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[13,37] Γέλων ὁ τῶν Συρακοσίων τύραννος τὴν τῆς ἀρχῆς κατάστασιν πραότατα
εἶχε· στασιώδεις δέ τινες ἐπεβούλευον αὐτῷ. ἃ πυθόμενος ὁ Γέλων, ἐς ἐκκλησίαν
συγκαλέσας τοὺς Συρακοσίους ἐσῆλθεν ὡπλισμένος, καὶ διεξελθὼν ὅσα ἀγαθὰ
αὐτοῖς εἰργάσατο, καὶ τὴν ἐπιβουλὴν ἐξεκάλυψε καὶ ἀπεδύσατο τὴν πανοπλίαν,
εἰπὼν πρὸς πάντας ’ἰδοὺ τοίνυν ὑμῖν ἐν χιτωνίσκῳ γυμνὸς τῶν ὅπλων
παρέστηκα, καὶ δίδωμι χρῆσθαι ὅ τι βούλεσθε.‘ καὶ ἐθαύμασαν αὐτοῦ τὴν
γνώμην οἱ Συρακόσιοι, οἳ δὲ καὶ τοὺς ἐπιβουλεύοντας παρέδοσαν αὐτῷ κολάσαι
καὶ τὴν ἀρχὴν ἔδωκαν. ὃ δὲ καὶ τούτους εἴασε τῷ δήμῳ τιμωρήσασθαι. καὶ εἰκόνα
αὐτοῦ οἱ Συρακόσιοι ἔστησαν ἐν ἀζώστῳ χιτῶνι· καὶ ἦν τοῦτο τῆς δημαγωγίας
αὐτοῦ ὑπόμνημα καὶ τοῖς ἐς τὸν μετὰ ταῦτα αἰῶνα μέλλουσιν ἄρχειν δίδαγμα.
| [13,37] Gélon et les conjurés.
GÉLON, tyran de Syracuse, gouvernait ses sujets avec la plus grande douceur :
cependant quelques séditieux conspirèrent contre lui. Dès que Gélon le sut, il
fit assembler les Syracusains, et s'avançant tout armé au milieu d'eux, il
commença par leur rappeler le souvenir des bienfaits qu'ils avaient reçus de
lui. Puis il leur découvrit la conjuration; et se dépouillant de ses armes, il
dit, leur adressant la parole à tous : "Me voici au milieu de vous sans défense,
couvert de ma seule tunique; je me livre entre vos mains; traitez-moi comme vous
le jugerez à propos." Les Syracusains, étonnés de sa fermeté, abandonnèrent les
coupables à son ressentiment, et lui rendirent le pouvoir suprême : mais Gélon
laissa au peuple le soin de punir les conjurés. On lui érigea une statue, qui le
représentait avec une simple tunique, sans ceinture; monument qui
perpétuait le souvenir de son amour pour le peuple, et qui devait être à
l'avenir une leçon pour tous les rois.
| [13,38] Ἰσχυρῶς Ὅμηρον ἐθαύμαζεν Ἀλκιβιάδης, καί ποτε διδασκαλείῳ παίδων
προσελθὼν ῥαψῳδίαν Ἰλιάδος ᾔτει. τοῦ δὲ διδασκάλου μηδὲν ἔχειν Ὁμήρου
φήσαντος ἐντρίψας αὐτῷ κόνδυλον εὖ μάλα στερεὸν παρῆλθεν, ἐνδειξάμενος ὅτι
ἐκεῖνος ἀπαίδευτός ἐστι καὶ τοιούτους ἀποφαίνει τοὺς παῖδας. Οὗτος ἐπὶ κρίσιν
καλούμενος θανατικὴν ἐκ Σικελίας ὑπὸ τῶν Ἀθηναίων οὐχ ὑπήκουσεν εἰπὼν
’εὔηθες τὸν ἔχοντα δίκην ζητεῖν ἀποφυγεῖν, ἐνὸν φυγεῖν.‘ εἰπόντος δέ τινος ’οὐ
πιστεύεις τῇ πατρίδι τὴν περὶ σοῦ κρίσιν;‘ ὃ δὲ εἶπεν ’οὐδὲ τῇ μητρί· δέδοικα γὰρ
μὴ ἀγνοήσασα καὶ σφαλεῖσα τοῦ ἀληθοῦς εἶτα τὴν μέλαιναν ἐμβάλῃ ἀντὶ τῆς
λευκῆς ψῆφον.‘ πυθόμενος οὖν ὅτι θάνατος αὐτοῦ κατεγνώσθη ὑπὸ τῶν
πολιτῶν, ’δείξωμεν οὖν‘ εἶπεν ’ὅτι ζῶμεν,‘ καὶ ὁρμήσας πρὸς τοὺς
Λακεδαιμονίους τὸν Δεκελεικὸν ἐξῆψε πόλεμον ἐπὶ τοὺς Ἀθηναίους. Ἔλεγε δὲ
μηδὲν παράδοξον ποιεῖν Λακεδαιμονίους ἀδεῶς ἐν τῷ πολέμῳ ἀποθνήσκοντας·
τὴν γὰρ ἐκ τῶν νόμων ταλαιπωρίαν ἀποδιδράσκοντας θάνατον ὑπὲρ τῶν πόνων
ὧν ἔχουσι προθύμως ἀλλάττεσθαι. Εἰώθει δέ φασιν ἐπιλέγειν ταῖς ἑαυτοῦ
πράξεσιν ὅτι τὸν τῶν Διοσκόρων ζῇ βίον παρ´ ἡμέραν τεθνηκώς τε καὶ ἀναβιούς·
εὐημερήσας γὰρ ἐν τῷ δήμῳ ἴσος θεοῖς νομίζεσθαι, κακῶς δὲ ἀπαλλάξας τῶν
νεκρῶν μηδὲ ὀλίγον διαφέρειν.
| [13,38] Quelques mots d'Alcibiade.
ALCIBIADE était admirateur passionné d'Homère. Il entra un jour dans une école,
et demanda quelque morceau de l'Iliade : le maître lui ayant répondu qu'il
n'avait rien des ouvrages d'Homère, Alcibiade lui appliqua un violent coup de
poing, et sortit en le traitant de maître ignorant, qui ne ferait de ses
écoliers que des ignorants comme lui.
Le même Alcibiade ayant été rappelé de Sicile par les Athéniens, pour se
défendre dans une affaire où il s'agissait de sa vie, il refusa d'obéir.
"C'est une maladresse; disait-il, de chercher à se faire absoudre, quand on peut
fuir."; et quelqu'un lui demandant s'il ne s'en fiait pas à sa patrie dans
un jugement qui intéressait sa personne : " Je ne m'en fierais pas même à ma
mère, répondit-il; je craindrais que, par mégarde et sans le vouloir, elle
me mît un caillou noir pour un blanc." Ayant su, peu de temps après, que ses
concitoyens l'avaient condamné à la mort : "Je leur ferai bien voir, dit-il, que
je suis encore vivant." En effet, il se retira chez les Lacédémoniens, et
suscita aux Athéniens la guerre de Décélie.
"On ne doit point s'étonner, disait-il, si les Lacédémoniens bravent
courageusement la mort dans les combats; la mort les soustrait à des lois qui
les rendent malheureux : c'est pour cela qu'ils la préfèrent à la vie.
Il avait aussi coutume de dire, en parlant de lui-même, que sa vie ressemblait à
celle des Dioscures; qu'il mourait et ressuscitait alternativement. "Lorsque la
fortune me favorise, le peuple fait de moi un dieu; si elle m'est contraire, je
diffère peu des morts."
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