[6] Ἀκούσας οὖν μου ὁ Κριτίας ταῦτ' εἰπόντος,
- Ἕρμαιον, ἔφη, ὦ Σώκρατες, γεγονὸς ἂν εἴη ἡ τῆς κεφαλῆς ἀσθένεια τῷ νεανίσκῳ, εἰ ἀναγκασθήσεται καὶ τὴν διάνοιαν διὰ τὴν (157d) κεφαλὴν βελτίων γενέσθαι. Λέγω μέντοι σοι ὅτι Χαρμίδης τῶν ἡλικιωτῶν οὐ μόνον τῇ ἰδέᾳ δοκεῖ διαφέρειν, ἀλλὰ καὶ αὐτῷ τούτῳ, οὗ σὺ φῂς τὴν ἐπῳδὴν ἔχειν· φῂς δὲ σωφροσύνης· ἦ γάρ;
- Πάνυ γε, ἦν δ' ἐγώ.
- Εὖ τοίνυν ἴσθι, ἔφη, ὅτι πάνυ πολὺ δοκεῖ σωφρονέστατος εἶναι τῶν νυνί, καὶ τἆλλα πάντα, εἰς ὅσον ἡλικίας ἥκει, οὐδενὸς χείρων ὤν.
- Καὶ γάρ, ἦν δ' ἐγώ, καὶ δίκαιον, ὦ Χαρμίδη, διαφέρειν σε (157e) τῶν ἄλλων πᾶσιν τοῖς τοιούτοις· οὐ γὰρ οἶμαι ἄλλον οὐδένα τῶν ἐνθάδε ῥᾳδίως ἂν ἔχειν ἐπιδεῖξαι ποῖαι δύο οἰκίαι συνελθοῦσαι εἰς ταὐτὸν τῶν Ἀθήνησιν ἐκ τῶν εἰκότων καλλίω ἂν καὶ ἀμείνω γεννήσειαν ἢ ἐξ ὧν σὺ γέγονας. Ἥ τε γὰρ πατρῴα ὑμῖν οἰκία, ἡ Κριτίου τοῦ Δρωπίδου, καὶ ὑπὸ Ἀνακρέοντος καὶ ὑπὸ Σόλωνος καὶ ὑπ' ἄλλων πολλῶν ποιητῶν ἐγκεκωμιασμένη παραδέδοται ἡμῖν, ὡς διαφέρουσα κάλλει τε (158a) καὶ ἀρετῇ καὶ τῇ ἄλλῃ λεγομένῃ εὐδαιμονίᾳ, καὶ αὖ ἡ πρὸς μητρὸς ὡσαύτως· Πυριλάμπους γὰρ τοῦ σοῦ θείου οὐδεὶς τῶν ἐν τῇ ἠπείρῳ λέγεται καλλίων καὶ μείζων ἀνὴρ δόξαι εἶναι, ὁσάκις ἐκεῖνος ἢ παρὰ μέγαν βασιλέα ἢ παρὰ ἄλλον τινὰ τῶν ἐν τῇ ἠπείρῳ πρεσβεύων ἀφίκετο, σύμπασα δὲ αὕτη ἡ οἰκία οὐδὲν τῆς ἑτέρας ὑποδεεστέρα. Ἐκ δὴ τοιούτων γεγονότα εἰκός σε εἰς πάντα πρῶτον εἶναι. Τὰ μὲν οὖν ὁρώμενα τῆς (158b) ἰδέας, ὦ φίλε παῖ Γλαύκωνος, δοκεῖς μοι οὐδένα τῶν πρὸ σοῦ ἐν οὐδενὶ ὑποβεβηκέναι· εἰ δὲ δὴ καὶ πρὸς σωφροσύνην καὶ πρὸς τἆλλα κατὰ τὸν τοῦδε λόγον ἱκανῶς πέφυκας, μακάριόν σε, ἦν δ' ἐγώ, ὦ φίλε Χαρμίδη, ἡ μήτηρ ἔτικτεν. Ἔχει δ' οὖν οὕτως. Εἰ μέν σοι ἤδη πάρεστιν, ὡς λέγει Κριτίας ὅδε, σωφροσύνη καὶ εἶ σώφρων ἱκανῶς, οὐδὲν ἔτι σοι ἔδει οὔτε τῶν Ζαλμόξιδος οὔτε τῶν Ἀβάριδος τοῦ Ὑπερβορέου ἐπῳδῶν, ἀλλ' αὐτό σοι ἂν ἤδη δοτέον εἴη τὸ (158c) τῆς κεφαλῆς φάρμακον· εἰ δ' ἔτι τούτων ἐπιδεὴς εἶναι δοκεῖς, ἐπᾳστέον πρὸ τῆς τοῦ φαρμάκου δόσεως. Αὐτὸς οὖν μοι εἰπὲ πότερον ὁμολογεῖς τῷδε καὶ φῂς ἱκανῶς ἤδη σωφροσύνης μετέχειν ἢ ἐνδεὴς εἶναι;
Ἀνερυθριάσας οὖν ὁ Χαρμίδης πρῶτον μὲν ἔτι καλλίων ἐφάνη - καὶ γὰρ τὸ αἰσχυντηλὸν αὐτοῦ τῇ ἡλικίᾳ ἔπρεψεν - ἔπειτα καὶ οὐκ ἀγεννῶς ἀπεκρίνατο· εἶπεν γὰρ ὅτι οὐ ῥᾴδιον εἴη ἐν τῷ παρόντι οὔθ' ὁμολογεῖν οὔτε ἐξάρνῳ εἶναι τὰ (158d) ἐρωτώμενα. Ἐὰν μὲν γάρ, ἦ δ' ὅς, μὴ φῶ εἶναι σώφρων, ἅμα μὲν ἄτοπον αὐτὸν καθ' ἑαυτοῦ τοιαῦτα λέγειν, ἅμα δὲ καὶ Κριτίαν τόνδε ψευδῆ ἐπιδείξω καὶ ἄλλους πολλούς, οἷς δοκῶ εἶναι σώφρων, ὡς ὁ τούτου λόγος· ἐὰν δ' αὖ φῶ καὶ ἐμαυτὸν ἐπαινῶ, ἴσως ἐπαχθὲς φανεῖται. Ὥστε οὐκ ἔχω ὅτι σοι ἀποκρίνωμαι.
Καὶ ἐγὼ εἶπον ὅτι μοι εἰκότα φαίνῃ λέγειν, ὦ Χαρμίδη. Καί μοι δοκεῖ, ἦν δ' ἐγώ, κοινῇ ἂν εἴη σκεπτέον εἴτε κέκτησαι (158e) εἴτε μὴ ὃ πυνθάνομαι, ἵνα μήτε σὺ ἀναγκάζῃ λέγειν ἃ μὴ βούλει, μήτ' αὖ ἐγὼ ἀσκέπτως ἐπὶ τὴν ἰατρικὴν τρέπωμαι. Εἰ οὖν σοι φίλον, ἐθέλω σκοπεῖν μετὰ σοῦ· εἰ δὲ μή, ἐᾶν.
- Ἀλλὰ πάντων μάλιστα, ἔφη, φίλον· ὥστε τούτου γε ἕνεκα, ὅπῃ αὐτὸς οἴει βέλτιον σκέψασθαι, ταύτῃ σκόπει.
| [6] VI. - Critias, ayant entendu ces paroles, s’écria :
« Quel coup de fortune pour notre jeune homme, Socrate, si, à cause de sa tête,
il est contraint d’améliorer aussi son esprit ! Cependant je dois te dire que
Charmide paraît être supérieur à ceux de son âge, non seulement par sa beauté,
mais encore par cela même que tu prétends produire par ton incantation ; car
c’est la sagesse que tu veux dire, n’est-ce pas ?
- C’est cela même, répondis-je.
- Sache donc, poursuivit-il, qu’il est réputé sans conteste comme le plus sage
des jeunes gens d’aujourd’hui et que pour tout le reste, compte tenu de son âge,
il ne le cède à personne.
- En effet, repris-je, il faut bien, Charmide, que tu l’emportes sur les autres
en tous ces points ; car je ne vois personne ici qui puisse facilement montrer
deux maisons alliées ensemble à Athènes, qui soient vraisemblablement capables
de produire des rejetons plus beaux et meilleurs que les parents dont tu
descends. Du côté de ton père, votre maison, celle de Critias, fils de Dropidès,
a été, nous le savons, célébrée par Anacréon, par Solon et par beaucoup d’autres
poètes, comme une maison supérieure aux autres par la beauté, la vertu et tous
les avantages qui composent ce qu’on appelle le bonheur. Du côté de ta mère, il
en est de même ; car Pyrilampe, ton oncle, a passé pour l’homme le plus beau et
le plus grand du continent, chaque fois qu’il est allé en ambassade chez le
grand Roi ou chez quelque autre en Asie, et sa maison, dans son ensemble, ne le
cède en rien à l’autre. Etant né de tels parents, il est naturel que tu sois le
premier en tout. Pour ce qui est de la beauté visible, cher enfant de Glaucon,
je suis sûr que tu n’es inférieur en rien à aucun de ceux qui t’ont précédé, et
s’il est vrai, comme le dit Critias, que tu sois bien partagé aussi du côté de
la sagesse et du reste, ta mère, mon cher Charmide, a mis au monde un heureux
mortel.
Voici donc l’état de la question. Si tu es déjà, comme le dit Critias, en
possession de la sagesse et si tu en as une provision suffisante, tu n’as plus
besoin des incantations de Zalmoxis ni de celle d’Abaris l’hyperboréen, et je
puis te donner tout de suite sans incantation le remède contre le mal de tête ;
mais si tu crois encore avoir besoin de ces incantations, il faut les faire
avant de te donner le remède. Dis-moi donc toi-même si tu es de l’avis de
Critias et si tu crois avoir maintenant assez de sagesse ou en manquer encore. »
Charmide rougit et n’en parut d’abord que plus beau ; car la modestie convenait
à son âge ; puis il me fit une réponse qui ne manquait pas de noblesse. Il me
dit qu’il n’était pas facile, dans le cas où il se trouvait, ni de dire oui, ni
de dire non.
« Si, en effet, dit-il, je dis que je ne suis pas sage, outre qu’il n’est pas
naturel de porter un tel témoignage contre soi-même, je donnerai un démenti à
Critias et à beaucoup d’autres, aux yeux desquels je passe pour sage, à ce qu’il
dit. D’un autre côté, si je dis oui et me loue moi-même, peut-être cela
paraîtra-t-il choquant, de sorte que je ne sais comment te répondre. »
Alors moi, je lui dis : « M’est avis, Charmide, que tu as répondu comme il
fallait, et je crois, ajoutai-je, que nous devons rechercher ensemble si tu as
ou si tu n’as pas ce que je demande. De cette façon, tu ne seras pas forcé de
dire ce que tu ne veux pas dire, et moi, de mon côté, je n’entreprendrai pas ma
cure sans examen préalable. Si cela te plaît, je suis prêt à faire cette enquête
avec toi, sinon je te laisse tranquille.
- Cela me plaît plus que tout au monde, dit-il, et s’il ne tient qu’à cela,
mène l’enquête suivant la méthode qui te paraîtra à toi-même la meilleure.
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