[1,403a] ὥστε καθ' ὅσους τῶν ὁρισμῶν μὴ συμβαίνει τὰ (403a) συμβεβηκότα γνωρίζειν,
ἀλλὰ μηδ' εἰκάσαι περὶ αὐτῶν εὐμαρές, δῆλον ὅτι διαλεκτικῶς εἴρηνται καὶ κενῶς ἅπαντες.
§ 9. Ἀπορίαν δ' ἔχει καὶ τὰ πάθη τῆς ψυχῆς, πότερόν ἐστι πάντα κοινὰ καὶ τοῦ ἔχοντος ἢ ἔστι τι
καὶ τῆς ψυχῆς ἴδιον αὐτῆς· τοῦτο γὰρ λαβεῖν μὲν ἀναγκαῖον, οὐ ῥᾴδιον δέ. Φαίνεται δὲ τῶν μὲν
πλείστων οὐθὲν ἄνευ τοῦ σώματος πάσχειν οὐδὲ ποιεῖν, οἷον ὀργίζεσθαι, θαρρεῖν, ἐπιθυμεῖν,
ὅλως αἰσθάνεσθαι, μάλιστα δ' ἔοικεν ἰδίῳ τὸ νοεῖν· εἰ δ' ἐστὶ καὶ τοῦτο φαντασία τις ἢ μὴ ἄνευ
φαντασίας, οὐκ ἐνδέχοιτ' ἂν οὐδὲ τοῦτ' ἄνευ σώματος εἶναι.
§ 10 Εἰ μὲν οὖν ἔστι τι τῶν τῆς ψυχῆς ἔργων ἢ παθημάτων ἴδιον, ἐνδέχοιτ' ἂν αὐτὴν χωρίζεσθαι·
εἰ δὲ μηθέν ἐστιν ἴδιον αὐτῆς, οὐκ ἂν εἴη χωριστή, ἀλλὰ καθάπερ τῷ εὐθεῖ, ᾗ εὐθύ, πολλὰ
συμβαίνει, οἷον ἅπτεσθαι τῆς {χαλκῆς} σφαίρας κατὰ στιγμήν, οὐ μέντοι γ' ἅψεται οὕτως
χωρισθέν τι εὐθύ· ἀχώριστον γάρ, εἴπερ ἀεὶ μετὰ σώματός τινος ἐστιν. Ἔοικε δὲ καὶ τὰ τῆς
ψυχῆς πάθη πάντα εἶναι μετὰ σώματος, θυμός, πραότης, φόβος, ἔλεος, θάρσος, ἔτι χαρὰ καὶ τὸ
φιλεῖν τε καὶ μισεῖν· ἅμα γὰρ τούτοις πάσχει τι τὸ σῶμα. Μηνύει δὲ τὸ ποτὲ μὲν ἰσχυρῶν καὶ
ἐναργῶν παθημάτων συμβαινόντων μηδὲν παροξύνεσθαι ἢ φοβεῖσθαι, ἐνίοτε δ' ὑπὸ μικρῶν
καὶ ἀμαυρῶν κινεῖσθαι, ὅταν ὀργᾷ τὸ σῶμα καὶ οὕτως ἔχῃ ὥσπερ ὅταν ὀργίζηται. Ἔτι δὲ
μᾶλλον τοῦτο φανερόν· μηθενὸς γὰρ φοβεροῦ συμβαίνοντος ἐν τοῖς πάθεσι γίνονται τοῖς τοῦ
φοβουμένου. Εἰ δ' οὕτως ἔχει, δῆλον ὅτι τὰ πάθη λόγοι ἔνυλοί εἰσιν· ὥστε οἱ ὅροι τοιοῦτοι οἷον
"τὸ ὀργίζεσθαι κίνησίς τις τοῦ τοιουδὶ σώματος ἢ μέρους ἢ δυνάμεως ὑπὸ τοῦδε ἕνεκα τοῦδε",
§ 11. Καὶ διὰ ταῦτα ἤδη φυσικοῦ τὸ θεωρῆσαι περὶ ψυχῆς, ἢ πάσης ἢ τῆς τοιαύτης. Διαφερόντως
δ' ἂν ὁρίσαιντο ὁ φυσικὸς {τε} καὶ ὁ διαλεκτικὸς ἕκαστον αὐτῶν, οἷον ὀργὴ τί ἐστιν· ὁ μὲν γὰρ
ὄρεξιν ἀντιλυπήσεως ἤ τι τοιοῦτον,
| [1,403a] et il résulte de là que toutes les définitions où l'on ne connaît pas (403a)
les accidents de la chose, et où il n'est pas même aisé de s'en faire une idée, sont
évidemment des définitions de pure dialectique et tout-à-fait vides.
§ 9. Quant aux affections de l'âme, on peut se demander si elles sont toutes sans
exception communes au corps qui a l'âme, ou bien s'il n'y en a pas quelqu'une qui
soit propre à l'âme exclusivement. C'est là une recherche indispensable, mais elle est
loin d'être facile. L'âme, dans la plupart des cas, ne semble ni éprouver ni faire quoi
que ce soit sans le corps; et, par exemple, se mettre en colère, avoir du courage,
désirer, et en général sentir. La fonction qui semble surtout propre à l'âme, c'est de
penser; mais la pensée même, qu'elle soit d'ailleurs une sorte d'imagination, ou
qu'elle ne puisse avoir lieu sans imagination, ne saurait jamais se produire sans le corps.
§ 10. Si donc l'âme a quelqu'une de ses affections ou de ses actes qui lui soit
spécialement propre, elle pourrait être isolée du corps; mais si elle n'a rien qui soit
exclusivement à elle, elle n'en saurait être séparée. C'est ainsi que le droit, en tant que
droit, peut avoir bien des accidents, et, par exemple, il peut toucher en un point à une
sphère d'airain ; mais cependant le droit, séparé d'un corps quelconque, ne touchera
pas cette sphère; c'est que le droit n'existe pas à part, et qu'il est toujours joint à
quelque corps. De même aussi, toutes les modifications de l'âme semblent n'avoir
lieu qu'en compagnie du corps: courage, douceur, crainte, pitié, audace, joie, aimer et
haïr. Simultanément à toutes ces affections, le corps éprouve aussi une modification.
Ce qui le montre bien, c'est que si parfois, même sous le coup d'affections violentes et
parfaitement claires, on ne ressent ni excitation ni crainte, parfois aussi on est tout
ému d'affections faibles et obscures, lorsque le corps est irrité et qu'il est dans l'état
où le met la colère. Ce qui peut rendre ceci plus évident encore, c'est que souvent,
sans aucun motif réel de crainte, on tombe tout-à-fait dans les émotions d'un homme
que la crainte transporte; et, si cela est vrai, on peut affirmer évidemment que les
affections de l'âme sont des raisons matérielles. Par suite, des expressions telles que
celles-ci : Se mettre en colère, signifient un mouvement du corps qui est dans tel état,
ou un mouvement de telle partie du corps, de telle faculté du corps, causé par telle
chose et ayant telle fin.
§ 11. Voilà aussi pourquoi c'est au physicien d'étudier l'âme, soit tout entière, soit
sous un rapport particulier. D'ailleurs, le naturaliste et le dialecticien exposeraient
tout différemment ce qu'est chaque affection de l'âme, et, par exemple, la colère. L'un
dirait que c'est le désir de rendre douleur pour douleur, ou donnerait telle
explication analogue;
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