[34] Μικροποιὸν δ´ οὐδὲν οὕτως ἐν τοῖς ὑψηλοῖς ὡς ῥυθμὸς κεκλασμένος
λόγων καὶ σεσοβημένος, οἷον δὴ πυρρίχιοι καὶ τροχαῖοι καὶ
διχόρειοι, τέλεον εἰς ὀρχηστικὸν συνεκπίπτοντες· εὐθὺς γὰρ πάντα
φαίνεται τὰ κατάρρυθμα κομψὰ καὶ μικροχαρῆ, {καὶ} ἀπαθέστατα
διὰ τῆς ὁμοειδείας ἐπιπολάζοντα· καὶ ἔτι τούτων τὸ χείριστον, ὅτι,
ὥσπερ τὰ ᾠδάρια τοὺς ἀκροατὰς ἀπὸ τοῦ πράγματος ἀφέλκει
καὶ ἐφ´ αὑτὰ βιάζεται, οὕτως καὶ τὰ κατερρυθμισμένα τῶν
λεγομένων οὐ τὸ τοῦ λόγου πάθος ἐνδίδωσι τοῖς ἀκούουσι, τὸ δὲ
τοῦ ῥυθμοῦ, ὡς ἐνίοτε προειδότας τὰς ὀφειλομένας καταλήξεις
αὐτοὺς ὑποκρούειν τοῖς λέγουσι καὶ φθάνοντας ὡς ἐν χορῷ τινι
προαποδιδόναι τὴν βάσιν.
Ὁμοίως δὲ ἀμεγέθη καὶ τὰ λίαν συγκείμενα καὶ εἰς μικρὰ
καὶ βραχυσύλλαβα συγκεκομμένα καὶ ὡσανεὶ γόμφοις τισὶν
ἐπαλλήλοις κατ´ ἐγκοπὰς καὶ σκληρότητας ἐπισυνδεδεμένα.
| [34] CHAPITRE XXXIV. De la mesure des périodes.
Au contraire il n’y a rien qui rabaisse davantage le sublime que ces
nombres rompus, et qui se prononcent vite, tels que sont les pyrriques, les
trochées et les dichorées qui ne sont bons que pour la danse. En effet
toutes ces sortes de pieds et de mesures n'ont qu'une certaine mignardise et
un petit agrément qui a toujours le même tour, et qui n'émeut point l'âme.
Ce que j'y trouve de pire, c'est que comme nous voyons que naturellement
ceux à qui l’on chante un air ne s'arrêtent point au sens des paroles, et
sont entraînés par le chant : de même ces paroles mesurées n'inspirent
point à l'esprit les passions qui doivent naître du discours, et impriment
simplement dans l'oreille le mouvement de la cadence. Si bien que comme
l'auditeur prévoit ordinairement cette chute qui doit arriver, il va au
devant de celui qui parle, et le prévient, marquant, comme en une danse, la
cadence avant qu'elle arrive.
C’est encore un vice qui affaiblit beaucoup le discours, quand les
périodes sont arrangées avec trop de soin, ou quand les membres en sont
trop courts, et ont trop de syllabes brèves, étant d'ailleurs comme joints
et attachés ensemble avec des clous, aux endroits où ils se désunissent. Il
n’en faut pas moins dire des périodes qui sont trop coupées. Car il n'y a
rien qui estropie davantage le sublime, que de le vouloir comprendre dans
un trop petit espace. Quand je défends néanmoins de trop couper les
périodes, je n'entends pas parler de celles qui ont leur juste étendue :
mais de celles qui sont trop petites, et comme mutilées. En effet de trop
couper son style, cela arrête l'esprit: au lieu que de le diviser en
périodes, cela conduit le lecteur. Mais le contraire en même temps
apparaît des périodes trop longues, et toutes ces paroles recherchées pour
allonger mal à propos un discours sont mortes et languissantes.
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