[4,7] § 1. Παχύνεται μὲν οὖν ὑπὸ πυρὸς μόνον, ὅσα ὕδατος πλέον ἔχει ἢ γῆς, πήγνυται
δέ, ὅσα γῆς. Διὸ καὶ τὸ νίτρον καὶ οἱ ἅλες γῆς εἰσιν μᾶλλον, καὶ λίθος καὶ
κέραμος.
§ 2. Ἀπορώτατα δὲ ἔχει ἡ τοῦ ἐλαίου φύσις. Εἰ μὲν γὰρ ὕδατος, ἔδει πήγνυσθαι
ὑπὸ ψυχροῦ, εἰ δὲ γῆς πλέον, ὑπὸ πυρός· νῦν δὲ πήγνυται μὲν ὑπ' οὐδετέρου,
παχύνεται δὲ ὑπ' ἀμφοῖν.
§ 3. Αἴτιον δ' ἐστὶν ὅτι ἀέρος ἐστὶν πλῆρες. Διὸ καὶ ἐν τῷ ὕδατι ἐπιπολάζει· καὶ
γὰρ ὁ ἀὴρ φέρεται ἄνω. Τὸ μὲν οὖν ψυχρὸν ἐκ τοῦ ἐνόντος πνεύματος ὕδωρ
ποιοῦν παχύνει· ἀεὶ γάρ, ὅταν μειχθῇ ὕδωρ καὶ ἔλαιον, ἀμφοῖν γίγνεται
παχύτερον.
§ 4. Ὑπὸ δὲ πυρὸς καὶ χρόνου παχύνεται καὶ λευκαίνεται, λευκαίνεται μὲν
ἐξατμίζοντος εἴ τι ἐνῆν ὕδατος, παχύνεται δὲ διὰ τὸ μαραινομένου τοῦ θερμοῦ ἐκ
τοῦ ἀέρος γίγνεσθαι ὕδωρ.
§ 5. Ἀμφοτέρως μὲν οὖν τὸ αὐτὸ γίγνεται πάθος, καὶ διὰ τὸ αὐτό, ἀλλ' οὐχ
ὡσαύτως. Παχύνεται μὲν οὖν ὑπ' ἀμφοτέρων, οὐ ξηραίνεται δ' ὑπ' οὐδετέρου·
οὔτε γὰρ ὁ ἥλιος οὔτε τὸ ψῦχος ξηραίνει· οὐ μόνον διότι γλίσχρον, (384a) ἀλλὰ
καὶ διότι ἀέρος ἐστίν. Οὐ ξηραίνεται δὲ τὸ ὕδωρ οὐδ' ἕψεται ὑπὸ πυρός, ὅτι οὐκ
ἀτμίζει διὰ γλισχρότητα.
§ 6. Ὅσα δὲ μεικτὰ ὕδατος καὶ γῆς, κατὰ τὸ πλῆθος ἑκατέρου ἄξιον λέγεσθαι·
οἶνος γάρ τις καὶ πήγνυται καὶ ἕψεται, οἷον τὸ γλεῦκος.
§ 7. Ἀπέρχεται δὲ ἀπὸ πάντων τῶν τοιούτων ξηραινομένων τὸ ὕδωρ. Σημεῖον δ'
ὅτι τὸ ὕδωρ· ἡ γὰρ ἀτμὶς συνίσταται εἰς ὕδωρ, ἐάν τις βούληται συλλέγειν· ὥστε
ὅσοις λείπεταί τι, τοῦτο γῆς.
§ 8. Ἔνια δὲ τούτων καὶ ὑπὸ ψυχροῦ, ὥσπερ εἴρηται, παχύνεται καὶ ξηραίνεται· τὸ
γὰρ ψυχρὸν οὐ μόνον πήγνυσιν, ἀλλὰ ξηραίνει μὲν ὕδωρ, παχύνει δὲ τὸν ἀέρα
ὕδωρ ποιοῦν· ἡ δὲ πῆξις εἴρηται ξηρασία τις οὖσα.
§ 9. Ὅσα μὲν οὖν μὴ παχύνεται ὑπὸ τοῦ ψυχροῦ ἀλλὰ πήγνυται, ὕδατός ἐστι
μᾶλλον, οἷον οἶνος καὶ οὖρον καὶ ὄξος καὶ κονία καὶ ὀρός· ὅσα δὲ παχύνεται μὴ
ἐξατμίζοντα ὑπὸ πυρός, τὰ μὲν γῆς, τὰ δὲ κοινὰ ὕδατος καὶ ἀέρος, μέλι μὲν γῆς,
ἔλαιον δ' ἀέρος.
§ 10. Ἔστιν δὲ καὶ τὸ γάλα καὶ τὸ αἷμα ἀμφοῖν μὲν κοινὰ καὶ ὕδατος καὶ γῆς,
μᾶλλον δὲ τὰ πολλὰ γῆς, ὥσπερ καὶ ἐξ ὅσων ὑγρῶν νίτρον γίγνεται καὶ ἅλες
§ 11. (καὶ λίθοι δ' ἔκ τινων συνίστανται τοιούτων). Διὸ ἐὰν μὴ χωρισθῇ ὁ ὀρός,
ἐκκάεται ὑπὸ τοῦ πυρὸς ἑψόμενος. Τὸ δὲ γεῶδες συνίσταται καὶ ὑπὸ τοῦ ὀποῦ,
ἐάν πως ἕψῃ τις, οἷον οἱ ἰατροὶ ὀπίζοντες.
§ 12. Οὕτω δὲ χωρίζεται ὁ ὀρὸς καὶ ὁ τυρός. Ὁ δὲ χωρισθεὶς ὀρὸς οὐκέτι
παχύνεται, ἀλλ' ἐκκάεται ὥσπερ ὕδωρ. Εἰ δέ τι μὴ ἔχει τυρὸν γάλα ἢ ὀλίγον,
τοῦτο μᾶλλον ὕδατος καὶ ἄτροφον.
§ 13. Καὶ τὸ αἷμα δὲ ὁμοίως· πήγνυται γὰρ τῷ ξηραίνεσθαι ψυχόμενον. Ὅσα δὲ μὴ
πήγνυται, οἷον τὸ τῆς ἐλάφου, τὰ τοιαῦτα ὕδατος μᾶλλον, καὶ ψυχρὰ ταῦτα. Διὸ
καὶ οὐκ ἔχει ἶνας· αἱ γὰρ ἶνές εἰσιν γῆς καὶ στερεόν· ὥστε καὶ ἐξαιρεθεισῶν οὐ
πήγνυται·
§ 14. τοῦτο δ' ἐστὶν ὅτι οὐ ξηραίνεται· ὕδωρ γὰρ τὸ λοιπόν, ὡς τὸ γάλα τοῦ τυροῦ
ἐξαιρεθέντος. Σημεῖον δέ· τὰ νοσώδη γὰρ αἵματα οὐ θέλει πήγνυσθαι· ἰχωροειδῆ
γάρ, τοῦτο δὲ φλέγμα καὶ ὕδωρ διὰ τὸ ἄπεπτον εἶναι καὶ ἀκράτητον ὑπὸ τῆς
φύσεως.
§ 15. Ἔτι δὲ τὰ μὲν λυτά ἐστιν, οἷον νίτρον, τὰ δὲ ἄλυτα, οἷον κέρα(384b) μος, καὶ
τούτων τὰ μὲν μαλακτά, οἷον κέρας, τὰ δὲ ἀμάλακτα, οἷον κέραμος καὶ λίθος.
§ 16. Αἴτιον δ' ὅτι τἀναντία τῶν ἐναντίων αἴτια, ὥστ' εἰ πήγνυται δυοῖν, ψυχρῷ
καὶ ξηρῷ, λύεσθαι ἀνάγκη θερμῷ καὶ ὑγρῷ·
§ 17. διὸ πυρὶ καὶ ὕδατι (ταῦτα γὰρ ἐναντία), ὕδατι μὲν ὅσα πυρὶ μόνῳ, πυρὶ δὲ
ὅσα ψυχρῷ μόνῳ· ὥστ' εἴ τι ὑπ' ἀμφοῖν συμβαίνει πήγνυσθαι, ταῦτα ἄλυτα
μάλιστα.
§ 18. Γίγνεται δὲ τοιαῦτα ὅσα θερμανθέντα ἔπειτα τῷ ψυχρῷ πήγνυται·
συμβαίνει γάρ, ὅταν τὸ θερμὸν ἐξικμάσῃ ἐξιόν, τὸ πλεῖστον ὑγρὸν συνθλίβεσθαι
πάλιν ὑπὸ τοῦ ψυχροῦ, ὥστε μηδὲ ὑγρῷ διδόναι δίοδον.
§ 19. Καὶ διὰ ταῦτα οὔτε τὸ θερμὸν λύει· ὅσα γὰρ ὑπὸ ψυχροῦ πήγνυται μόνου,
ταῦτα λύει· οὔθ' ὑπὸ ὕδατος· ὅσα γὰρ ὑπὸ ψυχροῦ πήγνυται, οὐ λύει, ἀλλ' ὅσα
ὑπὸ θερμοῦ ξηροῦ μόνον.
§ 20. Ὁ δὲ σίδηρος τακεὶς ὑπὸ θερμοῦ ψυχθεὶς πήγνυται. Τὰ δὲ ξύλα ἐστὶν γῆς καὶ
ἀέρος· διὸ καυστὰ καὶ οὐ τηκτὰ οὐδὲ μαλακτά, καὶ ἐπὶ τῷ ὕδατι ἐπιπλεῖ, πλὴν
ἐβένου·
§ 21. αὕτη δ' οὔ· τὰ μὲν γὰρ ἄλλα ἀέρος ἔχει πλέον, ἐκ δὲ τῆς ἐβένου τῆς μελαίνης
διαπέπνευκεν ὁ ἀήρ, καὶ ἔστι πλέον ἐν αὐτῇ γῆς.
§ 22. Κέραμος δὲ γῆς μόνον διὰ τὸ ξηραινόμενος παγῆναι κατὰ μικρόν· οὔτε γὰρ
τὸ ὕδωρ εἰσόδους ἔχει, δι' ὧν μόνον πνεῦμα ἐξῆλθεν, οὔτε πῦρ· ἔπηξε γὰρ αὐτό.
§ 23. Τί μὲν οὖν ἐστι πῆξις καὶ τῆξις, καὶ διὰ πόσα καὶ ἐν πόσοις ἐστίν, εἴρηται.
| [4,7] CHAPITRE VII.
§ 1. Toutes les choses qui ont plus d'eau que de terre ne font que s'épaissir par le feu ;
mais celles qui ont plus de terre se coagulent. C'est ainsi que le nitre et les sels ont
plus de terre, de même que l'argile et la pierre.
§ 2. La nature de l'huile est très difficile à classer ; car si elle avait plus d'eau, il
faudrait qu'elle se coagulât par le froid, comme les glaces ; et si elle avait plus de
terre, ce serait par le feu, comme l'argile. Mais au contraire elle ne se coagule ni par
l'un ni par l'autre, et elle s'épaissit par l'action des deux.
§ 3. La cause en est qu'elle est pleine d'air ; aussi surnage-t-elle sur l'eau, parce que
l'air est porté en haut. Le froid, en convertissant en eau l'air qui y est contenu,
l'épaissit ; car toujours, quand on mêle de l'eau et de l'huile, le mélange est plus épais
que l'une ou l'autre.
§ 4. Par l'effet du feu, et avec le temps, l'huile s'épaissit et blanchit; elle blanchit parce
que l'eau, s'il y en avait, vient à s'évaporer ; elle s'épaissit parce que l'air forme de
l'eau, quand la chaleur vient à diminuer et à disparaître.
§ 5. Des deux façons, c'est donc la même modification qui a lieu, et par la même
cause, mais non pas de la même manière. L'huile s'épaissit par les deux : l'action du
temps et celle du chaud. Mais elle ne se dessèche ni par l'un ni par l'autre; car ni le
soleil ni le froid ne la dessèche, non seulement parce qu'elle est visqueuse, (384a)
mais encore parce qu'elle contient de l'air. L'eau que l'huile contient ne se dessèche
pas, et ne bout pas par l'action du feu, parce qu'elle ne se vaporise pas à cause de la
viscosité de l'huile.
§ 6. Tous les corps mixtes composés d'eau et de terre doivent être classifiés d'après la
quantité qu'ils renferment de l'un et de l'autre ; et par exemple, il y a un vin qui tout à
la fois se coagule et peut bouillir : c'est le vin doux.
§ 7. L'eau est expulsée de tous les corps, quand ils se dessèchent. La preuve que c'est
bien de l'eau, c'est que la vapeur se condense sous forme aqueuse, si l'on se donne la
peine de la recueillir. Et toutes les fois qu'il reste quelque résidu d'un corps, c'est qu'il
est de la terre.
§ 8. Quelques-uns, parmi ces corps, s'épaississent et se dessèchent aussi par le froid,
ainsi qu'on l'a dit. C'est qu'en effet le froid, non seulement coagule et dessèche ; mais
de plus, il épaissit. Il coagule et dessèche l'eau ; et il épaissit l'air, en en faisant de
l'eau. La coagulation a été appelée une sorte de dessiccation.
§ 9. Ainsi donc, toutes les substances qui n'épaississent pas par le froid, mais qui se
coagulent, ont plus d'eau que de terre, comme le vin, l'urine, le vinaigre, la lessive et
le petit-lait. Toutes les substances qui s'épaississent par le feu sans s'évaporer, sont,
les unes de terre, et les autres, mélangées d'eau et d'air ; ainsi le miel est de terre ;
l'huile est d'air et d'eau.
§ 10. Le lait et le sang participent à la fois des deux, de l'eau et de la terre ; mais la
plupart du temps, ils tiennent davantage de la terre, comme tous les corps humides
d'où viennent le nitre et les sels.
§ 11. Il y a même des pierres qui se forment de quelques-unes de ces substances.
Aussi, quand on n'isole pas le petit-lait, il est brûlé par le feu qui le fait bouillir; mais
la partie terreuse se forme aussi par la présure, pour peu qu'on fasse bouillir le lait
comme les médecins, quand ils font tourner le lait pour quelque médicament.
§ 12. C'est ainsi que le petit-lait et la crème se séparent, et le petit-lait une fois séparé
ne s'épaissit plus; mais il est consumé comme de l'eau. Quand le lait n'a plus du tout
de crème, ou s'il en a peu, il a plus d'eau, et il nourrit moins.
§ 13. Il en est de même du sang ; il se coagule, parce qu'il se dessèche en se
refroidissant. Tous les sangs qui ne se coagulent pas, comme celui du cerf, ont plus
d'eau que de terre et sont les plus froids. Aussi, n'ont-ils pas de fibres ; car les fibres
sont de la terre et sont solides ; de telle sorte que si elles manquent, le sang ne peut
plus se coaguler.
§ 14. Et cela vient alors de ce qu'il ne se dessèche pas ; car dans ce cas, c'est de l'eau
qui reste, comme pour le lait quand la crème a été enlevée. La preuve, c'est que les
sangs qui sont malades ne veulent pas se coaguler ; car ils sont pleins d'humeur et de
pus ; or l'humeur est du flegme et de l'eau, parce qu'alors le sang n'est pas cuit et qu'il
résiste à la coction naturelle.
§ 15. De plus, il y a des corps qui sont solubles comme le nitre ; d'autres qui sont
insolubles comme l'argile et la pierre ; et parmi ces substances, les unes peuvent
s'amollir par le feu comme la corne; les autres ne peuvent pas s'amollir, par exemple
l'argile et la pierre.
§ 16. La raison en est que les contraires causent lès contraires; et par conséquent, si les
corps se coagulent par deux causes, le froid et le sec, il faut nécessairement qu'ils se
dissolvent aussi par le chaud et l'humide.
§ 17. Voilà pourquoi ils se dissolvent par le feu et par l'eau, qui sont des contraires :
par l'eau, toutes les fois que c'est par le feu seul qu'ils se coagulent ; par le feu, toutes
les fois que c'est par le froid seul qu'ils ont été coagulés. De sorte que les corps qui
peuvent se coaguler par les deux, sont les plus insolubles de tous.
§ 18. Ce sont les corps qui, après avoir été échauffés, se coagulent par le froid . En
effet, quand la chaleur sort et suinte, il arrive que la plus grande partie de l'humide
est chassée de nouveau en dedans par le froid, de sorte qu'il ne laisse plus de passage
pour l'humide.
§ 19. C'est là aussi ce qui fait que la chaleur ne dissout pas ces corps, tandis qu'elle
dissout ceux qui ne sont exclusivement coagulés que par le froid ; et ces corps ne sont
pas dissous non plus par l'eau ; car les corps qui sont coagulés par le froid ne sont
pas dissous par l'eau ; mais elle ne dissout que ceux qui sont coagulés uniquement
par la chaleur sèche.
§ 20. Le fer fondu par la chaleur se coagule de nouveau par le froid, de sorte qu'il a
besoin des deux pour arriver à la coagulation ; aussi est-il insoluble à l'eau. Quant
aux bois, comme ils sont de terre et d'air, ils sont combustibles ; mais ils ne sont ni
fusibles ni susceptibles d'être amollis ; ils surnagent sur l'eau, si l'on en excepte
l'ébène.
§ 21. Mais l'ébène ne surnage pas. C'est que tous les autres bois contiennent plus d'air
que celui-là ; l'air a transpiré hors de l'ébène noir ; et il reste en lui plus de terre.
§ 22. L'argile n'est que de la terre, parce qu'elle se coagule peu à peu en se séchant ;
car l'eau n'a plus les entrées par lesquelles l'air seul est sorti ; le feu n'en a pas non
plus, puisque c'est lui qui a coagulé l'argile.
§ 23. Nous avons donc expliqué ce que c'est que la coagulation et la fusion, par
quelles causes et dans quels corps elles se produisent.
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