[12,11] Λυδοὶ δὲ εἰς τοσοῦτον ἦλθον τρυφῆς ὡς καὶ πρῶτοι γυναῖκας εὐνουχίσαι,
ὡς ἱστορεῖ Ξάνθος ὁ Λυδὸς ἢ ὁ τὰς εἰς αὐτὸν ἀναφερομένας ἱστορίας (515e)
συγγεγραφώς - Διονύσιος δ' ὁ Σκυτορραχίων, ὡς ᾽Αρτέμων φησὶν ὁ
Κασανδρεὺς ἐν τῷ περὶ Συναγωγῆς Βιρλίων, ἀγνοῶν ὅτι ῎Εφορος ὁ
συγγραφεὺς μνημονεύει αὐτοῦ ὡς παλαιοτέρου ὄντος καὶ ῾Ηροδότῳ τὰς
ἀφορμὰς δεδωκότος - ὁ δὲ οὖν Ξάνθος ἐν τῇ δευτέρᾳ τῶν Λυδιακῶν
᾽Αδραμύτην φησὶ τὸν Λυδῶν βασιλέα, πρῶτον γυναῖκας εὐνουχίσαντα
χρῆσθαι αὐταῖς ἀντὶ ἀνδρῶν εὐνούχων. Κλεαρχος δ᾽ ἐν τῇ τετάρτῃ περὶ Βίων
« Λυδοί » φησί « διὰ τρυφὴν παραδείσους κατασκευασάμενοι καὶ κηπαίους
αὐτοὺς ποιήσαντες ἐσκιατροφοῦντο, τρυφερώτερον ἡγησάμενοι τὸ μηδ'
ὅλως αὐτοῖς ἐπιπίπτειν τὰς (515f) τοῦ ἡλίου αὐγάς. Καὶ πόρρω προάγοντες
ὕβρεως τὰς τῶν ἄλλων γυναῖκας καὶ παρθένους εἰς τὸν τόπον τὸν διὰ τὴν
πρᾶξιν Ἁγνεῶνα κληθέντα συνάγοντες ὕβριζον. Καὶ τέλος τὰς ψυχὰς
ἀποθηλυνθέντες ἠλλάξαντο τὸν τῶν γυναικῶν βίον, διόπερ καὶ γυναῖκα
τύραννον ὁ βίος εὕρετο αὐτοῖς μίαν τῶν ὑβρισθεισῶν ᾽Ομφάλην· ἥτις πρώτη
κατῆρξε τῆς εἰς Λυδοὺς πρεπούσης τιμωρίας· τὸ γὰρ ὑπὸ γυναικὸς ἄρχεσθαι
ὑβριζομενους σημεῖόν (516) ἐστι βίας. Οὖσα οὖν καὶ αὐτὴ ἀκόλαστος καὶ
ἀμυνομένη τὰς γενομένας αὐτῇ πρότερον ὕβρεις τοῖς ἐν τῇ πόλει δούλοις τὰς
τῶν δεσποτῶν παρθένους ἐξέδωκεν ἐν ᾧ τόπῳ πρὸς ἐκείνων ὑβρίσθη· εἰς
τοῦτον οὖν συναθροίσασα μετ' ἀνάγκης συγκατέκλινε τοῖς δούλοις τὰς
δεσποίνας. Ὅθεν οἱ Λυδοὶ τὸ πικρὸν τῆς πράξεως ὑποκοριζόμενοι τὸν τόπον
καλοῦσιν Γλυκὺν Ἀγκῶνα. Οὐ μόνον δὲ Λυδῶν γυναῖκες ἄφετοι οὖσαι τοῖς
ἐντυχοῦσιν, ἀλλὰ καὶ Λοκρῶν τῶν ᾽Επιζεφυρίων, ἔτι δὲ τῶν περὶ Κύπρον καὶ
πάντων ἁπλῶς τῶν ἑταιρισμῷ τὰς (516b) ἑαυτῶν κόρας ἀφοσιούντων,
παλαιᾶς τινος ὕβρεως ἐοίκασιν εἷναι πρὸς ἀλήθειαν ὑπόμνημα καὶ
τιμωρίας. Πρὸς ἣν εἷς τῶν Λυδῶν εὐγενὴς ἀνὴρ ὁρμήσας καὶ τῇ παρ' αὐτοῖς
Μίδου βασιλείᾳ βαρυνθείς, τοῦ μὲν Μίδου ὑπ' ἀνανδρίας καὶ τρυφῆς ἐν'
πορφύρᾳ κειμένου καὶ ταῖς γυναιξὶν ἐν τοῖς ἱστοῖς συνταλασιουργοῦντος,
᾽Ομφάλης δἐ πάντας τοὺς συγκατακλιθέντας αὑτῇ ξενοκτονούσης
ἀμφοτέρους ἐκόλασε, τὸν μὲν ὑπὸ ἀπαιδευσίας κεκωφημένον τῶν ὤτων
ἐξελκύσας, ὃς διὰ τὴν τοῦ (516e) φρονεῖν ἔνδειαν τοῦ πάντων
ἀναισθητοτάτου ζῴου τὴν ἐπωνυμίαν ἔσχε· τὴν δὲ ...
| [12,11] Les Lydiens se sont hissés à un tel niveau de volupté qu'ils furent à la
pointe en matière de contraception féminine : c'est ce que nous confie
Xanthos de Lydie, ou tout au moins l'auteur des histoires qui lui sont
attribuées, dont le nom serait Dionysios Scytobrachrion, selon le
témoignage d'Artémon de Cassandréia dans sa Collection de livres.
Notons toutefois que ce dernier auteur ignore totalement le fait que
l'historien Éphore considère Xanthos comme l'aîné d'Artémon, et comme
ayant fourni des sources à Hérodote. Quoi qu'il en soit, Xanthos dit dans
le livre II de son Histoire de Lydie, qu'Adramytès, roi de Lydie, fut à
l'origine de l'ablation des ovaires des femmes, à seule fin de voir celles-ci
remplacer les eunuques dans leur fonction. Cléarchos raconte la chose
suivante dans le livre IV de ses Vies :
« Par plaisir et par mollesse, les Lydiens ont créé des parcs magnifiques et fortement
ombragés, partant de l'idée qu'il était d'un goût exquis de ne point subir l'ardeur des
rayons du soleil. Comble de leur orgueil, ils allèrent jusqu'à rassembler femmes mariées
et jeunes filles dans un lieu qu'ils nommèrent, par dérision, « lieu de la purification », et
où ils les violaient ouvertement. Pour finir, leur degré d'efféminement fut si grand qu'ils
adoptèrent le mode de vie des femmes. La conséquence normale d'un tel
comportement fut la prise du pouvoir par une femme tyran, une des donzelles qui avait
été préalablement outragée, et dont le nom était Omphale. la première décision qu'elle
prit fut de châtier les Lydiens. Reconnaissons qu'ils l'avaient bien cherché ! Ce règne
violent est à mettre en relation avec la violence de ces gens. Ils eurent affaire à une
créature impulsive, désireuse uniquement de se venger des humiliations qu'elle avait
endurées. C'est ainsi qu'elle offrit spontanément en mariage des esclaves aux filles des
maîtres, et ce à l'endroit même où elle avait été violentée par eux. Après avoir réuni tout
ce beau monde, elle donna l'ordre aux filles de famille de baiser avec leurs esclaves.
Plus tard, les Lydiens, atténuant le piquant de la chose, appelèrent ce lieu - par
euphémisme - la Douce Étreinte. Il n'y a pas que les Lydiennes qui se soient ainsi
offertes au premier venu, il y a aussi les Locriennes Occidentales, les femmes de
Chypre, bref les donzelles de tous les peuples qui ont coutume de prostituer les jeunes
filles. De telles situations sont consécutives à un outrage fort ancien et ne sont mues
que par une volonté de vengeance.
C'est d'ailleurs pour se venger que se révolta un noble lydien, opprimé par le
despotisme de Midas, prince qui, par goût de la luxure, collectionnait les longues robes
pourpres, astreignant les femmes à travailler sans cesse la laine sur leur métier à tisser,
pendant que, dans le même temps, Omphale massacrait à qui mieux mieux tous les
étrangers qui l'avaient souillée. Notre aristocrate les punit alors tous les deux, et tira les
oreilles de Midas devenu complètement idiot, lui qui par sa sottise avait été affublé du
nom de l'animal le plus stupide au monde ; quant à Omphale... » (lacune)
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