[2,4] δʹ. Καὶ μήτοι νομίσῃς τὰ ἐν τοῖς οὐρανοῖς ἡμᾶς ἐρεῖν
ἀγαθὰ, καὶ τὰ μετὰ τὴν ἐνθένδε ἀποδημίαν· ἀπὸ γὰρ τῶν
ἐν χερσὶ τέως ποιησόμεθα τὴν ἀπόδειξιν. Σὺ μὲν οὖν τῶν
σαυτοῦ κύριος εἶ μόνον, ἐκεῖνος δὲ τῶν κατὰ τὴν οἰκουμένην ἅπασαν.
Εἰ δὲ ἀπιστεῖς, δεῦρό σε ἀγάγωμεν εἰς αὐτὸν,
καὶ πείσωμεν αὐτὸν κατελθόντα ἀπὸ τοῦ ὄρους, μᾶλλον
δὲ ἐκεῖ μένοντα σημᾶναί τινι τῶν σφόδρα πλουτούντων
καὶ εὐλαβῶν, πέμψαι χρυσοῦ σταθμὸν, ὅσον ἐθέλεις· μᾶλλον
δὲ τοῦτο μὲν οὐκ ἀνέξεται, δοῦναι δὲ τῷ δεῖνι δεομένῳ
κελευέτω, καὶ προθυμότερον ὄψει τὸν πλουτοῦντα ὑπακούοντα
καὶ ἐκκομίζοντα, ἢ τῶν οἰκονόμων τινὰ τῶν σῶν.
Οὗτος μὲν γὰρ ὅταν ἀναλίσκειν κελεύηται, κατηφής τέ
ἐστι καὶ σκυθρωπός· ἐκεῖνος δὲ ὅταν μὴ ἀναλίσκῃ, τότε
δέδοικε μή ποτε προσκεκρουκὼς ᾖ, ἅτε τοιοῦτον ἐπιταττόμενος
οὐδέν. Καὶ πολλοὺς ἐπιδεῖξαι· ἔχω οὐ τῶν εὐδοκίμων τούτων,
ἀλλὰ καὶ τῶν εὐτελεστέρων, τοσαύτην
ἔχοντας δύναμιν. Καὶ σὺ μὲν, ἂν οἱ οἰκονόμοι ἀναλώσωσι
τὰ πιστευθέντα, οὐκ ἔχεις ἀπαιτῆσαι ἕτερον, ἀλλ´ εὐθέως
σοι εἰς πενίαν ὁ πλοῦτος μεταπεσεῖται ὑπὸ τῆς κακουργίας
ἐκείνων· παρὰ δὲ τῷ παιδὶ τῷ σῷ τοῦτο οὐκ ἔστι τὸ
δέος. Ἂν γὰρ οὗτος γένηται πένης, ἐπιτάξει πάλιν ἑτέρῳ·
κἂν ἐκεῖνος πάθῃ τι τοιοῦτον, ἐφ´ ἕτερον μεταβήσεται,
καὶ τὰς τῶν ὑδάτων πηγὰς πρότερον ἐπιλιπεῖν εἰκὸς, ἢ
τῶν ταῦτα ὑπακουσομένων τινά. Καὶ εἰ μὲν τὰ ἡμέτερα
ἐφρόνεις, διηγησάμην ἄν σοι πολλὰ καὶ μεγάλα διηγήματα·
ἐπεὶ δὲ τὰ Ἑλλήνων πρεσβεύεις, οὐδὲ ἐκεῖθεν
ἀπορήσω τοῦ παραδείγματος. Ἄκουσον γὰρ τί πρὸς τὸν
Σωκράτην ὁ Κρίτων φησί· Σοὶ δὲ ὑπάρχει μὲν τὰ ἐμὰ
χρήματα, ὡς ἔγωγε οἶμαι, ἱκανά· ἔπειτα δὲ καὶ εἴ τι
ἐμοῦ κηδόμενος οὐκ οἴει ἀναλίσκειν τἀμὰ, ξένοι οὗτοι
ἐνθάδε ἕτοιμοι ἀναλίσκειν. Εἰσκεκόμικε δὲ ἐπ´ αὐτῷ
τούτῳ ἀργύριον ἱκανὸν Σιμμίας ὁ Θηβαῖος, ἕτοιμος
(p. 337) δὲ καὶ Κέβης, καὶ ἄλλοι πολλοί. Ὥστε, ὅπερ ἔλεγον,
μὴ ταῦτα φοβούμενος ἀποκάμῃς σῶσαι σαυτὸν, μήτε
ὃ ἔλεγες ἐν τῷ δικαστηρίῳ δυσχερές σοι γενέσθω, ὅτι
οὐκ ἂν ἔχοις ἐξελθὼν ὅ τι χρῷο σαυτῷ· πολλαχοῦ
μὲν γὰρ καὶ ἄλλοσε ὅπου ἂν ἀφίκῃ, ἀγαπήσουσί σε.
Ἐὰν δὲ βούλῃ εἰς Θετταλίαν ἰέναι, εἰσὶν ἐμοὶ ἐκεῖ
ξένοι, οἵ σε περὶ πολλοῦ ποιήσονται, καὶ ἀσφάλειάν
σοι παρέξονται, ὥστε σοι μηδὲν ἐλλείπειν τῶν κατὰ
Θετταλίαν. Τί ταύτης τῆς εὐπορίας ἥδιον; Ἀλλὰ ταῦτα
μὲν ὡς πρὸς ἄνδρα βιωτικόν· εἰ δὲ φιλοσοφώτερον αὐτοῦ
τὸν πλοῦτον ἐξετάζειν ἐθέλοιμεν, σὺ μὲν ἴσως οὐ
παρακολουθήσεις τῷ λόγῳ, ἐμοὶ δὲ ἀναγκαῖον διὰ τοὺς δικάζοντας
εἰπεῖν. Τοσοῦτος γὰρ ὁ τῆς ἀρετῆς πλοῦτός ἐστιν,
οὕτως ἡδίων, οὕτω ποθεινότερος τοῦ παρ´ ὑμῖν, ὡς μηδ´
ἄν ποτε ἐθελῆσαι τοὺς ἔχοντας αὐτὸν τὴν ἅπασαν γῆν, εἰ
χρυσὸς γένοιτο μετὰ τῶν ὀρῶν καὶ τῆς θαλάσσης καὶ
τῶν ποταμῶν, ἀντ´ ἐκείνου λαβεῖν. Καὶ εἴ γε ἦν δυνατὸν
τοῦτο γενέσθαι, ἔμαθες ἂν ἀπὸ τῆς πείρας αὐτῆς, ὡς οὐκ
ἀλαζονείας τὰ ῥήματα, ἀλλὰ πολλῷ πλείω καὶ μείζω
εὑρόντες καταφρονήσουσιν ἐκείνου, καὶ οὐκ ἄν ποτε αὐτὸν
ἀλλάξαιντο τούτου. Καὶ τί λέγω, ἀλλάξαιντο; οὐδὲ
μετ´ ἐκείνου μὲν οὖν λαβεῖν αὐτὸν ἕλοιντο ἄν. Καίτοι ὑμῖν
εἴ τις ἐδίδου τὸν τῆς ἀρετῆς πλοῦτον μετὰ τῶν χρημάτων,
ὑπτίαις ἂν ἐδέξασθε χερσίν· οὕτως ὁμολογεῖτε μέγαν τινὰ ἐκεῖνον
καὶ θαυμαστόν· οὗτοι δὲ οὐκ ἂν ἕλοιντο
τὸν ὑμέτερον μετὰ τοῦ οἰκείου· οὕτως ἴσασιν ὅτι πρᾶγμά
ἐστιν εὐκαταφρόνητον. Καὶ τοῦτο πάλιν ἀπὸ τῶν ὑμετέρων
παραδειγμάτων ποιήσω φανερόν. Πόσα γὰρ οἴει
χρήματα τὸν Ἀλέξανδρον τῷ Διογένει, εἴ γε ἤθελε δέξασθαι,
δοῦναι ἄν; Ἀλλ´ οὐκ ἠθέλησεν· ἐκεῖνος δὲ ἐφιλονείκει καὶ πάντα
ἔπραττε, ὥστε δυνηθῆναί ποτε ἐπὶ τὸν πλοῦτον ἐλθεῖν τὸν τούτου.
| [2,4] Et n’allez pas vous imaginer que nous vous parlons des biens du ciel, des biens qui
doivent succéder à notre départ d’ici-bas; nous prendrons nos preuves dans les objets que
vous avez actuellement sous la main. Vous, vous êtes maître de vos biens seulement, tandis
que votre fils l’est de ceux qui sont sur toute la terre. Si vous en doutez, permettez que nous
vous conduisions vers lui et que nous l’engagions à descendre de la montagne; non, qu’il y
demeure : qu’il mande seulement à quelque personne également riche des biens du siècle et de
ceux de la grâce de lui envoyer telle quantité d’or que vous voudrez, ou plutôt, comme il ne
voudrait pas le recevoir lui-même, qu’il commande de le donner à tels ou tels dont il connaît
l’indigence, et vous verrez ce riche porter lui-même son or avec plus d’empressement que vos
économes ne porteraient le vôtre. Vos intendants deviennent tristes et chagrins quand vous
leur ordonnez de faire des dépenses; au lieu que cette personne charitable n’est jamais plus
heureuse que quand elle trouve l’occasion de donner. Et je puis vous en citer beaucoup, non
parmi les solitaires illustres, mais parmi les plus humbles qui ont un tel crédit. De plus, si vos
intendants viennent à dépenser ce que vous leur avez confié, vous n’avez plus personne à qui
demander : mais aussitôt, par suite de leur mauvaise gestion, vous tombez de l’opulence dans
la pauvreté; pour votre fils, au contraire, rien de pareil à craindre: celui qui lui donnait
devient-il pauvre, il n’a qu’à s’adresser à un autre ; et si celui-ci éprouve un malheur
semblable au premier, il se retournera vers un troisième, et il est à croire que les fontaines
tariront plutôt que la libéralité de ceux dont il fait les intendants de sa charité. Si vous
professiez notre croyance, je pourrais vous apporter beaucoup d’excellentes preuves. Mais
puisque vous suivez les doctrines des Grecs, les Grecs me fourniront des exemples. Ecoutez
ce que dit Criton à Socrate : « Je mets à ta disposition mes biens qui, je crois, sont suffisants;
si, par intérêt pour moi, tu fais quelque difficulté d’en user, nous avons ici des étrangers tout
prêts à fournir ce dont nous avons besoin : le seul Simmias de Thèbes a apporté la somme
suffisante; Cébès est tout à notre disposition, et beaucoup d’autres encore. Ainsi, comme je te
le disais, que cette crainte ne te fasse pas perdre l’envie de te sauver; ne songe pas non plus à
ce que tu disais au tribunal, que, quand même tu échapperais, tu ne saurais que faire de ta
personne. Quelque part que tu te réfugies, même à l’étranger, on t’aimera. Si tu veux aller en
Thessalie, j’ai là des hôtes qui t’honoreront comme tu le mérites, qui te donneront un sûr
asile; crois-moi, tu ne manqueras de rien dans ce pays. (Platon, le Criton.) »
Quoi de plus agréable que de pouvoir disposer de tant de richesses sans rien posséder
en propre. Ce raisonnement est à la portée du premier venu. Si nous voulions étudier ici plus
philosophiquement la richesse, peut-être ne pourriez-vous pas comprendre nos paroles;
néanmoins, pour nos juges, il est nécessaire que nous le fassions. Le trésor de la vertu est si
grand, si délicieux et si supérieur aux vôtres, que jamais ceux qui le possèdent ne
consentiraient à l’échanger contre la terre entière, quand elle serait d’or avec ses montagnes,
avec la mer et avec les fleuves. Si vous aviez pu en faire l’expérience, vous sauriez que ce ne
sont pas là des paroles exagérées, mais que ceux qui ont trouvé ce trésor de la vertu, le
meilleur de tous les trésors, n’ont plus que du mépris pour les richesses, et qu’ils ne
voudraient jamais échanger leur vertu contre de l’or. Et que dis-je, échanger? Ils ne
voudraient pas même les posséder ensemble. Et cependant si quelqu’un vous offrait le trésor
de la vertu avec les richesses, vous recevriez le tout à mains ouvertes : Vous avouez ainsi le
grand prix que vous attachez à la vertu. Eh bien ! ceux-là n’accepteraient pas votre richesse
avec la leur, tant ils savent que c’est chose méprisable! Je ferai ressortir encore davantage
l’évidence de cette vérité par des exemples pris chez vous. Combien pensez-vous
qu’Alexandre eût donné de richesses à Diogène s’il eût voulu en accepter? Mais il ne voulut
pas, et Alexandre fut jaloux de lui, et fit tout au monde pour arriver à la richesse du
philosophe.
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