HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Homère, L'Iliade, chant XIX

Vers 50-99

  Vers 50-99

[19,50] κὰδ δὲ μετὰ πρώτῃ ἀγορῇ ἵζοντο κιόντες.
αὐτὰρ δεύτατος ἦλθεν ἄναξ ἀνδρῶν Ἀγαμέμνων
ἕλκος ἔχων· καὶ γὰρ τὸν ἐνὶ κρατερῇ ὑσμίνῃ
οὖτα Κόων Ἀντηνορίδης χαλκήρεϊ δουρί.
αὐτὰρ ἐπεὶ δὴ πάντες ἀολλίσθησαν Ἀχαιοί,
55 τοῖσι δἀνιστάμενος μετέφη πόδας ὠκὺς Ἀχιλλεύς·
Ἀτρεΐδη ἄρ τι τόδἀμφοτέροισιν ἄρειον
ἔπλετο σοὶ καὶ ἐμοί, τε νῶΐ περ ἀχνυμένω κῆρ
θυμοβόρῳ ἔριδι μενεήναμεν εἵνεκα κούρης;
τὴν ὄφελἐν νήεσσι κατακτάμεν Ἄρτεμις ἰῷ
60 ἤματι τῷ ὅτἐγὼν ἑλόμην Λυρνησσὸν ὀλέσσας·
τώ κοὐ τόσσοι Ἀχαιοὶ ὀδὰξ ἕλον ἄσπετον οὖδας
δυσμενέων ὑπὸ χερσὶν ἐμεῦ ἀπομηνίσαντος.
Ἕκτορι μὲν καὶ Τρωσὶ τὸ κέρδιον· αὐτὰρ Ἀχαιοὺς
δηρὸν ἐμῆς καὶ σῆς ἔριδος μνήσεσθαι ὀΐω.
65 ἀλλὰ τὰ μὲν προτετύχθαι ἐάσομεν ἀχνύμενοί περ
θυμὸν ἐνὶ στήθεσσι φίλον δαμάσαντες ἀνάγκῃ·
νῦν δἤτοι μὲν ἐγὼ παύω χόλον, οὐδέ τί με χρὴ
ἀσκελέως αἰεὶ μενεαινέμεν· ἀλλἄγε θᾶσσον
ὄτρυνον πόλεμον δὲ κάρη κομόωντας Ἀχαιούς,
70 ὄφρἔτι καὶ Τρώων πειρήσομαι ἀντίον ἐλθὼν
αἴ κἐθέλωσἐπὶ νηυσὶν ἰαύειν· ἀλλά τινοἴω
ἀσπασίως αὐτῶν γόνυ κάμψειν, ὅς κε φύγῃσι
δηΐου ἐκ πολέμοιο ὑπἔγχεος ἡμετέροιο.
ὣς ἔφαθ᾽, οἳ δἐχάρησαν ἐϋκνήμιδες Ἀχαιοὶ
75 μῆνιν ἀπειπόντος μεγαθύμου Πηλεΐωνος.
τοῖσι δὲ καὶ μετέειπεν ἄναξ ἀνδρῶν Ἀγαμέμνων
αὐτόθεν ἐξ ἕδρης, οὐδἐν μέσσοισιν ἀναστάς·
φίλοι ἥρωες Δαναοὶ θεράποντες Ἄρηος
ἑσταότος μὲν καλὸν ἀκούειν, οὐδὲ ἔοικεν
80 ὑββάλλειν· χαλεπὸν γὰρ ἐπισταμένῳ περ ἐόντι.
ἀνδρῶν δἐν πολλῷ ὁμάδῳ πῶς κέν τις ἀκούσαι
εἴποι; βλάβεται δὲ λιγύς περ ἐὼν ἀγορητής.
Πηλεΐδῃ μὲν ἐγὼν ἐνδείξομαι· αὐτὰρ οἱ ἄλλοι
σύνθεσθἈργεῖοι, μῦθόν τεὖ γνῶτε ἕκαστος.
85 πολλάκι δή μοι τοῦτον Ἀχαιοὶ μῦθον ἔειπον
καί τέ με νεικείεσκον· ἐγὼ δοὐκ αἴτιός εἰμι,
ἀλλὰ Ζεὺς καὶ Μοῖρα καὶ ἠεροφοῖτις Ἐρινύς,
οἵ τέ μοι εἰν ἀγορῇ φρεσὶν ἔμβαλον ἄγριον ἄτην,
ἤματι τῷ ὅτἈχιλλῆος γέρας αὐτὸς ἀπηύρων.
90 ἀλλὰ τί κεν ῥέξαιμι; θεὸς διὰ πάντα τελευτᾷ.
πρέσβα Διὸς θυγάτηρ Ἄτη, πάντας ἀᾶται,
οὐλομένη· τῇ μέν θἁπαλοὶ πόδες· οὐ γὰρ ἐποὔδει
πίλναται, ἀλλἄρα γε κατἀνδρῶν κράατα βαίνει
βλάπτουσἀνθρώπους· κατὰ δοὖν ἕτερόν γε πέδησε.
95 καὶ γὰρ δή νύ ποτε Ζεὺς ἄσατο, τόν περ ἄριστον
ἀνδρῶν ἠδὲ θεῶν φασἔμμεναι· ἀλλἄρα καὶ τὸν
Ἥρη θῆλυς ἐοῦσα δολοφροσύνῃς ἀπάτησεν,
ἤματι τῷ ὅτἔμελλε βίην Ἡρακληείην
Ἀλκμήνη τέξεσθαι ἐϋστεφάνῳ ἐνὶ Θήβῃ.
[19,50] et ils s'assirent au premier rang de l'assemblée, en arrivant.
Le dernier vint le roi de guerriers Agamemnon, portant une
blessure : car, dans la rude mêlée, Coon, fils d'Anténor, l'avait
atteint de sa lance armée de bronze.
Quand tous les Achéens furent assemblés, parmi eux,
se levant, parla Achille aux pieds rapides :
"Atride, a-t-il donc mieux valu, pour tous deux, pour
toi et pour moi, quoique d'un coeur affligé, nous jeter
dans la querelle qui ronge l'âme, et cela pour une femme?
Elle aurait bien dû, sur les vaisseaux, mourir d'une flèche
d'Artémis, le jour où, moi, je pris Lyrnessos et la
ravageai. Tant d'Achéens n'auraient pas mordu la terre
immense sous les mains de nos ennemis, pendant que
durait ma colère. Hector et les Troyens en ont profité;
pour les Achéens, longtemps notre querelle leur laissera
des souvenirs, je crois.
« Mais ce qui est accompli, laissons-le, malgré notre
affliction, domptant notre coeur dans notre poitrine, par
nécessité. Maintenant donc, moi, j'arrête ma bile : il ne
me faut pas garder toujours, sans relâche, une colère
ardente. Va donc, au plus vite excite au combat les
Achéens chevelus, pour que je tâte encore les Troyens,
en marchant contre eux, et voie s'ils veulent coucher
près de nos vaisseaux. Je crois qu'il sera heureux de plier
les genoux pour s'asseoir, celui qui aura échappé au carnage
guerrier de notre pique."
Il dit, et les Achéens aux beaux jambarts se réjouirent
de voir renoncer à sa colère le magnanime fils de Pélée.
Parmi eux, se levant, parla le puissant Agamemnon,
de sa place, gémissant et souffrant de sa blessure :
« Amis, héros danaens, serviteurs d'Arès, l'orateur
debout, il est bon de l'écouter, et inconvenant de l'interrompre :
car parler est difficile, même pour qui s'y connaît.
Mais dans une foule tumultueuse, comment entendre, ou
parler? L'orateur en souffre, même s'il a une voix qui
porte. Avec le fils de Pélée, moi, je vais m'expliquer.
Vous autres, réfléchissez, Argiens, et jugez bien mes
paroles, chacun. Souvent, çes paroles, les Achéens me
les ont répétées, et ils m'invectivaient. Mais ce n'est pas
moi qui suis coupable : c'est Zeus, et le Destin, et l'obscure
Érinys, qui, à l'assemblée, m'ont jeté dans l'âme un
aveuglement sauvage, quand, à Achille, j'ôtai moi-même
sa récompense. Mais que faire? C'est une déesse qui
mène tout à bout, la vénérable fille de Zeus, Atè,
qui égare tous les hommes, la Pernicieuse ! Elle a
des pieds délicats, car elle ne touche pas le sol; elle marche
sur les têtes des hommes, nuisible aux humains. Pourtant,
il est sûr qu'elle a enchaîné au moins un autre être :
car, un jour, elle égara Zeus, supérieur pourtant aux
hommes et aux dieux, à ce qu'on affirme. Eh bien, même
lui, Héra la féminine, par ses ruses, le trompa, le jour
où sa Force Héraclès devait naître d'Alcmène, dans
Thèbes à la belle couronne.


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Dernière mise à jour : 26/05/2006