[8] - Πάλιν τοίνυν, ἦν δ' ἐγώ, ὦ Χαρμίδη, μᾶλλον προσέχων τὸν νοῦν καὶ εἰς σεαυτὸν ἐμβλέψας, ἐννοήσας ὁποῖόν τινά σε ποιεῖ ἡ σωφροσύνη παροῦσα καὶ ποία τις οὖσα τοιοῦτον ἀπεργάζοιτο ἄν, πάντα ταῦτα συλλογισάμενος εἰπὲ εὖ καὶ (160e) ἀνδρείως τί σοι φαίνεται εἶναι;
Καὶ ὃς ἐπισχὼν καὶ πάνυ ἀνδρικῶς πρὸς ἑαυτὸν διασκεψάμενος, δοκεῖ τοίνυν μοι, ἔφη, αἰσχύνεσθαι ποιεῖν ἡ σωφροσύνη καὶ αἰσχυντηλὸν τὸν ἄνθρωπον, καὶ εἶναι ὅπερ αἰδὼς ἡ σωφροσύνη.
- Εἶεν, ἦν δ' ἐγώ, οὐ καλὸν ἄρτι ὡμολόγεις τὴν σωφροσύνην εἶναι;
- Πάνυ γ', ἔφη.
- Οὐκοῦν καὶ ἀγαθοὶ ἄνδρες οἱ σώφρονες;
- Ναί.
- Ἆρ' οὖν ἂν εἴη ἀγαθὸν ὃ μὴ ἀγαθοὺς ἀπεργάζεται;
- Οὐ δῆτα.
- Οὐ μόνον οὖν ἄρα καλόν, ἀλλὰ καὶ ἀγαθόν ἐστιν.
(161a) - Ἔμοιγε δοκεῖ.
- Τί οὖν; ἦν δ' ἐγώ· Ὁμήρῳ οὐ πιστεύεις καλῶς λέγειν, λέγοντι ὅτι
αἰδὼς δ' οὐκ ἀγαθὴ κεχρημένῳ ἀνδρὶ παρεῖναι;
- Ἔγωγ', ἔφη.
- Ἔστιν ἄρα, ὡς ἔοικεν, αἰδὼς οὐκ ἀγαθὸν καὶ ἀγαθόν.
- Φαίνεται.
- Σωφροσύνη δέ γε ἀγαθόν, εἴπερ ἀγαθοὺς ποιεῖ οἷς ἂν παρῇ, κακοὺς δὲ μή.
- Ἀλλὰ μὴν οὕτω γε δοκεῖ μοι ἔχειν, ὡς σὺ λέγεις.
- Οὐκ ἄρα σωφροσύνη ἂν εἴη αἰδώς, εἴπερ τὸ μὲν ἀγαθὸν (161b) τυγχάνει ὄν, αἰδὼς δὲ (μὴ) οὐδὲν μᾶλλον ἀγαθὸν ἢ καὶ κακόν.
| [8] VIII. - Je repris alors : « Il faut maintenant, Charmide, que tu recommences à
regarder en toi-même avec un redoublement d’attention ; puis, quand tu auras
observé l’effet que la sagesse produit en toi par sa présence et ce qu’elle doit
être pour te faire ce que tu es, et que tu te seras bien rendu compte de tout
cela, tu nous diras nettement et bravement ce que tu crois qu’elle est. »
Il garda un moment le silence, et après s’être examiné avec une attention
vraiment virile : « Il me semble, dit-il, que la sagesse fait rougir de
certaines choses, qu’elle rend l’homme sensible à la honte et qu’ainsi la
sagesse n’est autre chose que la pudeur.
- Bien, dis-je ; mais n’as-tu pas reconnu tout à l’heure que la sagesse était
une belle chose ?
- Si fait, dit-il.
- Et les hommes sages ne sont-ils pas bons en même temps que sages ?
- Si.
- Peut-on appeler bonne une chose qui ne rend pas bon ?
- Non, certes.
- Par conséquent, la sagesse n’est pas seulement belle ; elle est bonne aussi.
- C’est mon avis.
- Mais quoi ? repris-je, ne crois-tu pas qu’Homère a raison de dire :
« La pudeur n’est pas une bonne compagne pour un homme dans le besoin ».
- Si, répliqua-t-il.
- A ce compte, la pudeur est donc à la fois mauvaise et bonne.
- Il paraît.
- Mais la sagesse est bonne, puisqu’elle rend bons ceux chez qui elle se trouve,
et ne les rend jamais mauvais.
- Je ne puis qu’approuver ce que tu dis.
- J’en conclus que la sagesse n’est pas la pudeur, puisque l’une est un bien et
que la pudeur n’est pas plus un bien qu’un mal.
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