οὖν χρὴ ἀνδρείως τε καὶ εὖ, καὶ μὴ ῥᾳδίως ἀποδέχεσθαιἔτι γὰρ νέος εἶ καὶ ἡλικίαν ἔχειςσκεψάμενον δέ, ἐὰν εὕρῃς, μεταδιδόναι καὶ ἐμοί. (Κρατύλος) Ἀλλὰ ποιήσω ταῦτα. εὖ μέντοι ἴσθι, Σώκρατες, ὅτι οὐδὲ νυνὶ ἀσκέπτως ἔχω, ἀλλά μοι σκοπουμένῳ καὶ (440e) πράγματα ἔχοντι πολὺ μᾶλλον ἐκείνως φαίνεται ἔχειν ὡς Ἡράκλειτος λέγει. (Σωκράτης) Εἰς αὖθις τοίνυν με, ἑταῖρε, διδάξεις, ἐπειδὰν ἥκῃς· νῦν δέ, ὥσπερ παρεσκεύασαι, πορεύου εἰς ἀγρόν· προπέμψει δέ σε καὶ (Ἑρμογένης) ὅδε. (Κρατύλος) Ταῦτἔσται, Σώκρατες, ἀλλὰ καὶ σὺ πειρῶ ἔτι ἐννοεῖν ταῦτα ἤδη. [440] SOCRATE. En outre, une pareille chose ne pourrait être connue par personne. (440a) Car, tandis qu'on approcherait pour la connaître, elle deviendrait autre; de sorte qu'il serait impossible de savoir ce qu'elle est et comment elle est. Il ne saurait y avoir de connaissance d'un objet qui n'a pas de manière d'être déterminée. CRATYLE. Cela est vrai. SOCRATE, Ou ne peut pas même dire qu'il puisse y avoir une connaissance quelconque, si tout change sans cesse et que rien ne subsiste. Car si cette chose même que nous nommons la connaissance ne cesse pas d'être la connaissance, la connaissance subsiste, et il y a connaissance. Mais si la forme même (440b) de la connaissance vient à changer, elle se change en une autre forme qui n'est pas celle de la connaissance, et il n'y a plus connaissance; et, si elle change toujours, il n'y aura jamais de connaissance. Dès lors plus rien qui connaisse, ni rien qui soit connu. Mais si ce qui connaît subsiste, si ce qui est connu subsiste aussi, si le beau, si le bon subsistent, et ainsi des autres êtres de. cette nature, tout cela ne ressemble guère à cette mobilité et à ce flux (440c) universel dont nous parlions tout à l'heure. Est-ce dans cette dernière opinion qu'est la vérité, ou dans celle d'Héraclite et de beaucoup d'autres avec lui (87), c'est ce qu'il n'est point facile de décider. Il n'est pas d'un homme sage de se soumettre aveuglément, soi et son âme à l'empire des mots, de leur accorder une foi entière, ainsi qu'à leurs auteurs, d'affirmer que ceux-ci possèdent seuls la science parfaite, et de porter sur soi-même et sur les choses ce merveilleux jugement qu'il n'y a rien là de stable, mais que tout change comme l'argile, que les choses sont comme (440d) des malades affligés de fluxions ; et que tout est dans un écoulement perpétuel. Peut-être, cher Cratyle, en est-il ainsi; peut-être n'en est-il rien. Il faut donc regarder la chose en face et d'un œil ferme, et ne rien admettre, trop facilement. N'es-tu pas jeune encore, et dans l'âge de la force? Puis quand tu auras bien étudié la question, si tu en trouves une bonne solution, il faut venir m'en faire part. CRATYLE. Je le veux bien. En attendant tu sauras, Socrate, que j'y ai déjà réfléchi, et (440e) que tout bien pesé et considéré je préféré de beaucoup l'opinion d'Héraclite. SOCRATE. En ce cas, mon ami, tu voudras bien m'instruire à ton retour. Quant à présent, va à la campagne, puisque tu as fait tes préparatifs pour cela. Voilà Hermogène qui t'accompagnera. CRATYLE. Fort bien, Socrate; mais de ton côté pense encore au sujet qui vient de nous occuper.


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Dernière mise à jour : 18/02/2010