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[2,85] Ὁ δὲ Πομπήιος ὑπώπτευε μὲν ἅπαντα, καὶ τὴν παράταξιν τοῦ
στρατοῦ καὶ τὴν τοῦ σκάφους εὐτέλειαν καὶ τὸ μὴ τὸν βασιλέα
αὐτόν οἱ παραγενέσθαι μηδὲ τῶν ἐπιφανῶν τινας πέμψαι· τοσοῦτο
δ' ἐκ τῶν Σοφοκλέους ἰαμβείων πρὸς ἑαυτὸν ἀνενεγκών· ὅστις γὰρ
ὡς τύραννον ἐμπορεύεται, κείνου υστὶ δοῦλος, κἂν ἐλεύθερος
μόλῃ," ἐνέβαινεν ἐς τὸ σκάφος. Καὶ ἐν τῷ διάπλῳ σιωπώντων
ἁπάντων ἔτι μᾶλλον ὑπώπτευε· καὶ τὸν Σεμπρώνιον εἴτε
ἐπιγινώσκων Ῥωμαῖον ὄντα καὶ ἐστρατευμένον ἑαυτῷ, εἴτε
τοπάζων ἐκ τοῦ μόνον ἑστάναι, κατὰ δὴ τὴν στρατιωτικὴν ἄρα
διδασκαλίαν οὐ συνεδρεύοντα αὐτοκράτορι, ἐπιστραφεὶς ἐς αὐτὸν
εἶπεν· « Ἆρά σε γινώσκω, συστρατιῶτα; » Καὶ ὃς αὐτίκα μὲν
ἐπένευσεν, ἀποστραφέντα δ' εὐθὺς ἐπάταξε πρῶτος, εἶθ' ἕτεροι.
Καὶ τὸ μὲν γύναιον τοῦ Πομπηίου καὶ οἱ φίλοι ταῦτα μακρόθεν
ὁρῶντες ἀνῴμωζόν τε καὶ χεῖρας ἐς θεοὺς ἐκδίκους σπονδῶν
ἀνίσχοντες ἀπέπλεον τάχιστα ὡς ἐκ πολεμίας.
| [2,85] Pompée, de son côté, commençait à tout
soupçonner : le déploiement de l'armée, la modestie de
la barque, le fait que le roi ne fût pas à ses côtés en
personne, qu'aucun des dignitaires n'eût été envoyé.
Mais il se contenta de se répéter ces vers de Sophocle :
« Quiconque se rend auprès d'un roi en devient
l'esclave, même s'il y vient en homme libre », puis il
entra dans la barque. Et comme, pendant la traversée,
tout le monde gardait le silence, ses soupçons se
renforcèrent, et, soit qu'il eût reconnu Sempronius, parce
qu'il était un Romain et avait combattu sous ses ordres,
soit qu'il l'eût deviné en le voyant rester seul debout,
selon précisément l'habitude militaire bien connue qui
veut qu'on ne s'asseye pas en présence de son général,
il se tourna vers lui et dit : « Mais je te connais : n'es-tu
pas un compagnon d'armes ? » Et ce dernier fit aussitôt
signe que oui ; puis dès que Pompée eut tourné le
regard, il lui porta le premier coup, et les autres
continuèrent. La femme et les amis de Pompée,
assistant de loin à cette scène, se mirent à hurler de
douleur et, levant leurs mains vers les dieux, vengeurs
des accords violés, ils se hâtèrent de partir au large
d'une terre pour eux ennemie.
| [2,86] Πομπηίου δὲ τὴν μὲν κεφαλὴν ἀποτεμόντες οἱ περὶ Ποθεινὸν
ἐφύλασσον Καίσαρι ὡς ἐπὶ μεγίσταις ἀμοιβαῖς (ὁ δὲ αὐτοὺς
ἠμύνατο ἀξίως τῆς ἀθεμιστίας), τὸ δὲ λοιπὸν σῶμά τις ἔθαψεν ἐπὶ
τῆς ἠϊόνος καὶ τάφον ἤγειρεν εὐτελῆ· καὶ ἐπίγραμμα ἄλλος
ἐπέγραψε· « Τῷ ναοῖς βρίθοντι πόση απάνις ἔπλετο τύμβου. »
Χρόνῳ δὲ τὸν τάφον τόνδε ἐπικρυφθέντα ὅλον ὑπὸ ψάμμου καὶ
εἰκόνας, ὅσας ἀπὸ χαλκοῦ τῷ Πομπηίῳ περὶ τὸ Κάσσιον ὕστερον οἱ
προσήκοντες ἀνέθηκαν, λελωβημένα πάντα καὶ ἐς τὸ ἄδυτόν του
ἱεροῦ κατενεχθέντα ἐζήτησε καὶ εὗρεν ἐπ' ἐμοῦ Ῥωμαίων βασιλεὺς
Ἁδριανὸς ἐπιδημῶν, καὶ τὸν τάφον ἀνεκάθηρε γνώριμον αὖθις
εἶναι καὶ τὰς εἰκόνας αὐτοῦ Πομπηίου διωρθώσατο.
Τόδε μὲν δὴ τοῦ βίου τέλος ἦν Πομπηίῳ τῷ μεγίστους πολέμους
ἀνύσαντι καὶ μέγιστα τὴν Ῥωμαίων ἀρχὴν ὠφελήσαντι καὶ
Μεγάλῳ διὰ ταῦτα ὀνομασθέντι καὶ οὐχ ἡττηθέντι ποτὲ πρότερον,
ἀλλὰ ἀηττήτῳ καὶ εὐτυχεστάτῳ ἐξέτι νέου γενομένῳ· ἀπὸ γὰρ
τριῶν καὶ εἴκοσιν ἐτῶν οὐ διέλιπεν ἐς ὀκτὼ καὶ πεντήκοντα τῇ μὲν
ἰσχύι μοναρχικῶς δυναστεύων, τῇ δε δόξῃ διὰ τὸν Καίσαρος ζῆλον
δημοτικῶς νομιζόμενος ἄρχειν.
| [2,86] La tête de Pompée fut coupée et conservée par
Pothinos et son entourage pour César, dont ils
espéraient de grandes compensations, mais qui leur fit
payer comme il fallait leur infamie ; le reste de son corps
fut enseveli sur la côte par un inconnu qui lui érigea
également un tombeau modeste, où une autre personne
fit inscrire :« Pour qui de temples regorgea, quelle
misère est celle de ce tombeau ! » Puis ce tombeau,
avec le temps, fut tout entier recouvert par le sable ;
toutes les statues de bronze, érigées ensuite en
l'honneur de Pompée par ses partisans, et qui avaient
été outragées puis transportées dans la partie secrète du
sanctuaire, furent recherchées et retrouvées, de mon
temps, lors d'un de ses voyages, par les soins de
l'empereur romain Hadrien, qui fit nettoyer le tombeau,
de façon à lui rendre son ancien lustre, et redresser les
statues de Pompée lui-même.
Ainsi se termina donc la vie de Pompée, qui vint à bout
des plus grandes guerres, rendit les plus grands services
à l'empire romain, fut pour cela nommé « Le Grand » ; il
n'avait jamais auparavant connu la défaite, mais était
resté invaincu et avait joui du plus grand succès depuis
sa prime jeunesse : car depuis l'âge de vingt-trois ans
jusqu'à celui de cinquante-huit, il disposa sans cesse
d'une puissance qui lui permit d'exercer le pouvoir de
façon absolue, bien qu'il eût, par contraste avec César,
la réputation de gouverner de façon républicaine.
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