[12,4] Πλάτων δ' ἐν τῷ Φιλήβῳ φησίν· « Ἡδονὴ μὲν γὰρ ἁπάντων
ἀλαζονίστατον. Ὡς δὲ λόγος, καὶ ἐν (511e) ταῖς ἡδοναῖς ταῖς περὶ τὰ
ἀφροδίσια, αἳ δὴ μέγισται δοκοῦσιν εἶναι, καὶ τὸ ἐπιορκεῖν συγγνώμην
εἴληφεν παρὰ θεῶν, ὡς καθάπερ παίδων τῶν ἡδονῶν νοῦν οὐδὲ τὸν
ὀλίγιστον κεκτημένων.» Ἐν δὲ τῷ ὀγδόῳ τῆς Πολιτείας ὁ αὐτὸς Πλάτων
πρότερος ὑπέδειξε τὸ ὑπὸ τῶν ᾽Επικουρείων θρυλούμενον, ὅτι « Τῶν
ἐπιθυμιῶν αἱ μέν εἰσι φυσικαὶ καὶ ἀναγκαῖαι, αἱ δὲ φυσικαὶ μέν, οὐκ
ἀναγκαῖαι δέ, αἱ δὲ οὔτε φυσικαὶ οὔτε ἀναγκαῖαι, » γραφων οὕτως « Ἆρ' οὖν
οὐχὶ ἡ τοῦ φαγεῖν μέχρις ὑγιείας (511f) καὶ εὐεξίας καὶ αὐτοῦ σίτου καὶ ὄψου
ἀναγκαῖος ἂν εἴη; ἡ μέν γέ που τοῦ σίτου κατ' ἀμφότερα ἀναγκαία, ᾗ τε
ὠφέλιμος ᾗ τε παῦσαι ζῶντας δυνατή; - Ναί. - Ἡ δὲ ὄψου, εἴ πῄ τινα
ὠφέλειαν πρὸς εὐεξίαν παρέχεται; - Πάνυ μὲν οὖν. - Τί δαί; ἡ πέρα τούτων
καὶ ἀλλοίων ἐδερσμάτων ἢ τοιούτων (512) ἐπίθυμια, δυνατὴ δὲ κολαζομένη
ἐκ νέων πολλῶν ἀπαλλάττεσθαι, καὶ βλαβερὰ μὲν σώματι, βλαβερὰ δὲ ψυχῇ
πρός τε φρόνησιν καὶ πρὸς τὸ σωφρονεῖν, ἆρά γε ὀρθῶς οὐκ ἀναγκαία ἂν
καλοῖτο; - Ὀρθότατα μὲν οὖν.»
| [12,4] Platon dit dans son Philèbe :
« Le plaisir est le mensonge personnifié. Et on a coutume de dire que, dans les grâces
de l'amour - la plus éminente de toutes les voluptés - les dieux sont infiniment enclins à
l'indulgence, les plaisirs étant considérés comme des enfants écervelés. »
Dans le livre VIII de la République, Platon est encore le premier à justifier
ce célèbre principe énoncé par les Épicuriens :
« Il y a des plaisirs naturels et nécessaires, d'autres naturels et non nécessaires et
d'autres encore non naturels et non nécessaires. »
Il écrit encore :
« Le désir de manger, tout au moins dans la mesure où la santé et l'entretien de la force
physique le nécessitent, bref ce désir de s'alimenter tout bonnement, n'est-il point
indispensable à la gent humaine ? Oui, le désir de se restaurer est nécessaire pour
deux raisons : parce qu'il est utile et parce que, sans lui, on ne pourrait guère subsister. »
- Oui.
- Même chose en ce qui concerne les assaisonnements, pourvu qu'il contribue à
maintenir nos forces. »
- Parfaitement. -
Mais le désir qui se galvaude et se porte sur des mets plus raffinés, désir qui, par
ailleurs, peut s'évacuer de nous-même si nous avons pris soin de le réprimer dès
l'enfance grâce à l'éducation, ce désir détestable à notre organisme, tout aussi nocif
pour l'âme sous l'angle de la modération, ne devrions-nous pas le qualifier avec
justesse de superflu ?
- C'est tout à fait vrai, je le conçois ! »
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