HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Athénée de Naucratis, les Deipnosophistes (ou Le Banquet des sages), livre XII

Chapitre 5

  Chapitre 5

[12,5] Ἡρακλείδης δ' Ποντικὸς ἐν τῷ περὶΗδονῆς τάδε λέγει· « Οἱ τύραννοι καὶ οἱ βασιλεῖς τῶν ἀγαθῶν ὄντες κύριοι καὶ πάντων εἰληφότες πεῖραν τὴν ἡδονὴν προκρίνουσιν, μεγαλοψυχοτέρας ποιούσης τῆς ἡδονῆς τὰς τῶν ἀνθρωπών φύσεις. Ἅπαντες γοῦν οἱ τὴν ἡδονὴν τιμῶντες καὶ τρυφᾶν προῃρημένοι μεγαλόψυχοι καὶ μεγαλοπρεπεῖς εἰσιν, (512b) ὡς Πέρσαι καὶ Μῆδοι. Μάλιστα γὰρ τῶν ἄλλων ἀνθρώπων τὴν ἡδονὴν οὗτοι καὶ τὴν τρυφὴν τιμῶσιν, ἀνδρειότατοι καὶ μεγαλοψυχότατοι τῶν βαρβάρων ὄντες. Ἐστὶ γὰρ τὸ μὲν ἥδεσθαι καὶ τὸ τρυφᾶν ἐλευθέρων· ἀνίησι γὰρ τὰς ψυχὰς καὶ αὔξει· τὸ δὲ πονεῖν δούλων καὶ ταπεινῶν· διὸ καὶ συστέλλονται οὗτοι καὶ τὰς φύσεις. Καὶ Αθηναίων πόλις, ἕως ἐτρύφα, μεγίστη τε ἦν καὶ μεγαλοψυχοτάτους ἔτρεφεν ἄνδρας. Ἁλουργῆ μὲν γὰρ (512c) ἠμπίσχοντο ἱμάτια, ποικίλους δ' ὑπέδυνον χιτῶνας, κορυμβους δ' ἀναδούμενοι τῶν τριχῶν χρυσοῦς τέττιγας περὶ τὸ μέτωπον καὶ τὰς κόρρας ἐφόρουν· ὀκλαδίας τε αὐτοῖς δίφρους ἔφερον οἱ παῖδες, ἵνα μὴ καθίζοιεν ὡς ἔτυχεν. Καὶ τοιοῦτοι ἦσαν οἱ τὴν ἐν Μαραθῶνι νικήσαντες μάχην καὶ μόνοι τὴν τῆςΑσίας ἁπάσης δύναμιν χειρωσάμενοι, καὶ οἱ φρονιμώτατοι δέ, φησίν, καὶ μεγίστην δόξαν ἐπὶ σοφίᾳ ἔχοντες μέγιστον ἀγαθὸν τὴν ἡδονὴν εἷναι νομίζουσιν, Σιμωνίδης μὲν οὑτωσὶ λέγων· Τίς γὰρ, ἁδονᾶς ἄτερ θνατῶν βίος ποθεινὸς ποία τυραννίς; (512d) τᾶσδ' ἄτερ οὐδὲ θεῶν ζαλωτὸς αἰών. Πίνδαρος δὲ παραινῶνΙέρωνι τῷ Συρακοσίων ἄρχοντι· Μηδ' ἀμαύρου, φησί, τέρψιν ἐν βίῳ· πολύ τοι φέριστον ἀνδρὶ τερπνὸς αἰών. ΚαὶΟμηρος δὲ τὴν εὐφροσύνην καὶ τὸ εὐφραίνεσθαι τέλος φησὶν εἱναι χαριέστερον, ὅταν δαιτυμόνες μὲν ἀοιδοῦ ἀκουάζωνται, παρὰ δὲ πλήθωσι τράπεζαι. Τοὺς δὲ θεούς φησιν εἷναι ῥεῖα ζώοντας (τὸ δὲ ῥεῖα ἐστὶν ἀπόνως), ὥσπερ ἐνδεικνύμενος ὅτι μέγιστόν ἐστι τῶν κακῶν περὶ τὸ ζῆν ταλαιπωρία καὶ πόνος[12,5] Héraclide du Pont, dans son livre sur le Plaisir, a ces mots : « Les tyrans et les rois, qui attirent à eux tous les meilleures choses de la vie, et qui ont tout essayé, placent le plaisir sur un piédestal, parce que, d'après eux, celui-ci rend l'homme plus généreux. Aussi, les personnages qui honorent la volupté et sont les plus ardents partisans du luxe sont-ils tous par nature des êtres fiers et magnanimes, à l'instar des Perses et des Mèdes. Et, en effet, plus que tous les autres peuples, ceux-ci s'adonnent volontiers au plaisir et aux délices, tout en se révélant dans le même temps les plus courageux et le plus généreux des barbares. Car goûter au plaisir est un signe de liberté ; c'est un délassement qui redonne vigueur et exalte l'âme ; en revanche, une vie éreintante est le propre des esclaves et des individus de basse extraction : ce qui explique leur esprit étriqué. La cité d'Athènes, tant qu'elle fut éprise du luxe, fut florissante et engendra une galerie de personnages de la plus haute valeur. Les Athéniens d'alors se calfeutraient sous des riches manteaux de pourpre, et revêtaient par-dessous des tuniques brodées ; ils relevaient leurs cheveux grâce à de précieux bandeaux et ornaient leur front de cigales d'or ; des esclaves les accompagnaient partout, munis de sièges pliants, afin que leurs maîtres pussent s'asseoir confortablement, et en toutes circonstances. Tels étaient les hommes qui triomphèrent à Marathon, les seuls qui pourfendirent la puissance de l'Asie. » Même les personnes qui se distinguent pour leur infinie sagesse, indique Héraclide, soulignent les vertus de la volupté. Ainsi, le poète Simonide, qui dit ceci : « Quelle vie parmi des mortels est digne d'envie, si le plaisir n'y est pas de mise ? Quelle tyrannie aussi ? Sans le plaisir, la vie des dieux ne serait guère appréciable. » Pindare, louant Hiéron, la tyran de Syracuse, écrit à son tour : « Va, ne délaisse pas les plaisirs de la vie ; à l'homme ce qu'il faut, c'est être sans souci.» Homère affirme que la joie et les réjouissances sont une excellente fin en soi « Quand les convives écoutent un aède, et qu'autour d'eux, les invités sont légion. » S'agissant des dieux, Homère assure que leur vie est légère, comme s'ils tentaient de nous prouver que le pire à redouter dans l'existence est un labeur rude et pénible.


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Dernière mise à jour : 24/11/2005