[4,16] XVI.
<1> Κατὰ τούτους δὲ καὶ ὁ μικρῷ πρόσθεν ἡμῖν δηλωθεὶς Ἰουστῖνος δεύτερον ὑπὲρ τῶν καθ᾿ ἡμᾶς δογμάτων βιβλίον ἀναδοὺς τοῖς δεδηλωμένοις ἄρχουσιν, θείῳ κατακοσμεῖται μαρτυρίῳ, φιλοσόφου Κρήσκεντος (τὸν φερώνυμον δ᾿ οὗτος τῇ Κυνικῇ προσηγορίᾳ βίον τε καὶ τρόπον ἐζήλου) τὴν ἐπιβουλὴν αὐτῷ καττύσαντος, ἐπειδὴ πλεονάκις ἐν διαλόγοις ἀκροατῶν παρόντων εὐθύνας αὐτόν, τὰ νικητήρια τελευτῶν ἧς ἐπρέσβευεν ἀληθείας διὰ τοῦ μαρτυρίου τοῦ κατ᾿ αὐτὸν ἀνεδήσατο. <2> Τοῦτο δὲ καὶ αὐτὸς ὁ ταῖς ἀληθείαις φιλοσοφώτατος ἐν τῇ δεδηλωμένῃ ἀπολογίᾳ σαφῶς οὕτως, ὥσπερ οὖν καὶ ἔμελλεν ὅσον οὔπω περὶ αὐτὸν συμβήσεσθαι, προλαβὼν ἀποσημαίνει τούτοις τοῖς ῥήμασιν.
<3> « Κἀγὼ οὖν προσδοκῶ ὑπό τινος τῶν ὠνομασμένων ἐπιβουλευθῆναι καὶ ξύλῳ ἐντιναγῆναι ἢ κἂν ὑπὸ Κρήσκεντος τοῦ ἀφιλοσόφου καὶ φιλοκόμπου· οὐ γὰρ φιλόσοφον εἰπεῖν ἄξιον τὸν ἄνδρα, ὅς γε περὶ ὧν μὴ ἐπίσταται, δημοσίᾳ καταμαρτυρεῖ ὡς ἀθέων καὶ ἀσεβῶν Χριστιανῶν ὄντων, πρὸς χάριν καὶ ἡδονὴν τῶν πολλῶν τῶν πεπλανημένων τοῦτο πράττων. <4> Εἴτε γὰρ μὴ ἐντυχὼν τοῖς τοῦ Χριστοῦ διδάγμασιν κατατρέχει ἡμῶν, παμπόνηρός ἐστιν καὶ ἰδιωτῶν πολὺ χείρων, οἳ φυλάττονται πολλάκις περὶ ὧν οὐκ ἐπίστανται, διαλέγεσθαι καὶ ψευδομαρτυρεῖν· καὶ εἰ ἐντυχὼν μὴ συνῆκεν τὸ ἐν αὐτοῖς μεγαλεῖον ἢ συνεὶς πρὸς τὸ μὴ ὑποπτευθῆναι τοιοῦτος ταῦτα ποιεῖ, πολὺ μᾶλλον ἀγεννὴς καὶ παμπόνηρος, ἰδιωτικῆς καὶ ἀλόγου δόξης καὶ φόβου ἐλάττων ὤν. <5> Καὶ γὰρ προθέντα με καὶ ἐρωτήσαντα αὐτὸν ἐρωτήσεις τινὰς τοιαύτας, μαθεῖν καὶ ἐλέγξαι ὅτι ἀληθῶς μηδὲν ἐπίσταται, εἰδέναι ὑμᾶς βούλομαι, καὶ ὅτι ἀληθῆ λέγω, εἰ μὴ ἀνηνέχθησαν ὑμῖν αἱ κοινωνίαι τῶν λόγων, ἕτοιμος καὶ ἐφ᾿ ὑμῶν κοινωνεῖν τῶν ἐρωτήσεων πάλιν· βασιλικὸν δ᾿ ἂν καὶ τοῦτο ἔργον εἴη. <6> Εἰ δὲ καὶ ἐγνώσθησαν ὑμῖν αἱ ἐρωτήσεις μου καὶ αἱ ἐκείνου ἀποκρίσεις, φανερὸν ὑμῖν ἐστιν ὅτι οὐδὲν τῶν ἡμετέρων ἐπίσταται· ἢ εἰ ἐπίσταται, διὰ τοὺς ἀκούοντας δὲ οὐ τολμᾷ λέγειν, ὡς πρότερον ἔφην, οὐ φιλόσοφος, ἀλλὰ φιλόδοξος ἀνὴρ δείκνυται, ὅς γε μηδὲ τὸ Σωκρατικόν, ἀξιέραστον ὄν, τιμᾷ».
Ταῦτα μὲν οὖν ὁ Ἰουστῖνος· <7> ὅτι δὲ κατὰ τὴν αὐτοῦ πρόρρησιν πρὸς τοῦ Κρήσκεντος συσκευασθεὶς ἐτελειώθη, Τατιανός, ἀνὴρ τὸν πρῶτον αὐτοῦ βίον σοφιστεύσας ἐν τοῖς Ἑλλήνων μαθήμασι καὶ δόξαν οὐ σμικρὰν ἐν αὐτοῖς ἀπενηνεγμένος πλεῖστά τε ἐν συγγράμμασιν αὐτοῦ καταλιπὼν μνημεῖα, ἐν τῷ Πρὸς Ἕλληνας ἱστορεῖ, λέγων ὧδε.
« Καὶ ὁ θαυμασιώτατος Ἰουστῖνος ὀρθῶς ἐξεφώνησεν ἐοικέναι τοὺς προειρημένους λῃσταῖς.»
<8> Εἰτ᾿ ἐπειπών τινα περὶ τῶν φιλοσόφων, ἐπιλέγει ταῦτα·
« Κρήσκης γοῦν ὁ ἐννεοττεύσας τῇ μεγάλῃ πόλει παιδεραστίᾳ μὲνπάντας ὑπερήνεγκεν, φιλαργυρίᾳ δὲ πάνυ προσεχὴς ἦν· θανάτου δὲ ὁ καταφρονεῖν συμβουλεύων οὕτως αὐτὸς ἐδεδίει τὸν θάνατον, ὡς καὶ Ἰουστῖνον, καθάπερ μεγάλῳ κακῷ, τῷ θανάτῳ περιβαλεῖν πραγματεύσασθαι, διότι κηρύττων τὴν ἀλήθειαν λίχνους τοὺς φιλοσόφους καὶ ἀπατεῶνας συνήλεγχεν».
Καὶ τὸ μὲν κατὰ Ἰουστῖνον μαρτύριον τοιαύτην εἴληχεν αἰτίαν·
| [4,16] CHAPITRE XVI.
<1> En ces temps, Justin, dont nous venons de parler tout récemment, avait présenté aux empereurs cités plus haut un second livre sur nos dogmes. Les machinations ourdies contre lui par le philosophe Crescent lui valurent l'honneur d'un divin martyre (ce Crescent ambitionnait la vie et la conduite auxquelles convient le nom de cynique). Justin, après l'avoir plusieurs fois confondu dans des discussions contradictoires et en présence de témoins, enfin victorieux, ceignit par son martyre la couronne de la vérité qu'il avait prêchée. <2> Dans l'Apologie dont nous avons parlé, cet ami parfait de la vérité l'avait clairement annoncé et avait décrit comment tout cela devait lui arriver. Voici ses paroles :
« <3> Moi aussi, je m'attends à devenir l'objet d'embûches, et à être mis dans les ceps, grâce à quelqu'un de ceux qui portent le nom de philosophe, grâce peut-être à Crescent qui aime non pas la sagesse, mais le bruit. Non, il n'est pas digne d'être appelé philosophe , l'homme qui, parlant de ceux qu'il ne connaît pas, accuse en public les chrétiens d'athéisme et d'impiétés, et fait cela pour plaire au grand nombre qui est dans l'erreur. <4> S'il n'a jamais lu les enseignements du Christ et nous attaque, c'est un homme d'une méchanceté absolue, et de beaucoup pire que les ignorants; car souvent ceux-ci se gardent de discuter et de calomnier ce qu'ils ignorent. S'il les a lus sans en saisir la grandeur, ou encore si, l'ayant comprise, il se conduit de telle sorte pour n'être pas soupçonné d'être chrétien, il est bien plus lâche et plus pervers, puisqu'il ne s'élève pas au-dessus d'un qu'en dira-t-on niais et déraisonnable et qu'il est vaincu par la peur. <5> Je lui ai proposé des questions et je l'ai interrogé sur quelques-uns de ces sujets ; je tiens à ce que vous sachiez que j'ai constaté d'une façon convaincante que vraiment il ne sait rien. Pour prouver que je dis la vérité, si ces discussions n'ont pas été connues de vous, je suis prêt à renouveler devant vous mes questions : cela serait digne de la majesté impériale. <6> Si vous avez appris quelles furent mes questions et ses réponses, il vous est évident qu'il est dans une ignorance complète de ce qui nous concerne, ou, s'il en connaît quelque chose, il n'ose pas le dire à cause de ceux qui l'entendent ; comme je l'ai dit plus haut, il se montre ami non pas de la sagesse, mais du qu'en dira-t-on et fait peu de cas de l'excellente parole de Socrate. »
Voilà ce qu'écrivait Justin. <7> Ainsi qu'il l'avait annoncé, après avoir été en butte aux machinations de Crescent, il y trouva la mort. Tatien, un homme qui dès sa première jeunesse s'adonna aux lettres grecques et ne s'y fit pas peu de renom, et qui a laissé dans ses écrits beaucoup de preuves de son talent, le rapporte dans son Discours aux Grecs de la manière que voici :
« Justin, cet homme tout à fait digne d'admiration, disait avec raison que ceux dont il vient d'être fait mention ressemblent à des voleurs. »
<8> Et après quelques mots sur les philosophes, il ajoute :
« Crescent, qui est venu nicher dans la grande ville, les dépassait tous en pédérastie et son avarice était grande. <9> Lui qui conseillait le mépris de la mort, il la craignait si bien qu'il n'eût point de relâche avant de l'avoir déchaînée sur Justin comme le plus affreux malheur, parce que, prêchant la vérité, celui-ci avait prouvé que les philosophes sont des gourmands et des charlatans. » Telle fut la cause du martyre de Justin.
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