[1,12] (1) οὕτω Πύρρος ἐστὶν ὁ πρῶτος ἐκ τῆς Ἑλλάδος τῆς πέραν Ἰονίου διαβὰς ἐπὶ ῾Ρωμαίους· διέβη δὲ
καὶ οὗτος ἐπαγαγομένων Ταραντίνων. τούτοις γὰρ πρότερον ἔτι πρὸς ῾Ρωμαίους συνειστήκει πόλεμος·
ἀδύνατοι δὲ κατὰ σφᾶς ὄντες ἀντισχεῖν, προϋπαρχούσης μὲν ἐς αὐτὸν εὐεργεσίας, ὅτι οἱ πολεμοῦντι
τὸν πρὸς Κόρκυραν πόλεμον ναυσὶ συνήραντο, μάλιστα δὲ οἱ πρέσβεις τῶν Ταραντίνων ἀνέπεισαν τὸν
Πύρρον, τήν τε Ἰταλίαν διδάσκοντες ὡς εὐδαιμονίας ἕνεκα ἀντὶ πάσης εἴη τῆς Ἑλλάδος καὶ ὡς οὐχ
ὅσιον αὐτῷ παραπέμψαι σφᾶς φίλους τε καὶ ἱκέτας ἐν τῷ παρόντι ἥκοντας. ταῦτα λεγόντων τῶν
πρέσβεων μνήμη τὸν Πύρρον τῆς ἁλώσεως ἐσῆλθε τῆς Ἰλίου, καί οἱ κατὰ ταὐτὰ ἤλπιζε χωρήσειν
πολεμοῦντι· στρατεύειν γὰρ ἐπὶ Τρώων ἀποίκους Ἀχιλλέως ὢν ἀπόγονος. (2) ὡς δέ οἱ ταῦτα ἤρεσκε -
διέμελλε γὰρ ἐπ᾽ οὐδενὶ ὧν ἕλοιτο - , αὐτίκα ναῦς τε ἐπλήρου μακρὰς καὶ πλοῖα στρογγύλα εὐτρέπιζεν
ἵππους καὶ ἄνδρας ὁπλίτας ἄγειν. ἔστι δὲ ἀνδράσι βιβλία οὐκ ἐπιφανέσιν ἐς συγγραφήν, ἔχοντα
ἐπίγραμμα ἔργων ὑπομνήματα εἶναι. ταῦτα ἐπιλεγομένῳ μοι μάλιστα ἐπῆλθε θαυμάσαι Πύρρου
τόλμαν τε, ἣν μαχόμενος αὐτὸς (τε) παρείχετο, καὶ τὴν ἐπὶ τοῖς ἀεὶ μέλλουσιν ἀγῶσι πρόνοιαν· ὃς καὶ
τότε περαιούμενος ναυσὶν ἐς Ἰταλίαν ῾Ρωμαίους ἐλελήθει καὶ ἥκων οὐκ εὐθὺς ἦν σφισι φανερός,
γινομένης δὲ ῾Ρωμαίων πρὸς Ταραντίνους συμβολῆς τότε δὴ πρῶτον ἐπιφαίνεται σὺν τῷ στρατῷ καὶ
παρ᾽ ἐλπίδα σφίσι προσπεσών, ὡς τὸ εἰκός, ἐτάραξεν. (3) ἅτε δὲ ἄριστα ἐπιστάμενος ὡς οὐκ ἀξιόμαχος
εἴη πρὸς ῾Ρωμαίους, παρεσκευάζετο ὡς τοὺς ἐλέφαντας ἐπαφήσων σφίσιν. ἐλέφαντας δὲ πρῶτος μὲν
τῶν ἐκ τῆς Εὐρώπης Ἀλέξανδρος ἐκτήσατο Πῶρον καὶ τὴν δύναμιν καθελὼν τὴν Ἰνδῶν, ἀποθανόντος
δὲ Ἀλεξάνδρου καὶ ἄλλοι τῶν βασιλέων καὶ πλείστους ἔσχεν Ἀντίγονος, Πύρρῳ δὲ ἐκ τῆς μάχης
ἐγεγόνει τῆς πρὸς Δημήτριον τὰ θηρία αἰχμάλωτα· τότε δὲ ἐπιφανέντων αὐτῶν δεῖμα ἔλαβε ῾Ρωμαίους
ἄλλο τι καὶ οὐ ζῷα εἶναι νομίσαντας. (4) ἐλέφαντα γάρ, ὅσος μὲν ἐς ἔργα καὶ ἀνδρῶν χεῖρας, εἰσὶν ἐκ
παλαιοῦ δῆλοι πάντες εἰδότες· αὐτὰ δὲ τὰ θηρία, πρὶν ἢ διαβῆναι Μακεδόνας ἐπὶ τὴν Ἀσίαν, οὐδὲ
ἑωράκεσαν ἀρχὴν πλὴν Ἰνδῶν τε αὐτῶν καὶ Λιβύων καὶ ὅσοι πλησιόχωροι τούτοις. δηλοῖ δὲ Ὅμηρος, ὃς
βασιλεῦσι κλίνας μὲν καὶ οἰκίας τοῖς εὐδαιμονεστέροις αὐτῶν ἐλέφαντι ἐποίησε κεκοσμημένας, θηρίου
δὲ ἐλέφαντος μνήμην οὐδεμίαν ἐποιήσατο· θεασάμενος δὲ ἢ πεπυσμένος ἐμνημόνευσεν ἂν πολύ γε
πρότερον ἐμοὶ δοκεῖν ἢ Πυγμαίων τε ἀνδρῶν καὶ γεράνων μάχης. (5) Πύρρον δὲ ἐς Σικελίαν ἀπήγαγε
πρεσβεία Συρακουσίων· Καρχηδόνιοι γὰρ διαβάντες τὰς Ἑλληνίδας τῶν πόλεων ἐποίουν ἀναστάτους, ἣ
δὲ ἦν λοιπή, Συρακούσαις πολιορκοῦντες προσεκάθηντο. ἃ τῶν πρέσβεων Πύρρος ἀκούων Τάραντα
μὲν εἴα καὶ τοὺς τὴν ἀκτὴν ἔχοντας Ἰταλιωτῶν, ἐς δὲ τὴν Σικελίαν διαβὰς Καρχηδονίους ἠνάγκασεν
ἀπαναστῆναι Συρακουσῶν. φρονήσας δὲ ἐφ᾽ αὑτῷ Καρχηδονίων, οἳ θαλάσσης τῶν τότε βαρβάρων
μάλιστα εἶχον ἐμπείρως Τύριοι Φοίνικες τὸ ἀρχαῖον ὄντες, τούτων ἐναντία ἐπήρθη ναυμαχῆσαι τοῖς
Ἠπειρώταις χρώμενος, οἳ μηδὲ ἁλούσης Ἰλίου θάλασσαν οἱ πολλοὶ μηδὲ ἁλσὶν ἠπίσταντό πω χρῆσθαι.
μαρτυρεῖ δέ μοι καὶ Ὁμήρου ἔπος ἐν Ὀδυσσείᾳ·
οἳ οὐκ ἴσασι θάλασσαν
ἀνέρες, οὐδέ θ᾽ ἅλεσσι μεμιγμένον εἶδαρ ἔδουσιν.
| [1,12] CHAPITRE XII. Suite de l'histoire de Pyrrhus. Des Éléphants.
Pyrrhus est donc le premier qui, parti de la Grèce au delà du golfe Ionien, soit venu
attaquer les Romains. Il fut appelé en Italie par les Tarentins, qui trop faibles pour résister
par eux-mêmes aux Romains avec lesquels ils étaient en guerre depuis quelque
temps, crurent que Pyrrhus qu'ils avaient obligé précédemment en lui
prêtant des vaisseaux pour son expédition contre Corcyre, ne leur refuserait
pas son secours. Il se décida principalement sur l'exposé que lui firent les
ambassadeurs Tarentins de la richesse de l'Italie, qui à elle seule, disaient-
ils, valait la Grèce en entier ; et sur ce qu'ils lui représentèrent, qu'il y aurait
de l'injustice de sa part à négliger ses amis au moment où ils avaient
recours à sa protection. Tandis qu'ils partaient, la prise de Troie revint à la
mémoire de Pyrrhus, et il ne douta pas que cette guerre ne se terminât de
même, il descendait en effet d'Achille et allait faire la guerre à des
descendants des Troyens. Comme il ne mettait jamais de délai entre le
projet et l'exécution, son parti ne fut pas plutôt pris, qu'il équipa des
vaisseaux longs et ronds pour transporter les hommes et les chevaux.
Quelques hommes peu connus comme écrivains, nous ont laissé des livres
intitulés, Mémoires de Pyrrhus ; on ne peut s'empêcher, en les lisant,
d'admirer la sagesse avec laquelle il se préparait d'avance aux combats qu'il
avait sans cesse à livrer, et l'intrépidité qu'il montrait au moment de
l'action. Dans la guerre dont il s'agit, il passa en Italie avec ses vaisseaux
sans que les Romains en fussent instruits, il ne se montra pas même à eux
aussitôt après son arrivée ; il ne parût avec son armée que lorsque le combat
fut engagé entre les Tarentins et les Romains, et tombant sur ces derniers à
l'improviste, il les mit en désordre, comme cela devait être ; au reste,
comme il savait bien qu'il n'était pas en état de se mesurer avec les
Romains, il s'était procuré des éléphants pour les lâcher contre eux.
Alexandre est le premier prince de l'Europe qui ait eu des éléphants, il les
prit après qu'il eût vaincu Porus et les Indiens. Les rois ses successeurs en
eurent aussi après sa mort ; Antigone surtout en possédait un grand
nombre. Ceux de Pyrrhus lui venaient de la victoire qu'il avait remportée
sur Démétrius fils d'Antigone, et leur vue répandit l'épouvante parmi les
Romains qui les prenaient pour toute autre chose que des animaux. Les
dents d'éléphants étaient depuis longtemps connues et employées à divers
ouvrages, mais avant que les Macédoniens eussent passé en Asie, les
éléphants eux-mêmes n'étaient connus que des Indiens, des Libyens et des
autres peuples voisins, Homère dit bien, à la vérité, que les lits des rois et
même les maisons des plus opulents d'entre eux, étaient ornés d'ivoire,
mais il ne parle des éléphants dans aucun de ses poèmes, et s'il en avait vu,
ou s'il en avait appris quelque chose, il en aurait fait mention plutôt que des
combats des Pygmées et des Grues.
Pyrrhus se laissa bientôt après entraîner dans la Sicile par une ambassade
des Syracusains ; les Carthaginois débarqués dans cette île avaient chassé
les habitants de toutes les villes Grecques, excepté de Syracuse qu'ils
tenaient assiégée ; Pyrrhus ayant appris cela des ambassadeurs, laissa là
Tarente, ainsi que tous les Grecs de cette côte de l'Italie, passa en Sicile, et fit
lever aux Carthaginois le siège de Syracuse. Enflé de ce succès, il ne
réfléchit pas que les Carthaginois, Tyriens, Phéniciens d'origine, étaient à
cette époque, de tous les peuples barbares, le plus exercé à la mer, et il eut
la témérité de leur livrer un combat sur cet élément, avec des vaisseaux
montés par des Épirotes, qui pour la plupart ne connaissaient même pas la
mer à l'époque du siège de Troie, et ignoraient encore l'usage du sel, ainsi
que nous l'apprend Homère, qui dit dans l'Odyssée, en parlant d'eux ; ces
peuples qui ne connaissent pas la mer, et ignorent l'usage du sel dans leurs
aliments.
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