[2,72] Μετὰ ταῦτά φησιν· Εἰ μὲν ἐβούλετο λανθάνειν, τί
ἠκούετο ἡ ἐξ οὐρανοῦ φωνὴ κηρύττουσα αὐτὸν υἱὸν θεοῦ;
Εἰ δ´ οὐκ ἐβούλετο λανθάνειν, τί ἐκολάζετο ἢ τί ἀπέθνῃσκε;
Καὶ οἴεται ἐν τούτοις διαφωνίαν ἐλέγχειν τῶν περὶ αὐτοῦ
γεγραμμένων, οὐχ ὁρῶν ὅτι {οὔτε πάντα τὰ περὶ αὐτὸν
ἐβούλετο πᾶσι καὶ οἷς ἔτυχε γινώσκεσθαι οὔτε πάντα
λανθάνειν τὰ καθ´ ἑαυτόν.} Ἡ γοῦν ἐξ οὐρανοῦ φωνὴ
κηρύττουσα αὐτὸν εἶναι υἱὸν θεοῦ καὶ λέγουσα· {«Οὗτός
ἐστιν ὁ υἱός μου ὁ ἀγαπητός, ἐν ᾧ ηὐδόκησα», οὐκ ἀναγέγραπται
εἰς ἐπήκοον τοῖς ὄχλοις γεγονέναι, ὅπερ ᾠήθη ὁ
Κέλσου Ἰουδαῖος. Ἀλλὰ καὶ ἡ ἐν τῷ ὑψηλοτάτῳ ὄρει ἀπὸ
τῆς νεφέλης φωνὴ μόνοις ἠκούετο τοῖς συναναβᾶσιν αὐτῷ.
Καὶ γὰρ τοιαύτη ἐστὶν ἡ θεία φωνή, ἀκουομένη μόνοις
ἐκείνοις, οὓς βούλεται ἀκούειν ὁ λέγων.} Οὐδέπω δὲ λέγω
ὅτι οὐ πάντως ἐστὶν ἀὴρ πεπληγμένος ἢ πληγὴ ἀέρος ἢ
ὅ τι ποτὲ λέγεται ἐν τοῖς περὶ φωνῆς ἡ ἀναγραφομένη φωνὴ
τοῦ θεοῦ, διόπερ τῇ κρείττονι τῆς αἰσθητῆς ἀκοῆς καὶ
θειοτέρᾳ ἀκούεται. Καὶ ἐπὰν βούληται ὁ λέγων μὴ πᾶσιν
ἐξάκουστον εἶναι τὴν ἑαυτοῦ φωνήν, ὁ μὲν «ἔχων» τὰ
κρείττονα «ὦτα» ἀκούει θεοῦ, ὁ δὲ κεκωφωμένος τὴν τῆς
ψυχῆς ἀκοὴν ἀναισθητεῖ λέγοντος θεοῦ. Ταῦτα μὲν διὰ τὸ
τί ἠκούετο ἡ ἐξ οὐρανοῦ φωνὴ ἡ κηρύττουσα αὐτὸν υἱὸν
θεοῦ; Εἰς δὲ τὸ εἰ οὐκ ἐβούλετο λανθάνειν, τί ἐκολάζετο ἢ
τί ἀπέθνῃσκεν; ἀρκεῖ τὰ περὶ τοῦ πάθους ἡμῖν διὰ
πλειόνων ἐν τοῖς ἀνωτέρω λελεγμένα.
| [2,72] Le juif prétendant que nos auteurs s'accordent mal avec eux-mêmes en ce
qu'ils nous disent de Jésus, nous demande encore : S'il voulait demeurer
caché, pourquoi une voix venant du ciel déclara-t-elle hautement qu'il
était le Fils de Dieu ? et s'il voulait être connu, pourquoi s'est-il
laissé conduire au supplice; pourquoi est-il mort? Mais il ne prend pas
garde que l'intention de Jésus n'était, ni de se faire connaître à tout le
monde sans distinction, ni de demeurer absolument caché. Aussi ne
lisons-nous pas que la voix céleste, qui déclara qu'il était le Fils de
Dieu, en disant : "C'est ici mon Fils bien-aimé, dans lequel j'ai mis toute
mon affection" (Matth., III, 17), fut formée en sorte que les troupes la
pussent entendre, comme se l'imagine le juif de Celse (Matth., XVII, 5).
Et l'autre voix, qui sortit d'une nuée sur une fort haute montagne, ne put
être entendue que de ceux qui étaient montés avec Jésus : les voix divines
ayant même cette propriété de ne se faire entendre qu'à ceux de qui celui
qui parle veut être entendu. Pour ne point dire que les voix dont il
s'agit ne peuvent être ni un air agité, ni une secousse de l'air, ni rien
de tout ce que les philosophes veulent que soit la voix : ce qui fait que
le sens qu'elles frappent doit être un sens plus exquis et plus divin que
celui de l'ouïe ordinaire, et que quand Dieu, qui les forme, ne veut pas
être entendu de tout le monde, il l'est seulement de ceux qui ont ce sens
exquis et divin, pendant que les autres, qui ont l'ouïe de leurs âmes mal
disposée, demeurent sourds pour ce qu'il dit. Voilà pour ce qui regarde
ces paroles : Pourquoi une voix venant du ciel déclara-t-elle hautement
qu'il était le Fils de Dieu ? A l'égard de ces autres : S'il voulait être
connu, pourquoi s'est-ill laissé conduire au supplice? pourquoi est-il
mort? Nous y avons suffisamment répondu ci-dessus, lorsque nous avons
traité de sa passion avec une assez grande étendue.
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