[393] (393a) (Σωκράτης)
Ἀλλ᾽ ἆρα, ὠγαθέ, καὶ τῷ Ἕκτορι αὐτὸς ἔθετο τὸ ὄνομα Ὅμηρος;
(Ἑρμογένης)
Τί δή;
(Σωκράτης)
Ὅτι μοι δοκεῖ καὶ τοῦτο παραπλήσιόν τι εἶναι τῷ Ἀστυάνακτι, καὶ ἔοικεν Ἑλληνικοῖς ταῦτα (τὰ ὀνόματα). Ὁ γὰρ «ἄναξ» καὶ ὁ «Ἕκτωρ» σχεδόν τι ταὐτὸν σημαίνει, βασιλικὰ ἀμφότερα εἶναι τὰ ὀνόματα· οὗ γὰρ ἄν τις «ἄναξ » ᾖ, καὶ «Ἕκτωρ» δήπου ἐστὶν τούτου· δῆλον γὰρ ὅτι κρατεῖ (393b) τε αὐτοῦ καὶ κέκτηται καὶ ἔχει αὐτό. Ἢ οὐδέν σοι δοκῶ λέγειν, ἀλλὰ λανθάνω καὶ ἐμαυτὸν οἰόμενός τινος ὥσπερ ἴχνους ἐφάπτεσθαι τῆς Ὁμήρου δόξης περὶ ὀνομάτων ὀρθότητος;
(Ἑρμογένης)
Μὰ Δί᾽ οὐ σύ γε, ὡς ἐμοὶ δοκεῖς, ἀλλὰ ἴσως τοῦ ἐφάπτῃ.
(Σωκράτης)
Δίκαιόν γέ τοί ἐστιν, ὡς ἐμοὶ φαίνεται, τὸν λέοντος ἔκγονον λέοντα καλεῖν καὶ τὸν ἵππου ἔκγονον ἵππον. Οὔ τι λέγω ἐὰν ὥσπερ τέρας γένηται ἐξ ἵππου ἄλλο τι ἢ ἵππος, (393c) ἀλλ᾽ οὗ ἂν ᾖ τοῦ γένους ἔκγονον τὴν φύσιν, τοῦτο λέγω· ἐὰν βοὸς ἔκγονον φύσει ἵππος παρὰ φύσιν τέκῃ μόσχον, οὐ πῶλον κλητέον ἀλλὰ μόσχον· οὐδ᾽ ἂν ἐξ ἀνθρώπου οἶμαι μὴ τὸ ἀνθρώπου ἔκγονον γένηται, (ἀλλ᾽ ὃ ἂν) τὸ ἔκγονον ἄνθρωπος κλητέος· καὶ τὰ δένδρα ὡσαύτως καὶ τἆλλα ἅπαντα· ἢ οὐ συνδοκεῖ;
(Ἑρμογένης)
Συνδοκεῖ.
(Σωκράτης)
Καλῶς λέγεις· φύλαττε γάρ με μή πῃ παρακρούσωμαί σε. Κατὰ γὰρ τὸν αὐτὸν λόγον κἂν ἐκ βασιλέως γίγνηταί τι (393d) ἔκγονον, βασιλεὺς κλητέος· εἰ δὲ ἐν ἑτέραις συλλαβαῖς ἢ ἐν ἑτέραις τὸ αὐτὸ σημαίνει, οὐδὲν πρᾶγμα· οὐδ᾽ εἰ πρόσκειταί τι γράμμα ἢ ἀφῄρηται, οὐδὲν οὐδὲ τοῦτο, ἕως ἂν ἐγκρατὴς ᾖ ἡ οὐσία τοῦ πράγματος δηλουμένη ἐν τῷ ὀνόματι.
(Ἑρμογένης)
Πῶς τοῦτο λέγεις;
(Σωκράτης)
Οὐδὲν ποικίλον, ἀλλ᾽ ὥσπερ τῶν στοιχείων οἶσθα ὅτι ὀνόματα λέγομεν ἀλλ᾽ οὐκ αὐτὰ τὰ στοιχεῖα, πλὴν τεττάρων, τοῦ Ε καὶ τοῦ Υ καὶ τοῦ Ο καὶ τοῦ Ω· τοῖς δ᾽ (393e) ἄλλοις φωνήεσί τε καὶ ἀφώνοις οἶσθα ὅτι περιτιθέντες ἄλλα γράμματα λέγομεν, ὀνόματα ποιοῦντες· ἀλλ᾽ ἕως ἂν αὐτοῦ δηλουμένην τὴν δύναμιν ἐντιθῶμεν, ὀρθῶς ἔχει ἐκεῖνο τὸ ὄνομα καλεῖν ὃ αὐτὸ ἡμῖν δηλώσει. Οἷον τὸ «βῆτα» · ὁρᾷς ὅτι τοῦ ἦτα καὶ τοῦ ταῦ καὶ τοῦ ἄλφα προστεθέντων οὐδὲν ἐλύπησεν, ὥστε μὴ οὐχὶ τὴν ἐκείνου τοῦ στοιχείου φύσιν δηλῶσαι ὅλῳ τῷ ὀνόματι οὗ ἐβούλετο ὁ νομοθέτης· οὕτως ἠπιστήθη καλῶς θέσθαι τοῖς γράμμασι τὰ ὀνόματα.
(Ἑρμογένης)
Ἀληθῆ μοι δοκεῖς λέγειν.
| [393] (393a) SOCRATE.
Et bien, mon cher, ne serait-ce pas Homère lui-même qui aurait
donné ce nom d'Hector au héros troyen ?
HERMOGÈNE.
Pourquoi cela ?
SOCRATE.
Parce que ce nom me paraît avoir beaucoup de rapport avec celui
d'Astyanax, et que l'un et l'autre ont tout l'air de noms grecs. "Anax" et
"Hector" signifient à peu près la même chose, et semblent tous deux des
noms de rois. En effet, ce dont un homme est le chef, g-anax, il en est aussi
le maître, g-hektohr; car il est clair qu'il le gouverne, (393b) qu'il le possède,
qu'il l'a, g-echei. Penses-tu que j'aie tort, et m'abuserais-je en croyant avoir
trouvé quelque trace de la pensée d'Homère sur la propriété des noms ?
HERMOGÈNE.
Par ma foi, il me semble que tu n'en es pas loin.
SOCRATE.
Il est juste en effet, ce me semble, d'appeler lion la progéniture du
lion, et cheval celle du cheval. Bien entendu qu'il ne s'agit point des cas
monstrueux, comme si par exemple il provenait d'un cheval autre chose
qu'un cheval, (393c) mais du cours ordinaire de la reproduction des races.
Qu'un cheval produise contre nature ce qui serait naturellement le produit
d'un taureau, il faudra l'appeler un veau, et non pas un poulain. De même
pour la race humaine, le nom d'homme ne convient à la progéniture d'un
homme qu'autant qu'elle est conforme à son espèce. De même aussi pour
les plantes et pour toutes les autres choses. N'es-tu pas de cet avis ?
HERMOGÈNE.
Tout-à-fait.
SOCRATE.
Fort bien; mais prends garde que je ne te donne le change. Il suivrait
du même principe, que ce qui naît d'un roi (393d) doit être appelé roi. Au
reste, il n'importe pas que la même chose soit exprimée par tel
assemblage de syllabes ou bien par tel autre; qu'il y ait une lettre de plus
ou une de moins, cela n'y fait rien encore, pourvu que dans le nom
domine toujours l'essence de la chose qu'il doit exprimer.
HERMOGÈNE.
Que veux-tu dire par là?
SOCRATE.
Rien que de fort simple. Tu sais que les noms qui nous servent à
désigner les lettres, ne sont pas précisément ces lettres mêmes, excepté
quatre, savoir : l'g-e, l'g-y, l'g-o et l'g-oh. Quant (393e) aux autres lettres, voyelles
et consonnes, tu sais que c'est en leur adjoignant d'autres lettres que
nous leur donnons des noms; mais dès que nous faisons prédominer
dans chacun de ces noms la lettre même qu'il désigne, on peut l'appeler à
juste titre le nom propre de cette lettre. Par exemple, le g-behta : tu vois que
l'adjonction de l'g-eh, du g-t et de l'g-a, n'a pas empêché que la nature de la lettre
g-b ne fut clairement exprimée par le nom tout entier, suivant l'intention du
législateur: tant il a bien su donner aux lettres les noms qui leur conviennent.
HERMOGÈNE,
Ce que tu dis là me semble vrai.
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