HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Arrien, Les Entretiens d'Épictête, livre IV

Chapitre 5c

  Chapitre 5c

[4,5c] Τί οὖν; θέλεις με καταφρονεῖσθαι; (-) Ὑπὸ τίνων; ὑπὸ εἰδότων; καὶ πῶς καταφρονήσουσιν εἰδότες τοῦ πρᾴου, τοῦ αἰδήμονος; ἀλλ´ ὑπὸ τῶν ἀγνοούντων; τί σοι μέλει; οὔ τινι γὰρ ἄλλῳ τεχνίτῃ τῶν ἀτέχνων. (-) Ἀλλὰ πολὺ μᾶλλον ἐπιφυήσονταί μοι. (-) Τί λέγεις τὸ ἐμοί; δύναταί τις τὴν προαίρεσιν τὴν σὴν βλάψαι κωλῦσαι ταῖς προσπιπτούσαις φαντασίαις χρῆσθαι ὡς πέφυκεν; (-) Οὔ. (-) Τί οὖν ἔτι ταράσσῃ καὶ φοβερὸν σαυτὸν θέλεις ἐπιδεικνύειν; οὐχὶ δὲ παρελθὼν εἰς μέσον κηρύσσεις, ὅτι εἰρήνην ἄγεις πρὸς πάντας ἀνθρώπους, τι ἂν ἐκεῖνοι ποιῶσι, καὶ μάλιστ´ ἐκείνων καταγελᾷς, ὅσοι σε βλάπτειν δοκοῦσιν; ’ἀνδράποδα ταῦτα οὐκ οἶδεν οὐδὲ τίς εἰμὶ οὐδὲ ποῦ μου τὸ ἀγαθὸν καὶ τὸ κακόν· οὐ πρόσοδος αὐτοῖς πρὸς τὰ ἐμά.‘ Οὕτως καὶ ἐχυρὰν πόλιν οἱ οἰκοῦντες καταγελῶσι τῶν πολιορκούντων· ’νῦν οὗτοι τί πρᾶγμα ἔχουσιν ἐπὶ τῷ μηδενί; ἀσφαλές ἐστιν ἡμῶν τὸ τεῖχος, τροφὰς ἔχομεν ἐπὶ πάμπολυν χρόνον, τὴν ἄλλην ἅπασαν παρασκευήν.‘ ταῦτά ἐστι τὰ πόλιν ἐχυρὰν καὶ ἀνάλωτον ποιοῦντα, ἀνθρώπου δὲ ψυχὴν οὐδὲν ἄλλο δόγματα. ποῖον γὰρ τεῖχος οὕτως ἰσχυρὸν ποῖον σῶμα οὕτως ἀδαμάντινον ποία κτῆσις ἀναφαίρετος ποῖον ἀξίωμα οὕτως ἀνεπιβούλευτον; πάντα πανταχοῦ θνητά, εὐάλωτα, οἷς τισιν τὸν ὁπωσοῦν προσέχοντα πᾶσα ἀνάγκη ταράσσεσθαι, κακελπιστεῖν, φοβεῖσθαι, πενθεῖν, ἀτελεῖς ἔχειν τὰς ὀρέξεις, περιπτωτικὰς ἔχειν τὰς ἐκκλίσεις. εἶτα οὐ θέλομεν τὴν μόνην δεδομένην ἡμῖν ἀσφάλειαν ἐχυρὰν ποιεῖν; οὐδ´ ἀποστάντες τῶν θνητῶν καὶ δούλων τὰ ἀθάνατα καὶ φύσει ἐλεύθερα ἐκπονεῖν; οὐδὲ μεμνήμεθα, ὅτι οὔτε βλάπτει ἄλλος ἄλλον οὔτε ὠφελεῖ, ἀλλὰ τὸ περὶ ἑκάστου τούτων δόγμα, τοῦτό ἐστι τὸ βλάπτον, τοῦτο τὸ ἀνατρέπον, τοῦτο μάχη, τοῦτο στάσις, τοῦτο πόλεμος; Ἐτεοκλέα καὶ Πολυνείκη τὸ πεποιηκὸς οὐκ ἄλλο τοῦτο, τὸ δόγμα τὸ περὶ τυραννίδος, τὸ δόγμα τὸ περὶ φυγῆς, ὅτι τὸ μὲν ἔσχατον τῶν κακῶν, τὸ δὲ μέγιστον τῶν ἀγαθῶν. φύσις δ´ αὕτη παντός, τὸ διώκειν τὸ ἀγαθόν, φεύγειν τὸ κακόν· τὸν ἀφαιρούμενον θατέρου καὶ περιβάλλοντα τῷ ἐναντίῳ, τοῦτον ἡγεῖσθαι πολέμιον, ἐπίβουλον, κἂν ἀδελφὸς , κἂν υἱός, κἂν πατήρ. τοῦ γὰρ ἀγαθοῦ συγγενέστερον οὐδέν· λοιπὸν εἰ ταῦτα ἀγαθὰ καὶ κακά, οὔτε πατὴρ υἱοῖς φίλος οὔτ´ ἀδελφὸς ἀδελφῷ, πάντα δὲ πανταχοῦ μεστὰ πολεμίων, ἐπιβούλων, συκοφαντῶν. εἰ δ´ οἵα δεῖ προαίρεσις, τοῦτο μόνον ἀγαθόν ἐστιν, καὶ οἵα μὴ δεῖ, τοῦτο μόνον κακόν, ποῦ ἔτι μάχη, ποῦ λοιδορία; περὶ τίνων; περὶ τῶν οὐδὲν πρὸς ἡμᾶς; πρὸς τίνας; πρὸς τοὺς ἀγνοοῦντας, πρὸς τοὺς δυστυχοῦντας, πρὸς τοὺς ἠπατημένους περὶ τῶν μεγίστων; Τούτων Σωκράτης μεμνημένος τὴν οἰκ{ε}ίαν τὴν αὑτοῦ ᾤκει γυναικὸς ἀνεχόμενος τραχυτάτης, υἱοῦ ἀγνώμονος. τραχεῖα γὰρ πρὸς τί ἦν; ἵν´ ὕδωρ καταχέῃ τῆς κεφαλῆς ὅσον καὶ θέλει, ἵνα καταπατήσῃ τὸν πλακοῦντα· καὶ τί πρὸς ἐμέ, ἂν ὑπολάβω, ὅτι ταῦτα οὐκ ἔστι πρὸς ἐμέ; τοῦτο δ´ ἐμὸν ἔργον ἐστὶ καὶ οὔτε τύραννος κωλύσει με θέλοντα οὔτε δεσπότης οὔτε οἱ πολλοὶ τὸν ἕνα οὔθ´ ἰσχυρότερος τὸν ἀσθενέστερον· τοῦτο γὰρ ἀκώλυτον δέδοται ὑπὸ τοῦ θεοῦ ἑκάστῳ. ταῦτα τὰ δόγματα ἐν οἰκίᾳ φιλίαν ποιεῖ, ἐν πόλει ὁμόνοιαν, ἐν ἔθνεσιν εἰρήνην, πρὸς θεὸν εὐχάριστον, πανταχοῦ θαρροῦντα, ὡς περὶ τῶν ἀλλοτρίων, ὡς περὶ οὐδενὸς ἀξίων. ἀλλ´ ἡμεῖς γράψαι μὲν καὶ ἀναγνῶναι ταῦτα καὶ ἀναγιγνωσκόμενα ἐπαινέσαι ἱκανοί, πεισθῆναι δ´ οὐδ´ ἐγγύς. τοιγαροῦν τὸ περὶ τῶν Λακεδαιμονίων λεγόμενον οἴκοι λέοντες, ἐν Ἐφέσῳ δ´ ἀλώπεκες καὶ ἐφ´ ἡμῶν ἁρμόσει· ἐν σχολῇ λέοντες, ἔξω δ´ ἀλώπεκες. [4,5c] — Quoi donc ! veux-tu que je me laisse mépriser? — Par qui? Par ceux qui s'y connaissent? Eh ! comment ceux qui s'y connaissent mépriseraient-ils un homme pour sa douceur et sa retenue? Par ceux qui ne s'y connaissent pas? Que t'importe ! En dehors de toi, quel homme expert dans un art s'inquiète des ignorants? — Mais ils s'en acharneront davantage après moi ! — Comment dis-tu après moi? Peut-on donc altérer ton jugement et ta volonté, ou t'empêcher de faire de toutes les idées qui t'arrivent un emploi conforme à la nature? — Non. — De quoi donc te troubles-tu? Et pourquoi tiens-tu à te montrer redoutable? Pourquoi plutôt ne pas t'avancer en public et proclamer que tu vis en paix avec tous les hommes, quoi qu'ils puissent faire? Pourquoi ne pas rire surtout de ceux qui croient te nuire? « Ces esclaves (dirais-tu) ne savent ni qui je suis, ni en quoi consistent pour moi les biens et les maux. Ils ignorent qu'ils ne sauraient atteindre ce qui m'appartient. » C'est ainsi que les habitants d'une ville bien fortifiée se rient de ceux qui l'assiègent. « Qu'est-ce qu'ont ces gens (disent-ils) à se donner tant de peine pour rien? Nos murailles sont solides ; nous avons des vivres pour longtemps; nous sommes bien munis de tout. » Avec ces moyens, en effet, une ville est forte et imprenable ; mais l'âme humaine ne l'est que par ses principes. Car, pour la rendre telle, quel mur serait assez solide, quel corps assez de fer, quelle fortune assez sûre, quel rang assez au-dessus de toutes les attaques? Toutes ces choses sont partout périssables et promptes à succomber. Celui qui s'y attache doit nécessairement se troubler, espérer à tort, s'effrayer, gémir, échouer dans ses désirs, tomber dans ce qu'il veut éviter. Et nous ne prenons pas le parti de fortifier la seule chose solide qui nous ait été donnée ! Et nous ne nous arrachons pas aux choses périssables et dépendantes, pour donner tous nos soins à celles qui, de leur nature, sont impérissables et indépendantes ! Nous ne songeons point que personne ne peut faire du mal ou du bien à un autre, et que les opinions de chacun à l'égard de tout cela sont la seule chose qui nuise et qui bouleverse; la seule cause des querelles, des dissensions, des guerres ! Qu'est-ce qui a fait Etéocle et Polynice? Rien autre chose que leurs opinions sur la royauté et sur l'exil. Celui-ci leur paraissait le dernier des maux, et celle-là le plus grand des biens ; or, la nature de tous les êtres est de chercher le bien et de fuir le mal, et de regarder comme un adversaire et comme un ennemi quiconque veut leur enlever l'un et les jeter dans l'autre, fût-il leur frère, leur fils, ou leur père. Rien, en effet, ne nous tient de plus près que le bien; et de là suit que, si les choses extérieures sont des biens ou des maux, le père n'est plus, l'ami de ses enfants, le frère n'est plus l'ami de son frère; partout il n'y a plus que des ennemis, des traîtres et des calomniateurs. Si, au contraire, le bon état de la faculté de juger et de vouloir est le seul bien, son mauvais état le seul mal, que deviennent les querelles et les invectives? A propos de quoi existeraient-elles? Pour des choses qui nous sont indifférentes? Et contre qui? Contre des ignorants et des malheureux qui se trompent sur les choses les plus importantes? C'est parce que Socrate savait tout cela, qu'il demeurait dans sa maison, en supportant la plus méchante des femmes et un fils ingrat. A quoi aboutissait, en effet, la méchanceté de sa femme? à lui verser sur la tête toute l'eau qu'elle voulait, et à trépigner sur son gâteau. « Qu'est-ce que cela me fait, disait Socrate, dès que je le regarde comme indifférent? Or, ceci dépend de moi : il n'y a ni tyran, ni maître qui puisse m'en empêcher, si je le veux; la multitude ici est impuissante contre l'individu, le plus fort contre le plus faible. L'indépendance sur ce point est un don de Dieu à chacun de nous. » Voilà les principes qui mettent l'amitié dans une famille, la concorde dans une ville, la paix entré les nations. Par eux, on est reconnaissant pour Dieu, et toujours sans crainte, parce qu'il n'y a jamais en question que des choses qui ne nous appartiennent pas et qui sont sans valeur. Quant à nous, nous sommes bons pour écrire ou lire tout cela, et pour l'approuver quand nous l'avons lu; mais que nous sommes loin de nous en pénétrer ! Aussi ce qu'on disait des Lacédémoniens, qu'ils sont des lions chez eux, des renards à Éphèse, peut s'appliquer à nous aussi : « lions dans l'école, renards dehors. »


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Dernière mise à jour : 18/05/2007