HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, Charmide (dialogue complet)

Chapitre 9

  Chapitre 9

[9] - Ἀλλ' ἔμοιγε δοκεῖ, ἔφη, Σώκρατες, τοῦτο μὲν ὀρθῶς λέγεσθαι· τόδε δὲ σκέψαι τί σοι δοκεῖ εἶναι περὶ σωφροσύνης. Ἄρτι γὰρ ἀνεμνήσθην - ἤδη του ἤκουσα λέγοντος - ὅτι σωφροσύνη ἂν εἴη τὸ τὰ ἑαυτοῦ πράττειν. Σκόπει οὖν τοῦτο εἰ ὀρθῶς σοι δοκεῖ λέγειν λέγων. - Καὶ ἐγώ, μιαρέ, ἔφην, Κριτίου τοῦδε ἀκήκοας αὐτὸ (161c) ἄλλου του τῶν σοφῶν. - Ἔοικεν, ἔφη Κριτίας, ἄλλου· οὐ γὰρ δὴ ἐμοῦ γε. - Ἀλλὰ τί διαφέρει, δ' ὅς, Χαρμίδης, Σώκρατες, ὅτου ἤκουσα; - Οὐδέν, ἦν δ' ἐγώ· πάντως γὰρ οὐ τοῦτο σκεπτέον, ὅστις αὐτὸ εἶπεν, ἀλλὰ πότερον ἀληθὲς λέγεται οὔ. - Νῦν ὀρθῶς λέγεις, δ' ὅς. - Νὴ Δία, ἦν δ' ἐγώ. Ἀλλ' εἰ καὶ εὑρήσομεν αὐτὸ ὅπῃ γε ἔχει, θαυμάζοιμ' ἄν· αἰνίγματι γάρ τινι ἔοικεν. - Ὅτι δὴ τί γε; ἔφη. (161d) - Ὅτι οὐ δήπου, ἦν δ' ἐγώ, τὰ ῥήματα ἐφθέγξατο ταύτῃ καὶ ἐνόει, λέγων σωφροσύνην εἶναι τὸ τὰ αὑτοῦ πράττειν. σὺ οὐδὲν ἡγῇ πράττειν τὸν γραμματιστὴν ὅταν γράφῃ ἀναγιγνώσκῃ; - Ἔγωγε, ἡγοῦμαι μὲν οὖν, ἔφη. - Δοκεῖ οὖν σοι τὸ αὑτοῦ ὄνομα μόνον γράφειν γραμματιστὴς καὶ ἀναγιγνώσκειν ὑμᾶς τοὺς παῖδας διδάσκειν, οὐδὲν ἧττον τὰ τῶν ἐχθρῶν ἐγράφετε τὰ ὑμέτερα καὶ τὰ τῶν φίλων ὀνόματα; - Οὐδὲν ἧττον. - οὖν ἐπολυπραγμονεῖτε καὶ οὐκ ἐσωφρονεῖτε τοῦτο (161e) δρῶντες; - Οὐδαμῶς. - Καὶ μὴν οὐ τὰ ὑμέτερά γε αὐτῶν ἐπράττετε, εἴπερ τὸ γράφειν πράττειν τί ἐστιν καὶ τὸ ἀναγιγνώσκειν. - Ἀλλὰ μὴν ἔστιν. - Καὶ γὰρ τὸ ἰᾶσθαι, ἑταῖρε, καὶ τὸ οἰκοδομεῖν καὶ τὸ ὑφαίνειν καὶ τὸ ᾑτινιοῦν τέχνῃ ὁτιοῦν τῶν τέχνης ἔργων ἀπεργάζεσθαι πράττειν δήπου τί ἐστιν. - Πάνυ γε. - Τί οὖν; ἦν δ' ἐγώ, δοκεῖ ἄν σοι πόλις εὖ οἰκεῖσθαι ὑπὸ τούτου τοῦ νόμου τοῦ κελεύοντος τὸ ἑαυτοῦ ἱμάτιον ἕκαστον ὑφαίνειν καὶ πλύνειν, καὶ ὑποδήματα σκυτοτομεῖν, καὶ λήκυθον καὶ στλεγγίδα καὶ τἆλλα πάντα κατὰ τὸν αὐτὸν λόγον, (162a) τῶν μὲν ἀλλοτρίων μὴ ἅπτεσθαι, τὰ δὲ ἑαυτοῦ ἕκαστον ἐργάζεσθαί τε καὶ πράττειν; - Οὐκ ἔμοιγε δοκεῖ, δ' ὅς. - Ἀλλὰ μέντοι, ἔφην ἐγώ, σωφρόνως γε οἰκοῦσα εὖ ἂν οἰκοῖτο. - Πῶς δ' οὔκ; ἔφη. - Οὐκ ἄρα, ἦν δ' ἐγώ, τὸ τὰ τοιαῦτά τε καὶ οὕτω τὰ αὑτοῦ πράττειν σωφροσύνη ἂν εἴη. - Οὐ φαίνεται. - Ἠινίττετο ἄρα, ὡς ἔοικεν, ὅπερ ἄρτι ἐγὼ ἔλεγον, λέγων τὸ τὰ αὑτοῦ πράττειν σωφροσύνην εἶναι· οὐ γάρ που οὕτω (162b) γε ἦν εὐήθης. τινος ἠλιθίου ἤκουσας τουτὶ λέγοντος, Χαρμίδη; - Ἥκιστά γε, ἔφη, ἐπεί τοι καὶ πάνυ ἐδόκει σοφὸς εἶναι. - Παντὸς τοίνυν μᾶλλον, ὡς ἐμοὶ δοκεῖ, αἴνιγμα αὐτὸ προύβαλεν, ὡς ὂν χαλεπὸν τὸ τὰ αὑτοῦ πράττειν γνῶναι ὅτι ποτε ἔστιν. - Ἴσως, ἔφη. - Τί οὖν ἂν εἴη ποτὲ τὸ τὰ αὑτοῦ πράττειν; Ἔχεις εἰπεῖν; - Οὐκ οἶδα μὰ Δία ἔγωγε, δ' ὅς· ἀλλ' ἴσως οὐδὲν κωλύει μηδὲ τὸν λέγοντα μηδὲν εἰδέναι ὅτι ἐνόει. Καὶ ἅμα ταῦτα λέγων ὑπεγέλα τε καὶ εἰς τὸν Κριτίαν ἀπέβλεπεν. [9] IX. - Voilà qui est bien dit, Socrate, à ce qu’il me semble. Mais vois un peu ce que tu penses de cette autre définition de la sagesse. Je viens en effet de me rappeler une chose que j’ai entendu dire à quelqu’un, c’est que la sagesse est pour chacun de nous de faire ce qui le regarde. Examine donc si l’auteur de cette définition te paraît avoir touché juste. - Coquin, m’écriai-je, c’est de Critias que tu tiens cela, ou de quelque autre habile homme. - De quelque autre sans doute, dit Critias, car ce n’est certainement pas de moi. - Mais qu’importe, Socrate, dit Charmide, de qui je le tiens ? - Il n’importe en rien, dis-je ; car nous n’avons pas du tout à examiner qui l’a dit, mais si c’est vrai ou non. - En ceci tu as raison, dit-il. - Oui, par Zeus, repris-je ; mais si nous en découvrons le sens exact, j’en serai bien surpris ; car cela ressemble à une énigme. - Et en quoi ? demanda-t-il. - En ce que probablement, dis-je, l’auteur de la définition : « La sagesse consiste à faire ce qui nous regarde » pensait autrement qu’il ne parlait. Ou bien crois-tu que le maître d’école ne fait rien, lorsqu’il écrit ou qu’il lit ? - Je crois au contraire qu’il fait quelque chose, répondit-il. - Crois-tu que le maître d’école n’écrit et ne lit que son nom et ne vous enseigne à lire et à écrire que les vôtres, et n’écriviez-vous pas les noms de vos ennemis tout aussi bien que les vôtres et ceux de vos amis ? - Tout aussi bien. - Et en faisant cela, est-ce que vous vous mêliez de ce qui ne vous regardait pas et manquiez-vous de sagesse ? - Nullement. - Et cependant ce n’est pas vos propres affaires que vous faisiez, s’il est vrai qu’écrire et lire, c’est faire quelque chose. - Assurément, c’est faire quelque chose. - Et guérir, mon ami, et bâtir, et tisser, et exécuter n’importe quel ouvrage dans un métier quelconque, c’est sûrement faire quelque chose. - Sûrement. - Mais alors, dis-je, crois-tu qu’une ville serait bien gouvernée, si la loi ordonnait à chacun de tisser et de laver son vêtement, de fabriquer ses chaussures, sa burette à huile, son étrille et tout le reste de même, sans mettre la main aux affaires d’autrui, sans que chacun confectionnât et fît autre chose que ses propres affaires ? - Non, je ne le crois pas, dit-il. - Cependant, repris-je, un État serait bien gouverné s’il l’était sagement. - Sans doute, dit-il. - Alors, repris-je, en agir ainsi et faire ainsi ses propres affaires, ce n’est pas la sagesse. - Evidemment non. - Il parlait donc apparemment d’une manière énigmatique, comme je le disais tout à l’heure, celui qui prétendait que la sagesse consistait à faire ses propres affaires ; autrement il serait vraiment trop sot. Mais peut-être est-ce un nigaud qui t’a donné cette définition, Charmide ? - Pas du tout, dit-il ; il passait même pour un très habile homme. - Il ne fait donc pas de doute, à mon avis, qu’il ne t’ait proposé une énigme, dans la persuasion qu’il était difficile de savoir ce que ce peut être que de faire ses propres affaires. - C’est possible, dit-il. - Qu’est-ce donc que cela pourrait bien être, de faire ses propres affaires ? Pourrais-tu le dire ? - Moi, dit-il. Je n’en sais rien, par Zeus, mais il est bien possible que même celui qui l’a dit n’ait pas su ce qu’il voulait dire. » Et tout en disant cela, il riait malicieusement et lançait un regard à Critias.


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Dernière mise à jour : 11/02/2010