HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Lucien, Sur les portraits

Chapitres 16-18

  Chapitres 16-18

[16] ΛΥΚΙΝΟΣ. Ἀλλὰ ἐκεῖνο ἀνιαρόν, Πολύστρατε, ὅτι μὴ ἐκείνης παρούσης ποιήσομαι τοὺς λόγους· μακρῷ γὰρ ἂν οὕτως ἄμεινον ἦν. νῦν δὲ ἀνάγκη ἀπ´ ἐντολῆς ἀπολογήσασθαι. ἀλλ´ εἴ μοι τοιοῦτος ἀγγελιαφόρος γένοιο πρὸς αὐτὴν οἷος παρ´ ἐκείνης πρὸς μὲ γεγένησαι, τολμήσω ἀναρρῖψαι τὸν κύβον. ΠΟΛΥΣΤΡΑΤΟΣ. Θάρρει, Λυκῖνε, τούτου γε ἕνεκα, ὡς οὐ φαῦλόν με ὑποκριτὴν ἕξων τῆς ἀπολογίας, πειρώμενος διὰ βραχέων εἰπεῖν, ὡς ἂν μᾶλλον μνημονεύσαιμι. ΛΥΚΙΝΟΣ. Καὶ μὴν πάνυ μὲν ἔδει μοι μακρῶν τῶν λόγων πρὸς οὕτω σφοδρὰν τὴν κατηγορίαν. ὅμως δὲ σοῦ ἕνεκα ἐπιτεμοῦμαι τὴν ἀπολογίαν. καὶ παρ´ ἐμοῦ τοίνυν τάδε αὐτῇ ἀπάγγελλε. ΠΟΛΥΣΤΡΑΤΟΣ. Μηδαμῶς, Λυκῖνε, ἀλλ´ ὥσπερ αὐτῆς ἐκείνης παρούσης λέγε τὸν λόγον, εἶτ´ ἐγὼ μιμήσομαί σε πρὸς αὐτήν. ΛΥΚΙΝΟΣ. Οὐκοῦν ἐπειδήπερ οὕτω σοι δοκεῖ, Πολύστρατε, μὲν πάρεστι καὶ προείρηκε δηλαδὴ ἐκεῖνα ὁπόσα σὺ παρ´ αὐτῆς ἀπήγγειλας, ἡμᾶς δὲ χρὴ τῶν δευτέρων λόγων ἐνάρχεσθαι. καίτοιοὐ γὰρ ὀκνήσω πρὸς σὲ εἰπεῖν πέπονθαοὐκ οἶδ´ ὅπως φοβερώτερόν μοι τὸ πρᾶγμα πεποίηκας, καὶ ὡς ὁρᾷς ἱδρῶ τε ἤδη καὶ δέδοικα καὶ μονονουχὶ καὶ ὁρᾶν αὐτὴν οἴομαι, καὶ τὸ πρᾶγμα πολλήν μοι τὴν ταραχὴν ἐμπεποίηκεν. ἄρξομαι δ´ ὅμως· οὐ γὰρ οἷόν τε ἀναδῦναι ἤδη παρούσης. ΠΟΛΥΣΤΡΑΤΟΣ. Καὶ νὴ Δία πολλὴν τὴν εὐμένειαν ἐπιφαίνει τῷ προσώπῳ· φαιδρὰ γὰρ ὡς ὁρᾷς καὶ προσηνής. ὥστε θαρρῶν λέγε τὸν λόγον. [16] LYCINUS. Une chose me contrarie, Polystrate, c'est que notre héroïne ne soit pas présente à mon discours : cela vaudrait beaucoup mieux. Me voilà réduit à me justifier par commission. Cependant, si tu veux être mon interprète auprès d'elle avec la même fidélité que tu as été le sien auprès de moi, je ne craindrai pas de jeter le dé. POLYSTRATE. Sois tranquille à cet égard, Lycinus ; je m'acquitterai parfaitement de mon rôle apologétique : seulement tâche d'être bref, pour que je retienne mieux. LYCINUS. J'aurais pourtant besoin de parler longtemps, afin de réfuter une accusation si terrible. Mais je veux bien, à cause de toi, abréger cette apologie. Va donc lui dire de ma part.... POLYSTRATE. Pas du tout, Lycinus : parle-lui, comme si elle était elle-même présente ; je t'imiterai auprès d'elle. LYCINUS. Eh bien, puisque tu le veux, Polystrate, elle est ici , et c'est elle qui m'a dit tout ce que tu m'as fait savoir de sa part. Je n'ai plus qu'à commencer ma réponse. Mais, mon ami, car je n'hésite pas à t'avouer ce qui m'arrive, tu m'as rendu, je ne sais comment, ma justification bien redoutable. Tu le vois, je sue, j'ai peur; il me semble que je l'aperçois elle-même, et cette vue me jette dans le plus grand trouble. Je commence toutefois : il n'y a plus à différer, elle est là. POLYSTRATE. Oui, par Jupiter ! La plus grande bonté brille sur son visage : elle est, tu le vois, sereine et affable. Parle donc en toute assurance.
[17] ΛΥΚΙΝΟΣ. Ἐγώ σε, γυναικῶν ἀρίστη, μεγάλα, ὡς φής, καὶ πέρα τοῦ μέτρου ἐπαινέσας οὐχ ὁρῶ τι τηλικοῦτον ἐπῄνεσα, ἡλίκον αὐτὴ σὺ τοῦτο ἐγκώμιον ὑπὲρ σεαυτῆς ἐξενήνοχας τὴν πρὸς τὸ θεῖον τιμὴν ἐν μεγάλῳ τιθεμένη. σχεδὸν γὰρ ἁπάντων τοῦτο μεῖζον ὧν εἴρηκα περὶ σοῦ, καὶ συγγνώμη, εἰ μὴ καὶ ταύτην σοι προσέγραψα τὴν εἰκόνα ὑπ´ ἀγνοίας με διαλαθοῦσαν· οὐ γὰρ ἂν ἄλλην πρὸ αὐτῆς ἐγραψάμην. ὥστε ταύτῃ γε οὐχ ὅπως ὑπερβάλλεσθαι τοὺς ἐπαίνους, ἀλλὰ πολὺ καταδεέστερόν μοι δοκῶ τῆς ἀξίας εἰρηκέναι. σκόπει γοῦν ἡλίκον τοῦτο παρέλιπον, ὡς παμμέγεθες εἰς ἐπίδειξιν τρόπου χρηστοῦ καὶ γνώμης ὀρθῆς· ὡς ὅσοι τὸ θεῖον μὴ ἐν παρέργῳ σέβουσιν, οὗτοι καὶ τὰ πρὸς ἀνθρώπους ἄριστοι ἂν εἶεν. ὥστε εἰ πάντως μετακοσμῆσαι δέοι τὸν λόγον καὶ τὸ ἄγαλμα ἐπανορθώσασθαι, ἀφελεῖν μὲν οὐκ ἄν τι τολμήσαιμι αὐτοῦ, προσθήσω δὲ καὶ τοῦτο ὥς τινα κεφαλὴν τοῦ παντὸς ἔργου καὶ κορυφήν. Ἐπ´ ἐκείνῳ μέντοι καὶ πάνυ πολλήν σοι εἰδέναι τὴν χάριν ὁμολογῶ· ἐμοῦ γὰρ ἐπαινέσαντος τὸ μέτριον τοῦ σοῦ τρόπου καὶ ὅτι μηδὲν ὑπερπετὲς μηδὲ τύφου μεστὸν ἐνεποίησέ σοι παρὼν ὄγκος τῶν πραγμάτων, σὺ τὰ τοιαῦτα αἰτιασαμένη τοῦ λόγου ἐπιστώσω τοῦ ἐπαίνου τὴν ἀλήθειαν· τὸ γὰρ μὴ προαρπάζειν τὰ τοιαῦτα τῶν ἐγκωμίων, ἀλλ´ αἰδεῖσθαι ἐπ´ αὐτοῖς καὶ μείζω κατὰ σὲ εἶναι λέγειν, μετρίας καὶ δημοτικῆς τινος διανοίας δεῖγμά ἐστιν. πλὴν ἀλλὰ ὅσῳπερ ἂν πρὸς τὸ ἐπαινεῖσθαι αὐτὸ οὕτω διακειμένη τυγχάνῃς, τοσούτῳ ἀξιωτέραν ὑπερεπαινεῖσθαι ἀποφαίνεις σεαυτήν, καὶ σχεδὸν εἰς τὸν τοῦ Διογένους λόγον περιελήλυθέν σοι τὸ πρᾶγμα, ὃς ἐρομένου τινὸς ὅπως ἄν τις ἔνδοξος γένοιτο, "Εἰ δόξης," ἔφη, "καταφρονήσειε." φαίην γὰρ ἂν καὶ αὐτός, εἴ τις ἔροιτό με, "Τίνες εἰσὶν μάλιστα ἐπαίνου ἄξιοι;" "Ὁπόσοι ἐπαινεῖσθαι μὴ θέλουσιν." [17] LYCINUS. Je vous ai donné, ô la plus parfaite des femmes, des louanges dont l'étendue vous paraît, dites-vous, exagérée; je ne vois cependant pas que je vous aie louée autant que vous le faites vous-même par votre excessive piété envers les dieux. Ce trait surpasse tout ce que j'ai pu dire de vous : pardonnez si je ne l'ai point ajouté à votre portrait je l'ignorais, il m'a échappé ; sans cela je l'eusse dessiné avant tous les autres. Loin donc que mes éloges soient outrés, je sens combien je suis resté au-dessous de mon sujet. Voyez quel coup de pinceau j'ai négligé, qui eût mis dans tout son jour l'excellence de votre caractère et la justesse de votre raison, puisque la piété envers les dieux est le garant de la vertu envers les hommes. Par suite, si je dois retoucher mon oeuvre et corriger votre portrait, je n'aurai pas la témérité d'y rien retrancher, mais j'y ajouterai ce trait, qui doit achever et couronner tout l'ouvrage. Je vous ai donc à cet égard, je l'avoue, la plus grande obligation. Et quand j'ai vanté la modération de votre caractère, ennemi du faste et de l'orgueil au milieu des splendeurs de votre fortune, en vous plaignant de mon éloge, vous en confirmez la vérité. En effet, ne pas s'approprier avidement de pareilles louanges, mais les refuser par scrupule, prétendre qu'elles sont bien au-dessus de son mérite, c'est la marque certaine d'une âme modeste et populaire. Seulement, plus vous montrez cette disposition au sujet des éloges, plus vous faites connaître que vous êtes digne d'être exaltée. On peut, à ce propos, vous appliquer un mot de Diogène. On lui demandait comment on peut mériter la gloire : "En la méprisant," répondit-il. Si l'on me demandait quels sont ceux qui méritent le plus d'être loués, je dirais : « Ceux qui ne veulent pas l'être. »
[18] Ἀλλὰ ταῦτα μὲν ἴσως ἐξαγώνια καὶ πόρρω τοῦ πράγματος. ὑπὲρ δὲ οὗ χρὴ ἀπολογήσασθαι, τοῦτό ἐστιν, ὅτι τῇ ἐν Κνίδῳ καὶ τῇ ἐν κήποις καὶ Ἥρᾳ καὶ Ἀθηνᾷ τὴν μορφὴν ἀναπλάττων εἴκασα. ταῦτά σοι ἔκμετρα ἔδοξεν καὶ ὑπὲρ τὸν πόδα. περὶ αὐτῶν δὴ τούτων ἐρῶ. Καίτοι παλαιὸς οὗτος λόγος, ἀνευθύνους εἶναι ποιητὰς καὶ γραφέας, τοὺς δὲ ἐπαινοῦντας καὶ μᾶλλον, οἶμαι, εἰ καὶ χαμαὶ καὶ βάδην, ὥσπερ ἡμεῖς, ἀλλὰ μὴ ἐπὶ μέτρων φέροιντο. ἐλεύθερον γάρ τι ἔπαινος, οὐδ´ ἔστιν αὐτοῦ μέτρον εἰς μέγεθος βραχύτητα νενομοθετημένον, ἀλλὰ τοῦτο μόνον ἐξ ἅπαντος ὁρᾷ ὅπως ὑπερθαυμάσεται καὶ ζηλωτὸν ἀποφανεῖ τὸν ἐπαινούμενον. οὐ μὴν ταύτην ἐγὼ βαδιοῦμαι, μὴ καὶ σοὶ δόξω ὑπ´ ἀπορίας αὐτὸ δρᾶν. [18] Mais ces réflexions paraîtront peut-être étrangères à la cause et s'éloigner de la question. Le point sur lequel je dois me justifier, est d'avoir comparé votre beauté à celle de la Vénus de Cnide et de la Vénus des Jardins, à celle de Junon et de Minerve. Cet éloge vous semble excessif ; c'est une chaussure trop grande pour le pied. Examinons donc ce grief. Il y a un vieux proverbe qui dit que les peintres et les poètes ne sont pas responsables de leurs fictions ; à plus forte raison, selon moi, ceux qui font des éloges, quoiqu'ils écrivent, comme nous, en humble prose et ne s'élèvent pas sur les ailes du mètre. L'éloge est libre ; son étendue ni sa brièveté ne sont soumises à aucune loi ; l'unique objet qu'on s'y propose est d'exciter la plus vive admiration pour la personne louée et de la présenter comme un modèle. Mais je n'emploierai pas ce moyen de défense, afin que vous ne croyiez pas que j'en suis réduit à prendre cette voie.


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Dernière mise à jour : 26/05/2009