HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Lucien, Sur les portraits

Chapitres 19-21

  Chapitres 19-21

[19] Ἐκεῖνο δέ γέ φημι, τοιαύτας ἡμῖν τὰς ἀφορμὰς τῶν ἐπαινετικῶν τούτων λόγων εἶναι, ὡς χρὴ τὸν ἐπαινοῦντα καὶ εἰκόσι καὶ ὁμοιώσεσι προσχρῆσθαι, καὶ σχεδὸν ἐν τούτῳ τὸ μέγιστόν ἐστιν εὖ εἰκάσαι· τὸ δὲ εὖ ὧδε μάλιστ´ ἂν κρίνοιτο, οὐκ ἤν τις τοῖς ὁμοίοις παραβάλλῃ οὐδ´ ἢν πρὸς τὸ ὑποδεέστερον ποιῆται τὴν παράθεσιν, ἀλλ´ ἢν πρὸς τὸ ὑπερέχον ὡς οἷόν τε προσβιβάζῃ τὸ ἐπαινούμενον. Οἷον εἴ τις κύνα ἐπαινῶν εἴποι ἀλώπεκος εἶναι μείζω αὐτὸν αἰλούρου, ἆρά σοι δοκεῖ τοιοῦτος ἐπαινεῖν εἰδέναι; οὐκ ἂν εἴποις. ἀλλὰ μὴν οὐδ´ εἰ λύκῳ φαίη ἴσον αὐτὸν ὑπάρχειν, οὐδὲ οὕτως μεγαλωστὶ ἐπῄνεσεν. ἀλλὰ ποῦ τὸ ἴδιον τοῦ ἐπαίνου ἀποτελεῖται; ἢν κύων τῷ λέοντι ἐοικέναι λέγηται καὶ μέγεθος καὶ ἀλκήν. ὡς τὸν Ὠρίωνος κύνα ἐπαινῶν ἔφη ποιητὴς λεοντοδάμαν αὐτόν· οὗτος γὰρ δὴ κυνὸς ἐντελὴς ἔπαινος. Καὶ πάλιν εἴ τις Μίλωνα τὸν ἐκ Κρότωνος Γλαῦκον τὸν ἐκ Καρύστου Πολυδάμαντα ἐπαινέσαι θέλων ἔπειτα λέγοι ἰσχυρότερον ἕκαστον αὐτῶν γυναικὸς γενέσθαι, οὐκ ἂν οἴει γελασθῆναι αὐτὸν ἐπὶ τῇ ἀνοίᾳ τοῦ ἐπαίνου; ὅπου γε καὶ εἰ ἑνὸς ἀνδρὸς ἔλεγεν ἀμείνω εἶναι αὐτόν, οὐδὲ τοῦτο ἀπέχρησεν ἂν εἰς ἔπαινον. ἀλλὰ πῶς ἐπῄνεσε ποιητὴς εὐδόκιμος τὸν Γλαῦκον, ‘οὐδὲ Πολυδεύκεος βίανφήσας ἀνατείνασθαι ἂν αὐτῷ ἐναντίας τὰς χεῖραςοὐδὲ σιδάρεον Ἀλκμάνας τέκος’; ὁρᾷς ὁποίοις αὐτὸν θεοῖς εἴκασε· μᾶλλον δὲ καὶ αὐτῶν ἐκείνων ἀμείνω ἀπέφαινεν. καὶ οὔτε αὐτὸς Γλαῦκος ἠγανάκτησεν τοῖς ἐφόροις τῶν ἀθλητῶν θεοῖς ἀντεπαινούμενος, οὔτε ἐκεῖνοι ἠμύναντο τὸν Γλαῦκον τὸν ποιητὴν ὡς ἀσεβοῦντα περὶ τὸν ἔπαινον, ἀλλὰ εὐδοκίμουν ἄμφω καὶ ἐτιμῶντο ὑπὸ τῶν Ἑλλήνων, μὲν ἐπὶ τῇ ἀλκῇ, Γλαῦκος, δὲ ποιητὴς ἐπί τε τοῖς ἄλλοις καὶ ἐπ´ αὐτῷ τούτῳ μάλιστα τῷ ᾄσματι. Μὴ δὴ θαυμάσῃς εἰ καὶ αὐτὸς εἰκάσαι βουλόμενος, ὅπερ ἦν τῷ ἐπαινοῦντι ἀναγκαῖον, ὑψηλοτέρῳ ἐχρησάμην τῷ παραδείγματι, τοῦτο ὑποβαλόντος τοῦ λόγου. [19] Je vous dirai plutôt que notre manière de composer un éloge consiste à nous servir de comparaisons et d'images, dont le principal mérite est la justesse. Pour y atteindre, ce n'est pas assez que l'objet de la comparaison soit parfaitement égal à celui de la louange ou ne lui soit inférieur en aucun point; mais il faut, autant que possible, élever l'être qu'on loue jusqu'à un objet qui l'emporte de beaucoup sur lui. Par exemple, si, pour faire l'éloge d'un chien, un disait qu'il est plus gros qu'un renard ou qu'un chat, serait-ce, à votre avis, le louer d'une manière convenable ? "Non", diriez-vous ; et, quand on comparerait ce chien à un loup, l'éloge ne serait pas encore fort grand. Comment donc l'amener à sa perfection naturelle ? En disant : "Ce chien, par la taille et la force, ressemble à un lion." Ainsi un poète, pour faire l'éloge du chien d'Orion, l'appelle dompteur de lions. Voilà l'éloge parfait d'un chien. De même, si l'on veut louer un fameux athlète Milon de Crotone, Glaucus de Caryste ou Polydamas, et qu'on dise de lui qu'il est plus robuste qu'une femme, ne croirez-vous pas que l'auteur d'un si sot éloge a voulu tourner son héros en ridicule ? Eût-il exalté sa force au-dessus de celle d'un homme, il serait encore loin d'avoir fait un éloge véritable. Écoutez comme un poète célèbre fait l'éloge de Glaucus : "Ni le frère bouillant d'Hélène, Ni le robuste fils d'Alcmène", N'eût tendu contre lui ses bras musclés de fer. Vous voyez comme il compare son héros à des dieux, ou plutôt comme il l'élève au-dessus des immortels. Cependant Glaucus ne s’est pas fâché d'avoir été mis en parallèle avec les dieux qui président à la lutte, et jamais ceux-ci n'ont songé à tirer vengeance de Glaucus ou de son poète, à cause de l'impiété de cet éloge. L'un et l'autre, au contraire, ont joui de l'estime et de l'admiration de toute la Grèce : Glaucus, à cause de sa force ; le poète, pour ses autres chants et notamment à cause de celui-ci. Ne soyez donc pas étonnée si, voulant faire une comparaison nécessaire à tout éloge, je me suis servi d'un exemple outré en apparence : le bon sens me l'indiquait.
[20] Ἐπεὶ δὲ καὶ κολακείας ἐπεμνήσθης, ὅτι μὲν καὶ σὺ μισεῖς τοὺς κολακικούς, ἐπαινῶ μέν σε, καὶ οὐκ ἐχρῆν ἄλλως. ἐθέλω δέ σοι διακρῖναι καὶ διορίσαι τό τε τοῦ ἐπαινοῦντος ἔργον καὶ τὴν τοῦ κόλακος ὑπερβολήν. μὲν οὖν κόλαξ ἅτε τῆς χρείας ἕνεκα τῆς ἑαυτοῦ ἐπαινῶν, ἀληθείας δὲ ὀλίγην ποιούμενος τὴν πρόνοιαν, ἅπαντα ὑπερεπαινεῖν οἴεται δεῖν, ἐπιψευδόμενος καὶ προστιθεὶς παρ´ αὑτοῦ τὰ πλείω, ὡς μὴ ἂν ὀκνῆσαι καὶ τὸν Θερσίτην εὐμορφότερον ἀποφῆναι τοῦ Ἀχιλλέως καὶ τὸν Νέστορα φάναι τῶν ἐπὶ Ἴλιον στρατευσάντων τὸν νεώτατον εἶναι. διομόσαιτο δ´ ἂν καὶ τὸν Κροίσου υἱὸν ὀξυηκοώτερον εἶναι τοῦ Μελάμποδος καὶ τὸν Φινέα ὀξύτερον δεδορκέναι τοῦ Λυγκέως, ἤνπερ μόνον κερδᾶναί τι ἐλπίσῃ ἐπὶ τῷ ψεύσματι. δέ γε αὐτὸ τοῦτο ἐπαινῶν οὐχ ὅπως οὐδ´ ἂν ψεύσαιτό τι προσθείη τῶν μηδὲ ὅλως προσόντων, τὰ δ´ ὑπάρχοντα αὐτῷ φύσει ἀγαθά, κἂν μὴ πάνυ μεγάλα , παραλαβὼν ἐπηύξησε καὶ μείζω ἀπέφηνε· καὶ τολμήσειεν ἂν εἰπεῖν, ἵππον ἐπαινέσαι θέλων, φύσει κοῦφον ὧν ἴσμεν ζῴων καὶ δρομικόν, ὅτι Ἄκρον ἐπ´ ἀνθερίκων καρπὸν θέεν οὐδὲ κατέκλα. καὶ πάλιν οὐκ ἂν ὀκνήσειεν φάναι "ἀελλοπόδων δρόμον ἵππων." καὶ ἢν οἰκίαν ἐπαινῇ καλὴν καὶ ἄριστα κατεσκευασμένην, εἴποι ἄν Ζηνός που τοιήδε γ´ Ὀλυμπίου ἔνδοθεν αὐλή. δὲ κόλαξ τοῦτο τὸ ἔπος κἂν περὶ τῆς συβώτου καλύβης εἴποι, εἰ μόνον τι παρὰ τοῦ συβώτου λαβεῖν ἐλπίσειεν· ὅπου Κύναιθος Δημητρίου τοῦ Πολιορκητοῦ κόλαξ ἁπάντων αὐτῷ τῶν πρὸς τὴν κολακείαν καταναλωμένων ἐπῄνει ὑπὸ βηχὸς ἐνοχλούμενον τὸν Δημήτριον, ὅτι ἐμμελῶς ἐχρέμπτετο. [20] Vous avez parlé de flatterie ; vous avez déclaré que vous détestiez les flatteurs : je vous en loue, et je ne puis faire autrement. Seulement, ne confondez pas, je vous prie, mais distinguez bien l'oeuvre de la louange et l'exagération de la flatterie. Le flatteur ne loue qu'en vue de son intérêt ; il n'a aucun souci de la vérité ; il croit devoir, en toute occasion, pousser son hyperbole à l'excès ; il ment ; il emprunte à son imagination presque tout ce qu'il dit ; il n'hésite pas à dire que Thersite est beaucoup plus beau qu'Achille, que Nestor est le plus jeune des guerriers qui sont devant Troie ; il jurera que le fils de Crésus a l'ouïe plus délicate que Mélampe, que Phinée a la vue plus perçante que Lyncée du moment qu'il espère profiter de ses mensonges. Au contraire, celui qui loue ne ment jamais ; jamais il ne prête à son sujet des qualités qui n'existent point : seulement il peint les avantages naturels, même peu développés, de l'objet loué, puis il les amplifie et leur donne un air de grandeur. Il osera dire d'un cheval, qui, de tous les animaux que nous connaissons, est, de sa nature, le plus léger et le plus vite : "Il n'eût pas fait courber la tête des épis". Et ailleurs : "Le galop des chevaux prompts comme la tempête". S'il veut louer une belle maison, il dira : "Tel est de Jupiter le céleste palais". Un flatteur appliquerait ce vers à la cabane d'un gardeur de pourceaux, s'il espérait en tirer quelque chose. C'est ainsi que Cynéthus, flatteur de Démétrius Poliorcète, après avoir épuisé toutes les ressources de la flatterie, louait Démétrius, tourmenté de la toux, de ce qu'il crachait avec grâce.
[21] Οὐ μόνον δὲ τοῦτο ἑκατέρου αὐτῶν γνώρισμά ἐστιν, τὸ τοὺς μὲν κόλακας οὐκ ὀκνεῖν καὶ ψεύδεσθαι τοῦ χαρίσασθαι ἕνεκα τοῖς ἐπαινουμένοις, ἐξαίρειν δὲ τοὺς ἐπαινοῦντας τὰ ὑπάρχοντα πειρᾶσθαι· ἀλλὰ κἀκείνῳ οὐ μικρῷ διαλλάττουσιν, ὅτι οἱ μὲν κόλακες, ἐφ´ ὅσον οἷόν τε αὐτοῖς, χρῶνται ταῖς ὑπερβολαῖς, οἱ ἐπαινοῦντες δὲ καὶ ἐν αὐταῖς ταύταις σωφρονοῦσιν καὶ ἐντὸς τῶν ὅρων μένουσιν. Ταῦτά σοι ἀπὸ πολλῶν ὀλίγα κολακείας καὶ ἐπαίνου ἀληθοῦς δείγματα, ὡς μὴ πάντας ὑποπτεύσῃς τοὺς ἐπαινοῦντας, ἀλλὰ διακρίνῃς καὶ παραμετρῇς τῷ οἰκείῳ μέτρῳ ἑκάτερον. [21] Le caractère qui distingue le flatteur du panégyriste ne consiste pas seulement en ce que l'un ne fait aucune difficulté d'employer le mensonge pour faire plaisir à ceux qu'il loue, tandis que l'autre essaye d'outrer des qualités qui existent ; mais ils diffèrent essentiellement en ceci, que le flatteur use des hyperboles les plus violentes qu'il puisse inventer, tandis que le panégyriste évite prudemment cet excès, et se tient dans de justes bornes. Telles sont, entre mille, les différences qui séparent la flatterie de la louange sincère : elles vous apprendront à ne pas soupçonner tous ceux qui vous louent, mais à les distinguer et à mesurer chacun d'eux à la règle qui lui convient.


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Dernière mise à jour : 26/05/2009