HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, Charmide (dialogue complet)

Chapitre 7

  Chapitre 7

[7] - Τῇδε τοίνυν, ἔφην ἐγώ, δοκεῖ μοι βελτίστη εἶναι σκέψις περὶ αὐτοῦ. Δῆλον γὰρ ὅτι εἴ σοι πάρεστιν σωφροσύνη, (159a) ἔχεις τι περὶ αὐτῆς δοξάζειν. Ἀνάγκη γάρ που ἐνοῦσαν αὐτήν, εἴπερ ἔνεστιν, αἴσθησίν τινα παρέχειν, ἐξ ἧς δόξα ἄν τίς σοι περὶ αὐτῆς εἴη ὅτι ἐστὶν καὶ ὁποῖόν τι σωφροσύνη· οὐκ οἴει; - Ἔγωγε, ἔφη, οἶμαι. - Οὐκοῦν τοῦτό γε, ἔφην, οἴει, ἐπειδήπερ ἑλληνίζειν ἐπίστασαι, κἂν εἴποις δήπου αὐτὸ ὅτι σοι φαίνεται; - Ἴσως, ἔφη. - Ἵνα τοίνυν τοπάσωμεν εἴτε σοι ἔνεστιν εἴτε μή, εἰπέ, ἦν δ' ἐγώ, τί φῂς εἶναι σωφροσύνην κατὰ τὴν σὴν δόξαν. (159b) Καὶ ὃς τὸ μὲν πρῶτον ὤκνει τε καὶ οὐ πάνυ ἤθελεν ἀποκρίνασθαι· ἔπειτα μέντοι εἶπεν ὅτι οἷ δοκοῖ σωφροσύνη εἶναι τὸ κοσμίως πάντα πράττειν καὶ ἡσυχῇ, ἔν τε ταῖς ὁδοῖς βαδίζειν καὶ διαλέγεσθαι, καὶ τὰ ἄλλα πάντα ὡσαύτως ποιεῖν. - Καί μοι δοκεῖ, ἔφη, συλλήβδην ἡσυχιότης τις εἶναι ἐρωτᾷς. - Ἆρ' οὖν, ἦν δ' ἐγώ, εὖ λέγεις; φασί γέ τοι, Χαρμίδη, τοὺς ἡσυχίους σώφρονας εἶναι· ἴδωμεν δὴ εἴ τι λέγουσιν. (159c) Εἰπὲ γάρ μοι, οὐ τῶν καλῶν μέντοι σωφροσύνη ἐστίν; - Πάνυ γε, ἔφη. - Πότερον οὖν κάλλιστον ἐν γραμματιστοῦ τὰ ὅμοια γράμματα γράφειν ταχὺ ἡσυχῇ; - Ταχύ. - Τί δ' ἀναγιγνώσκειν; Ταχέως βραδέως; - Ταχέως. - Καὶ μὲν δὴ καὶ τὸ κιθαρίζειν ταχέως καὶ τὸ παλαίειν ὀξέως πολὺ κάλλιον τοῦ ἡσυχῇ τε καὶ βραδέως; - Ναί. - Τί δὲ πυκτεύειν τε καὶ παγκρατιάζειν; οὐχ ὡσαύτως; - Πάνυ γε. - Θεῖν δὲ καὶ ἅλλεσθαι καὶ τὰ τοῦ σώματος ἅπαντα ἔργα, (159d) οὐ τὰ μὲν ὀξέως καὶ ταχὺ γιγνόμενα τὰ τοῦ καλοῦ ἐστιν, τὰ δὲ (βραδέα) μόγις τε καὶ ἡσυχῇ τὰ τοῦ αἰσχροῦ; - Φαίνεται. - Φαίνεται ἄρα ἡμῖν, ἔφην ἐγώ, κατά γε τὸ σῶμα οὐ τὸ ἡσύχιον, ἀλλὰ τὸ τάχιστον καὶ ὀξύτατον κάλλιστον ὄν. γάρ; - Πάνυ γε. - δέ γε σωφροσύνη καλόν τι ἦν; - Ναί. - Οὐ τοίνυν κατά γε τὸ σῶμα ἡσυχιότης ἂν ἀλλ' ταχυτὴς σωφρονέστερον εἴη, ἐπειδὴ καλὸν σωφροσύνη. - Ἔοικεν, ἔφη. (159e) - Τί δέ; ἦν δ' ἐγώ, εὐμαθία κάλλιον δυσμαθία; - Εὐμαθία. - Ἔστιν δέ γ', ἔφην, μὲν εὐμαθία ταχέως μανθάνειν, δὲ δυσμαθία ἡσυχῇ καὶ βραδέως; - Ναί. - Διδάσκειν δὲ ἄλλον οὐ ταχέως (καὶ) κάλλιον καὶ σφόδρα μᾶλλον ἡσυχῇ τε καὶ βραδέως; - Ναί. - Τί δέ; Ἀναμιμνῄσκεσθαι καὶ μεμνῆσθαι ἡσυχῇ τε καὶ βραδέως κάλλιον σφόδρα καὶ ταχέως; - Σφόδρ', ἔφη, καὶ ταχέως. (160a) - δ' ἀγχίνοια οὐχὶ ὀξύτης τίς ἐστιν τῆς ψυχῆς ἀλλ' οὐχὶ ἡσυχία; - Ἀληθῆ. - Οὐκοῦν καὶ τὸ συνιέναι τὰ λεγόμενα, καὶ ἐν γραμματιστοῦ καὶ κιθαριστοῦ καὶ ἄλλοθι πανταχοῦ, οὐχ ὡς ἡσυχαίτατα ἀλλ' ὡς τάχιστά ἐστι κάλλιστα; - Ναί. - Ἀλλὰ μὴν ἔν γε ταῖς ζητήσεσιν τῆς ψυχῆς καὶ τῷ βουλεύεσθαι οὐχ ἡσυχιώτατος, ὡς ἐγὼ οἶμαι, καὶ μόγις βουλευόμενός τε καὶ ἀνευρίσκων ἐπαίνου δοκεῖ ἄξιος εἶναι, (160b) ἀλλ' ῥᾷστά τε καὶ τάχιστα τοῦτο δρῶν. - Ἔστιν ταῦτα, ἔφη. - Οὐκοῦν πάντα, ἦν δ' ἐγώ, Χαρμίδη, ἡμῖν καὶ τὰ περὶ τὴν ψυχὴν καὶ τὰ περὶ τὸ σῶμα, τὰ τοῦ τάχους τε καὶ τῆς ὀξύτητος καλλίω φαίνεται τὰ τῆς βραδυτῆτός τε καὶ ἡσυχιότητος; - Κινδυνεύει, ἔφη. - Οὐκ ἄρα ἡσυχιότης τις σωφροσύνη ἂν εἴη, οὐδ' ἡσύχιος σώφρων βίος, ἔκ γε τούτου τοῦ λόγου, ἐπειδὴ καλὸν αὐτὸν δεῖ εἶναι σώφρονα ὄντα. Δυοῖν γὰρ δὴ τὰ ἕτερα· οὐδαμοῦ (160c) ἡμῖν πάνυ που ὀλιγαχοῦ αἱ ἡσύχιοι πράξεις ἐν τῷ βίῳ καλλίους ἐφάνησαν αἱ ταχεῖαί τε καὶ ἰσχυραί. Εἰ δ' οὖν, φίλε, ὅτι μάλιστα μηδὲν ἐλάττους αἱ ἡσύχιοι τῶν σφοδρῶν τε καὶ ταχειῶν πράξεων τυγχάνουσιν καλλίους οὖσαι, οὐδὲ ταύτῃ σωφροσύνη ἂν εἴη μᾶλλόν τι τὸ ἡσυχῇ πράττειν τὸ σφόδρα τε καὶ ταχέως, οὔτε ἐν βαδισμῷ οὔτε ἐν λέξει οὔτε ἄλλοθι οὐδαμοῦ, οὐδὲ ἡσύχιος βίος (κόσμιος) τοῦ μὴ ἡσυχίου (160d) σωφρονέστερος ἂν εἴη, ἐπειδὴ ἐν τῷ λόγῳ τῶν καλῶν τι ἡμῖν σωφροσύνη ὑπετέθη, καλὰ δὲ οὐχ ἧττον ταχέα τῶν ἡσυχίων πέφανται. - Ὀρθῶς μοι δοκεῖς, ἔφη, Σώκρατες, εἰρηκέναι. [7] VII. - Eh bien, repris-je, voici celle qui me semble être la meilleure pour cette enquête. Il est clair que, si tu possèdes la sagesse, tu es à même de t’en former une opinion. Résidant en toi, si en effet elle y réside, elle doit forcément y faire naître quelque sentiment, d’après lequel tu peux te faire une idée de ce qu’elle est et de son véritable caractère. Ne le penses-tu pas ? - Je le pense, dit-il. - Eh bien, repris-je, ce que tu penses, tu peux, puisque tu sais parler grec, nous l’exprimer comme ton esprit le conçoit. - Peut-être, dit-il. - Afin donc que nous puissions juger si elle est en toi ou non, dis-nous, repris-je, ce qu’est la sagesse, à ton opinion. » Il hésita d’abord, peu disposé à répondre. Il finit cependant par dire qu’à son avis la sagesse consistait à faire toutes choses avec modération et avec calme, qu’il s’agît de marcher dans les rues, de converser ou de toute autre chose. « Il me semble, dit-il, qu’en somme ce que tu me demandes est une sorte de calme. » - Peut-être as-tu raison, repris-je. Il est certain, Charmide, qu’on dit souvent des gens calmes qu’ils sont des sages ; mais voyons si on a raison de le dire. Dis-moi donc : tu mets certainement la sagesse au nombre des belles choses ? - Certainement, dit-il. - Et maintenant quel est le plus beau, quand on est à l’école, d’écrire les mêmes lettres vite ou doucement ? - De les écrire vite. - Et s’il s’agit de lire, vaut-il mieux lire vite ou lentement ? - Vite. - Et de même, au jeu de la cithare, la vitesse, et à la lutte, la vivacité, ne sont-ce pas des qualités beaucoup plus belles que le calme et la lenteur ? - Si. - Et au pugilat et au pancrace, n’en est-il pas de même ? - Sans doute. - Et dans la course et dans le saut et dans tous les exercices du corps, les mouvements vifs et rapides ne sont-ils pas ceux qu’on trouve beaux, et les mouvements lents et calmes ceux qu’on trouve laids ? - C’est évident. - Il est donc évident pour nous, repris-je, que, pour le corps au moins, ce ne sont pas les mouvements les plus calmes, ce sont les mouvements les plus rapides et les plus vifs qui sont les plus beaux ; n’est-ce pas vrai ? - Sans doute. - Mais la sagesse, avons-nous dit, est une belle chose ? - Oui. - Donc, tout au moins en ce qui regarde le corps, ce n’est pas le calme, c’est la vitesse qui est sage, puisque la sagesse est belle. - Il y a apparence, dit-il. - Et maintenant, continuai-je, lequel est le plus beau, apprendre facilement ou apprendre difficilement ? - Apprendre facilement. - Mais, dis-je, apprendre facilement, c’est apprendre vite, et apprendre difficilement, c’est apprendre doucement et lentement ? - Oui. - Et instruire un autre vite et vivement n’est-il pas plus beau que doucement et lentement ? - Si. - Et si l’on nous rappelle quelque chose ou si nous voulons nous en souvenir nous-mêmes, lequel est le plus beau, du calme et de la lenteur, ou de la vivacité et de la vitesse ? - La vivacité, dit-il, et la vitesse. - Et la finesse d’esprit ne relève-t-elle pas de la vivacité, et non du calme de l’âme ? - C’est vrai. - De même, s’il s’agit de comprendre ce qu’on dit, chez le maître d’école ou le maître de cithare, ou partout ailleurs, ce n’est pas la lenteur, c’est la rapidité qui est la plus belle. - Oui. - De même encore dans les recherches intellectuelles et dans les délibérations, ce n’est pas, j’imagine, le plus lent, celui qui a de la peine à prendre un parti et à faire une découverte qui paraît digne de louange, c’est celui qui s’en tire avec le plus de facilité et de promptitude. - C’est exact, dit-il. - Ainsi donc, Charmide, repris-je, en toutes choses, qu’elles regardent l’âme, ou qu’elles regardent le corps, nous voyons que la vitesse et la vivacité sont plus belles que le lenteur et le calme. - Il semble bien, dit-il. - Dès lors la sagesse ne saurait être le calme, et la vie sage n’est pas la vie calme, du moins d’après notre raisonnement, puisqu’elle doit être belle, si elle est sage. Car entre les deux sortes d’actions, jamais ou presque jamais nous n’avons vu dans la vie que les actions calmes fussent plus belles que les actions rapides et fortes. En admettant même, cher ami, que les actions calmes soient aussi souvent belles que les actions violentes et rapides, la sagesse ne consisterait pas pour cela dans le calme plutôt que dans la force et la vitesse, qu’il s’agisse de marcher, de parler ou de toute autre chose, et la vie calme ne serait pas plus sage que l’autre, puisque nous avons posé en principe au cours de notre discussion que la sagesse fait partie des belles choses et que la rapidité ne nous a pas paru moins belle que la lenteur. - Ton opinion, Socrate, dit-il, me paraît juste. »


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Dernière mise à jour : 11/02/2010