| [401] ὡς ἄλλο μηδὲν (401a) εἰδότας· 
καλῶς γὰρ δὴ ἔμοιγε δοκεῖ νενομίσθαι. Εἰ οὖν βούλει, σκοπῶμεν ὥσπερ προειπόντες τοῖς θεοῖς ὅτι περὶ αὐτῶν οὐδὲν ἡμεῖς σκεψόμεθα — οὐ γὰρ ἀξιοῦμεν οἷοί τ᾽ ἂν εἶναι σκοπεῖν — ἀλλὰ περὶ τῶν ἀνθρώπων, ἥν ποτέ τινα δόξαν ἔχοντες ἐτίθεντο αὐτοῖς τὰ ὀνόματα· τοῦτο γὰρ ἀνεμέσητον.
(Ἑρμογένης)
Ἀλλά μοι δοκεῖς, ὦ Σώκρατες, μετρίως λέγειν, καὶ οὕτω ποιῶμεν. 
(401b) (Σωκράτης)
Ἄλλο τι οὖν ἀφ᾽ Ἑστίας ἀρχώμεθα κατὰ τὸν νόμον;
(Ἑρμογένης)
Δίκαιον γοῦν.
(Σωκράτης)
Τί οὖν ἄν τις φαίη διανοούμενον τὸν ὀνομάσαντα Ἑστίαν ὀνομάσαι;
(Ἑρμογένης)
Οὐ μὰ τὸν Δία οὐδὲ τοῦτο οἶμαι ῥᾴδιον εἶναι.
(Σωκράτης)
Κινδυνεύουσι γοῦν, ὠγαθὲ Ἑρμόγενες, οἱ πρῶτοι τὰ ὀνόματα τιθέμενοι οὐ φαῦλοι εἶναι ἀλλὰ μετεωρολόγοι καὶ ἀδολέσχαι τινές.
(Ἑρμογένης)
Τί δή;
(Σωκράτης)
Καταφαίνεταί μοι ἡ θέσις τῶν ὀνομάτων τοιούτων (401c) τινῶν ἀνθρώπων, καὶ ἐάν τις τὰ ξενικὰ ὀνόματα ἀνασκοπῇ, οὐχ ἧττον ἀνευρίσκεται ὃ ἕκαστον βούλεται. Οἷον καὶ ἐν τούτῳ ὃ ἡμεῖς  «οὐσίαν»  καλοῦμεν, εἰσὶν οἳ  «ἐσσίαν»  καλοῦσιν, οἳ δ᾽ αὖ  «ὠσίαν.»  Πρῶτον μὲν οὖν κατὰ τὸ ἕτερον ὄνομα τούτων ἡ τῶν πραγμάτων οὐσία  «Ἑστία»  καλεῖσθαι ἔχει λόγον, καὶ ὅτι γε αὖ ἡμεῖς τὸ τῆς οὐσίας μετέχον  «ἔστιν»  φαμέν, καὶ κατὰ τοῦτο ὀρθῶς ἂν καλοῖτο  «Ἑστία» · ἐοίκαμεν γὰρ καὶ ἡμεῖς τὸ παλαιὸν  «ἐσσίαν»  καλεῖν τὴν οὐσίαν. Ἔτι δὲ καὶ κατὰ τὰς θυσίας ἄν τις (401d) ἐννοήσας ἡγήσαιτο οὕτω νοεῖν ταῦτα τοὺς τιθεμένους· τὸ γὰρ πρὸ πάντων θεῶν τῇ Ἑστίᾳ πρώτῃ προθύειν εἰκὸς ἐκείνους οἵτινες τὴν πάντων οὐσίαν  «ἐσσίαν»  ἐπωνόμασαν. Ὅσοι δ᾽ αὖ  «ὠσίαν,»  σχεδόν τι αὖ οὗτοι καθ᾽ Ἡράκλειτον ἂν ἡγοῖντο τὰ ὄντα ἰέναι τε πάντα καὶ μένειν οὐδέν· τὸ οὖν αἴτιον καὶ τὸ ἀρχηγὸν αὐτῶν εἶναι τὸ ὠθοῦν, ὅθεν δὴ καλῶς ἔχειν αὐτὸ  «ὠσίαν»  ὠνομάσθαι. Καὶ ταῦτα (401e) μὲν δὴ ταύτῃ ὡς παρὰ μηδὲν εἰδότων εἰρήσθω· μετὰ δ᾽ Ἑστίαν δίκαιον Ῥέαν καὶ Κρόνον ἐπισκέψασθαι. Καίτοι τό γε τοῦ Κρόνου ὄνομα ἤδη διήλθομεν. Ἴσως μέντοι οὐδὲν λέγω.
(Ἑρμογένης)
Τί δή, ὦ Σώκρατες;
(Σωκράτης)
Ὠγαθέ, ἐννενόηκά τι σμῆνος σοφίας.
(Ἑρμογένης)
Ποῖον δὴ τοῦτο; 
 | [401] des noms (401a) 
dont ils aiment à être appelés. Cette pratique me paraît très sage. Nous 
pouvons donc nous livrer à la recherche que tu me proposes, après avoir 
protesté d'avance auprès des dieux que ce n'est point sur eux que nous 
portons notre examen, nous nous en reconnaissons incapable, mais
plutôt sur l'opinion que les hommes se sont faite des dieux, et d'après 
laquelle ils leur ont donné des noms. Il n'y aura rien là dont on puisse 
nous reprendre.
HERMOGÈNE.
On ne peut mieux dire, Socrate ; faisons comme tu dis.
(401b) SOCRATE.
Ne commencerons-nous pas par Hestia, suivant le rite consacré ?
HERMOGÈNE.
Rien de plus juste.
SOCRATE.
Quelle pouvait être la pensée de celui qui a donné à cette déesse le 
nom de Hestia ?
HERMOGÈNE.
Par Jupiter, c'est ce qui ne me paraît pas facile à deviner.
SOCRATE.
Il semble, cher Hermogène, que ceux qui les premiers instituèrent les 
noms n'étaient pas de médiocres esprits, mais plutôt de sublimes 
penseurs et des raisonneurs subtils.
HERMOGÈNE.
Pourquoi cela ?
SOCRATE.
C'est que l'établissement des noms ne me semble pouvoir être 
rapporté (401c) qu'à de pareils hommes. Et si l'on étudiait les noms 
étrangers à ce pays-ci, on trouverait également à chacun une 
signification. Par exemple, pour celui dont nous parlons, remarquons que 
ce que nous appelons g-ousia, l'essence, s'appelle en d'autres contrées 
g-esia, et ailleurs encore g-ohsia. D'abord on peut admettre que du second de 
ces trois mots on a tiré le nom de l'essence des choses, g-Estia. Et si nous 
appelons g-Estia ce qui participe de l'être, g-ousia, il s'ensuit encore que 
Hestia a été bien nommée; car nous aussi, à ce qu'il paraît, nous avons 
dit primitivement g-esia pour g-ousia. En outre, si on fait attention aux 
cérémonies des sacrifices, (401d) on pourra se convaincre que telle était 
la pensée de ceux qui ont institué le nom d'Hestia. En effet, il était naturel 
que Hestia fut invoquée avant tous les dieux dans les sacrifices, par ceux 
qui avaient ainsi appelé l'essence de toutes choses. Quant à ceux qui lui 
ont donné le nom d' g-ohsia, ils auront peut-être pensé, avec Heraclite, que 
tout passe et que rien n'est stable; et le principe d'impulsion, g-to g-ohthoun, 
étant la cause de ce flux perpétuel, ils ont dû trouver juste de le nommer 
g-ohsai. Mais en voilà (401e) assez là dessus pour des gens qui ne savent 
rien. Après Hestia, il est juste de passer à Rhéa et à Cronos, quoique 
j'aie déjà parlé de ce dernier. Mais peut-être n'est-ce rien que ce que je 
vais te dire 
HERMOGÈNE.
Quoi donc, Socrate?
SOCRATE.
Mon cher ami, je vois apparaître tout un essaim de savantes 
explications.
HERMOGÈNE.
Voyons cela !
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