HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Denys d'Halicarnasse, Mémoires sur les anciens orateurs, III (Démosthène)

Chapitre 51

  Chapitre 51

[3,51] Να'. Ταυτί μοι δοκεῖ μηνύματα τῆς συνθέσεως εἶναι τῆς Δημοσθένους, καὶ χαρακτηρικά, ἐξ ὧν ἄν τις αὐτὴν διαγνοίη πᾶσαν, ἐξετάζειν βουληθείς. Εἰ δέ τις ὑποτεύξεται πρὸς ταῦτα, θαυμάζειν λέγων εἰ καὶ κακοδαίμων οὕτως ἦν τηλικοῦτος ἀνήρ, ὥσθ´ ὅτε γράφει τοὺς λόγους, ἄνω καὶ κάτω στρέφειν τὰ μόρια τῆς λέξεως, καὶ τὰ ἐκ τούτων συντιθέμενα κῶλα, ἐμμελείας τε καὶ ῥυθμοὺς καὶ μέτρα, μουσικῆς οἰκεῖα θεωρίας πράγματα καὶ ποιητικῆς, εἰς τὴν πολιτικὴν ἐναρμόττων φράσιν, τούτων οὐδενὸς μέτεστιν, πρῶτον μὲν ἐκεῖνο ἐνθυμηθήτω ὅτι τοσαύτης δόξης ἠξιωμένος ἀνὴρ ἐπὶ λόγοις, ὅσης οὐδεὶς τῶν πρότερον, αἰώνια συνταττόμενος ἔργα, καὶ τῷ πάντα βασανίζοντι χρόνῳ παραδιδούς, οὐδὲν ἐκ τοῦ ἐπιτυχόντος ἔγραφεν· ἀλλ´ ὥσπερ τῆς ἐν τοῖς νοήμασιν οἰκονομίας πολλὴν ἐποιεῖτο δόσιν, οὕτω καὶ τῆς ἐν τοῖς ὀνόμασιν ἁρμονίας. Ὁρῶν γε δὴ τοὺς θαυμαζομένους ἐπὶ σοφίᾳ, καὶ κρατίστων λόγων ποιητὰς νομιζομένους, Ἰσοκράτην καὶ Πλάτωνα, γλυπτοῖς καὶ τορευτοῖς ἐοικότας ἐκφέροντας λόγους· ἐνθυμούμενος δ´, ὅτι τοῦ λέγειν εὖ διττὴ διαίρεσίς ἐστιν, εἴς τε τὸν πραγματικὸν τόπον καὶ εἰς τὸν λεκτικόν, καὶ τούτων πάλιν ἀμφοτέρων εἰς τὰς ἴσας διαιρεθέντων τομάς, τοῦ πραγματικοῦ μὲν εἴς τε τὴν παρασκευήν, ἣν οἱ παλαιοὶ καλοῦσιν εὕρεσιν, καὶ εἰς τὴν χρῆσιν τῶν παρεσκευασμένων, ἣν προσαγορεύουσιν οἰκονομίαν· τοῦ λεκτικοῦ δὲ, εἴς τε τὴν ἐκλογὴν τῶν ὀνομάτων, καὶ εἰς τὴν σύνθεσιν τῶν ἐκλεγέντων· ἐν ἑκατέρῳ τούτων πλείω μοῖραν ἔχει τὰ δεύτερα τῶν προτέρων· τὸ μὲν οἰκονομικὸν, ἐν τῷ πραγματικῷ· τὸ δὲ συνθετικὸν ἐν τῷ λεκτικῷ· περὶ ὧν οὐ καιρὸς ἐν τῷ παρόντι μηκύνειν. Ταῦτα γὰρ ἐννοηθείη ἄν εἴ τις μὴ κομιδῇ σκαιὸς δύσερις, καὶ οὐκ ἂν θαυμάσειεν εἰ φροντὶς ἐγένετο Δημοσθένει ἔτι μελῶν καὶ ῥυθμῶν καὶ σχημάτων, καὶ τῶν ἄλλων πάντων, οἷς ἡδεῖα καὶ καλὴ γίνεται σύνθεσις· τοὐναντίον γὰρ μᾶλλον ὑπολάβοι τις ἀνὴρ μήτε ὀλιγόπονος μήτε τερψίχορος μήτε ἀκρόσοφος, ἄπορον εἶναι καὶ ἀμήχανον, μηδεμίαν ἐπιμέλειαν πεποιῆσθαι τὸν ῥήτορα τῆς ἁρμονίας τῶν λόγων, φαύλην τινά, βουλόμενον μνημεῖα τῆς ἑαυτοῦ διανοίας ἀθάνατα καταλιπεῖν. Οὐ γὰρ δή τοι πλάσται μὲν καὶ γραφεῖς ἐν ὕλῃ φθαρτῇ χειρῶν εὐστοχίας ἐνδεικνύμενοι τοσούτους εἰσφέρονται πόνους, ὥστε καὶ φλέβια καὶ πτίλα καὶ χνοῦς, καὶ τὰ τούτοις ὅμοια εἰς ἄκρον ἐξεργάζεσθαι, καὶ κατατήκειν εἰς ταῦτα τὰς τέχνας· πολιτικὸς δ´ ἄρα δημιουργός, πάντας ὑπεράρας τοὺς καθ´ αὑτὸν φύσει τε καὶ πόνῳ, τῶν ἐλαχίστων τινὸς εἰς τὸ εὖ λέγειν, εἰ δὴ καὶ ταῦτα ἐλάχιστα, ὠλιγώρησε. [3,51] LI. Tels sont les traits caractéristiques du style de Démosthène et les signes auxquels il est facile de le reconnaître. On dira peut-être qu'il faudrait s'étonner qu'un si grand orateur, quand il écrivait ses discours, ait été assez mal inspiré pour tourmenter les mots en tous sens et transporter la coupe, l'harmonie, le nombre et la mesure de la musique et de la poésie, auxquelles appartiennent ces divers ornements, dans l'éloquence, qui ne saurait s'en servir avec avantage. Je répondrai qu'on doit songer d'abord qu'un orateur dont la gloire a éclipsé tous ceux qui l'avaient précédé, écrivant pour la postérité des discours destinés à soutenir l'examen de tous les siècles, ne dut y placer aucun mot au hasard. De même qu'il mit beaucoup de soin dans l'économie des pensées, de même aussi il dut travailler de son mieux l'arrangement des mots. D'ailleurs, il savait que les écrivains les plus célèbres et les meilleurs orateurs, Isocrate et Platon, avaient poli leurs ouvrages avec autant de soin que le graveur et le ciseleur; il n'ignorait pas que l'art d'écrire repose tout à la fois et sur les choses et sur le style ; que chacun de ces objets en embrasse deux autres ; que les choses renferment 1°. l'art de les trouver, que plusieurs critiques appellent l'invention; 2°. la manière de les employer, après les avoir trouvées, qu'on appelle l'économie : que le style comprend 1°. le choix des mots ; 2°. leur arrangement. Parmi ces divers objets, ceux que j'ai désignés les seconds dans chaque subdivision sont les plus importants, c'est-à-dire, l'économie, dans ce qui concerne les choses, et l'arrangement des mots, dans le style; mais ce n'est pas le moment de traiter à fond cette matière. Du reste, la justesse de ces assertions doit frapper l'homme dont l'esprit n'est ni mal fait , ni porté à la dispute. Il ne peut être surpris que Démosthène ait travaillé avec soin les membres des périodes, les nombres et les tours; qu'il se soit attaché à tous les ornements propres à donner à l'arrangement des mots de la beauté et de la grâce. Au contraire, l'homme ami du travail, celui qui n'est point susceptible de se rebuter et qui ne se contente pas d'une demi-science, pensera que ces ornements ne se trouvent chez Démosthène que dans un degré médiocre et presque sans art; qu'il n'attacha aucune importance, ou du moins qu'une importance bien légère à l'harmonie, pour un orateur qui ambitionnait la gloire de léguer à la postérité des ouvrages dignes d'immortaliser son génie. Le sculpteur et le peintre, dans leurs productions périssables, s'efforcent de représenter, avec la plus grande fidélité, une veine, une plume, le duvet, et d'autres choses semblables : ils épuisent, pour y parvenir, toutes les ressources de l'art; et l'orateur qui, par les dons de la nature et un travail opiniâtre, s'éleva au-dessus de tous ses contemporains, aurait négligé ces ornements, quelque légers qu'ils soient, si toutefois on doit les regarder comme tels ?


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Dernière mise à jour : 4/09/2009