[1,64] LXIV. 1. Αἰνείας δὲ κατασκευάσας ἱεροῖς τε καὶ τοῖς ἄλλοις κόσμοις
ἀποχρώντως τὴν πόλιν, ὧν τὰ πλεῖστα ἔτι καὶ εἰς ἐμὲ ἦν, τῷ μὲν ἑξῆς
ἐνιαυτῷ, τρίτῳ δὲ ἀπὸ τῆς ἐξόδου, Τρώων ἐβασίλευσε μόνων· τῷ δὲ τετάρτῳ
τελευτήσαντος Λατίνου καὶ τὴν ἐκείνου βασιλείαν παραλαμβάνει τῆς τε
κηδείας οἰκειότητι τῆς πρὸς αὐτὸν ἐπικλήρου τῆς Λαύνας γενομένης μετὰ τὸν
Λατίνου θάνατον καὶ τοῦ πρὸς τοὺς ἀστυγείτονας πολέμου τῆς στρατηγίας ἕνεκα.
2. Ἀπέστησαν γὰρ αὖθις ἀπὸ τοῦ Λατίνου Ῥότολοι λαβόντες ἡγεμόνα τῶν
αὐτομόλων τινὰ τῆς Λατίνου γυναικὸς Ἀμίτας ἀνεψιὸν ὄνομα Τυρρηνόν. Ὁ δὲ
ἀνὴρ οὗτος ἐπὶ τῷ γάμῳ τῆς Λαύνας τὸν κηδεστὴν μεμφόμενος, ὅτι
παρελθὼν τὸ συγγενὲς ὀθνείοις ἐκήδευσε, τῆς τε Ἀμίτας παροξυνούσης καὶ
ἄλλων τινῶν συλλαμβανόντων ἄγων τὴν δύναμιν, ἧς αὐτὸς ἦρχε,
προστίθεται τοῖς Ῥοτόλοις.
3. Πολέμου δ´ ἐκ τῶν ἐγκλημάτων τούτων γενομένου καὶ μάχης ἰσχυρᾶς
Λατῖνός τε ἀποθνήσκει καὶ Τυρρηνὸς καὶ τῶν ἄλλων συχνοί, κρατοῦσι δ´
ὅμως οἱ σὺν Αἰνείᾳ. Ἐκ δὲ τούτου τὴν ὑπὸ τῷ κηδεστῇ γενομένην ἀρχὴν
Αἰνείας παραλαμβάνει. τρία δὲ βασιλεύσας ἔτη μετὰ τὴν Λατίνου τελευτὴν
τῷ τετάρτῳ θνήσκει κατὰ πόλεμον.
4. Ῥότολοί τε γὰρ ἐκ τῶν πόλεων στρατεύουσιν ἅπαντες ἐπ´ αὐτὸν, καὶ σὺν
αὐτοῖς βασιλεὺς Τυρρηνῶν Μεσέντιος δείσας περὶ τῆς αὑτοῦ χώρας, ἤδη γὰρ
ἐπὶ μέγα χωροῦσαν τὴν Ἑλληνικὴν ὁρῶν δύναμιν ἤχθετο. Μάχης δὲ
γενομένης καρτερᾶς οὐ πρόσω τοῦ Λαουϊνίου καὶ πολλῶν ἑκατέρωθεν
ἀπολομένων τὰ μὲν στρατεύματα νυκτὸς ἐπελθούσης διελύθη, τὸ δὲ Αἰνείου
σῶμα φανερὸν οὐδαμῇ γενόμενον οἱ μὲν εἰς θεοὺς μεταστῆναι εἴκαζον, οἱ δ´
ἐν τῷ ποταμῷ, παρ´ ὃν ἡ μάχη ἐγένετο, διαφθαρῆναι.
5. Καὶ αὐτῷ κατασκευάζουσιν οἱ Λατῖνοι ἡρῶον ἐπιγραφῇ τοιᾷδε
κοσμούμενον· Πατρὸς θεοῦ χθονίου, ὃς ποταμοῦ Νομικίου ῥεῦμα διέπει. εἰσὶ
δ´ οἳ λέγουσιν ἐπ´ Ἀγχίσῃ κατασκευασθῆναι αὐτὸ ὑπ´ Αἰνείου, ἐνιαυτῷ
πρότερον τοῦ πολέμου τούτου τελευτήσαντι. ἔστι δὲ χωμάτιον οὐ μέγα καὶ
περὶ αὐτὸ δένδρα στοιχηδὸν πεφυκότα θέας ἄξια.
| [1,64] LXIV. 1. Quand Énée eut suffisamment orné la ville de temples et d'autres
bâtiments publics, dont la plus grande partie existait encore de mon temps,
l'année suivante, la troisième après son départ de Troie, il régnait uniquement sur
les Troyens. Mais la quatrième année Latinus mourut et il hérita aussi de son
royaume, non seulement à cause de ses liens avec lui par son mariage : Lavinia
était l'héritière après la mort de Latinus, mais aussi en raison de ses fonctions de
commandant durant la guerre contre les tribus voisines.
2. Les Rutules se révoltèrent de nouveau contre Latinus, choisissant pour chef un
des déserteurs, nommé Tyrrhénos, qui était neveu d'Amata, l'épouse de Latinus.
Cet homme, reprochant à Latinus le mariage de Lavinia, parce qu'il avait trahi les
siens en alliant sa famille avec des étrangers; poussé par Amata et encouragé
par d'autres, il était passé chez les Rutules avec les forces qu'il commandait.
3. La guerre se déclencha à cause de ces griefs et il s’ensuivit une bataille
violente durant laquelle Latinus, Tyrrhenos et beaucoup d'autres furent
massacrés; mais Énée et ses compagnons remportèrent la victoire. Alors Énée
hérita du royaume de son beau-père; mais après trois ans de règne après la mort
de Latinus, il mourut la quatrième année lors d’une bataille.
4. Les Rutules sortirent avec toutes leurs forces de leurs villes pour l’attaquer,
et avec eux Mézence, roi des Tyrrhéniens, qui pensait que son propre pays était
en danger; il était préoccupé de voir la puissance grecque faire déjà des progrès
rapides. Une bataille violente eut lieu non loin de Lavinium et beaucoup des deux
côtés furent massacrés, mais la nuit tomba et les armées se séparèrent; et
comme on ne voyait nulle part le corps d'Énée, certains en conclurent qu'il était
monté chez les dieux et d'autres qu'il avait péri dans le fleuve près duquel la
bataille avait eu lieu.
5. Les latins lui construisirent un sanctuaire héroïque avec cette inscription: "Au
père et au dieu de cet endroit, qui préside aux eaux du fleuve Numicius." Mais il y
en a qui prétendent que le sanctuaire fut érigé par Énée en l'honneur d'Anchise,
qui mourut l’année précédant cette guerre. C'est un petit monticule rond entouré
d’arbres plantés de façon régulière et qui est digne d'être vu.
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