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[2,81] Πομπήιος δ' ἐπεὶ τὴν τροπὴν εἶδεν, ἔκφρων αὑτοῦ γενόμενος
ἀπῄει βάδην ἐς τὸ στρατόπεδον καὶ παρελθὼν ἐς τὴν σκηνὴν
ἐκαθέζετο ἄναυδος, οἷόν τι καὶ τὸν Τελαμῶνος Αἴαντά φασιν ἐν
Ἰλίῳ παθεῖν, ἐν μέσοις πολεμίοις ὑπὸ θεοβλαβείας. Τῶν δ' ἄλλων
ὀλίγοι πάνυ ἐσῄεσαν ἐς τὸ στρατόπεδον· τὸ γὰρ κήρυγμα τοῦ
Καίσαρος ἑστάναι τε ἀκινδύνως ἐποίει, καὶ παραδραμόντων τῶν
πολεμίων διεσκίδνη κατὰ μέρος. Ληγούσης δὲ τῆς ἡμέρας ὁ Καῖσαρ
τὸν στρατὸν ἀσχέτως που περιθέων ἱκέτευε προσπονῆσαι, μέχρι
καὶ τὸν χάρακα τοῦ Πομπηίου λάβοιεν, ἐκδιδάσκων, ὅτι, εἰ
συσταῖεν αὖθις οἱ πολέμιοι, μίαν ἡμέραν ἔσονται νενικηκότες, εἰ δὲ
τὸ στρατόπεδον αὐτῶν ἕλοιεν, τὸν πόλεμον ἑνὶ τῷδε ἔργῳ
κατωρθωκότες ἂν εἶεν. Τάς τε οὖν χεῖρας αὐτοῖς ὤρεγε καὶ πρῶτος
ἐξῆρχε δρόμου. Τοῖς δὲ τὰ μὲν σώματα ἔκαμνε, τὴν δὲ ψυχὴν ὅ τε
λογισμὸς καὶ ὁ αὐτοκράτωρ συντρέχων ἐκούφιζεν. ᾘώρει δὲ καὶ ἡ
τῶν γεγονότων εὐπραξία καὶ ἐλπίς, ὅτι καὶ τὸν χάρακα αἱρήσουσι
καὶ πολλὰ τὰ ἐν αὐτῷ· ἥκιστα δ' ἐν ἐλπίσιν ἢ εὐτυχίαις ἄνθρωποι
καμάτων αἰσθάνονται. Οἱ μὲν δὴ καὶ τῷδε προσπεσόντες
ἐπεχείρουν σὺν πολλῇ πρὸς τοὺς ἀπομαχομένους καταφρονήσει, ὁ
δὲ Πομπήιος μαθὼν ἐξ ἀλλοκότου σιωπῆς τοσοῦτον ἀπέρρηξεν·
«Οὐκοῦν καὶ ἐπὶ τὸν χάρακα ἡμῶν; » καὶ εἰπὼν τήν τε στολὴν
ἐνήλλαξε καὶ ἵππου ἐπιβὰς σὺν φίλοις τέσσαρσιν οὐκ ἀνέσχε
δρόμου, πρὶν ἀρχομένης ἡμέρας ἐν Λαρίσσῃ γενέσθαι. Ὁ δὲ
Καῖσαρ, ὡς ἐπηπείλησε παρατάσσων, ἐν τῷ Πομπηίου χάρακι
ἐστάθμευσε, καὶ αὐτός τε τὴν ἐκείνου βρώμην καὶ ὁ στρατὸς ἅπας
τὴν τῶν πολεμίων ἐδαίσαντο.
| [2,81] Quand Pompée vit la déroute, il perdit la tête et
s'éloigna à pas lents vers son camp, où il se rendit à sa
tente et s'assit sans dire un mot, dans l'état que connut,
dit-on, à Troie, Ajax, fils de Télamon, tombant en pleine
bataille sous l'emprise maléfique d'un dieu. Les autres
soldats furent peu nombreux à rentrer au camp : le
message de César les fit s'arrêter sans éprouver de
crainte, et tandis que les ennemis passaient en courant
auprès d'eux, ils se dispersèrent en petits groupes.
Comme le jour déclinait, César se mit à parcourir son
armée sans relâche pour la supplier de poursuivre son
effort, jusqu'à la prise du camp de Pompée ; il expliquait
que, si les ennemis se reformaient, elle aurait été
victorieuse un jour, mais que si leur camp était pris, elle
aurait gagné la guerre par cette unique opération. Et
donc, tendant ses mains vers ses hommes, il se mit le
premier en route. Ceux-ci étaient physiquement fourbus,
mais moralement revigorés par ces arguments et par la
présence de leur général marchant à leurs côtés. À cette
impulsion se joignait celle des succès remportés et
l'espoir de prendre avec le camp son abondant contenu.
En effet, c'est au sein de l'espoir et du succès que les
hommes ressentent le moins la fatigue. Ils tombèrent
donc également sur le camp et l'investirent avec un
grand dédain pour ses défenseurs. Quand Pompée
l'apprit, il ne sortit de son étrange silence que pour jeter
ces mots : « Quoi ! même dans notre camp ! », après
quoi il changea de tenue, partit à cheval avec quatre
amis, et ne s'arrêta pas avant de se trouver, au lever du
jour, à Larissa. Quant à César, comme il l'avait promis
en rangeant ses troupes, il s'installa dans le camp de
Pompée, puis lui-même mangea le dîner de ce dernier,
et toute son armée, celui des ennemis.
| [2,82] Ἀπέθανον δὲ ἑκατέρων, τῶν γε Ἰταλῶν (οὐ γὰρ δὴ τῶν γε
συμμάχων οὐδ' ἐξαρίθμησις ἐγένετο ὑπὸ πλήθους καὶ
καταφρονήσεως) ἐκ μὲν τοῦ Καίσαρος στρατοῦ τριάκοντα λοχαγοὶ
καὶ ὁπλῖται διακόσιοι, ἤ, ὡς ἑτέροις δοκεῖ, χίλιοι καὶ διακόσιοι, ἐκ δὲ
τῶν Πομπηίου βουλευταὶ μὲν δέκα, ὧν ἦν καὶ Λεύκιος Δομίτιος, ὁ
αὐτῷ Καίσαρι πεμφθεὶς ἐπὶ τὴν Γαλατίαν διάδοχος, τῶν δὲ
καλουμένων ἱππέων ἀμφὶ τεσσαράκοντα τῶν ἐπιφανῶν· ἐκ δὲ τῆς
ἄλλης στρατιᾶς οἱ μὲν ἐπαίροντές φασι δισμυρίους ἐπὶ
πεντακισχιλίοις, Ἀσίνιος δὲ Πολλίων, ὑπὸ Καίσαρι τῇς μάχης
ἐκείνης στρατηγῶν, ἑξακισχιλίους ἀναγράφει νεκροὺς εὑρεθῆναι
τῶν Πομπηίου.
Τοῦτο τέλος ἦν τῆς ἀοιδίμου περὶ Φάρσαλον μάχης. Ἀριστεῖα δ' ὁ
μὲν Καῖσαρ αὐτὸς καὶ πρῶτα καὶ δεύτερα ἐκ πάντων ἐφέρετο,
ὁμολογούμενος ἀριστεῦσαι, καὶ σὺν αὐτῷ τὸ τέλος τὸ δέκατον· τὰ
δὲ τρίτα Κρασσίνιος λοχαγός, ὃν Καῖσαρ μὲν ἐξιὼν ἐπὶ τὴν μάχην
ἤρετο, ὅ τι προσδοκῴη, ὁ δὲ λαμπρῶς ἀνεβόησε· « Νικήσομεν, ὦ
Καῖσαρ, κἀμὲ τήμερον ἢ ζῶντα ἢ νεκρὸν ἀποδέξῃ » · ἡ στρατιὰ δ'
ἐμαρτύρει καθάπερ ἔνθουν ἐς ἑκάστην τάξιν μεταθέοντα πολλὰ
καὶ λαμπρὰ δρᾶσαι. Ἐπεὶ δὲ ζητούμενος ἐν τοῖς νεκροῖς εὑρέθη, τὰ
ἀριστεῖα ὁ Καῖσαρ αὐτῷ περιέθηκε καὶ συνέθαψε καὶ τάφον
ἐξαίρετον ἀνέστησεν ἐγγὺς τοῦ πολυανδρίου.
| [2,82] Les pertes respectives furent, en s'en tenant aux
Italiens — car on ne compta même pas celles des alliés,
en raison de leur nombre et du mépris où on les tenait —,
pour l'armée de César, de trente centurions et deux
cents légionnaires, ou bien, selon certains, mille deux
cents, pour les pompéiens, de dix sénateurs, parmi
lesquels se trouva Lucius Domitius, qui avait été envoyé
en Gaule pour succéder à César, environ quarante des
hommes qu'on appelle chevaliers, et des plus illustres ;
pour le reste de l'armée, certains, forçant les chiffres,
parlent de vingt-cinq mille hommes, mais Asinius Pollion,
un des officiers de César lors de cette bataille, rapporte
que l'on trouva six mille cadavres de pompéiens.
Telle fut la fin de la fameuse bataille de Pharsale. Les
récompenses du premier et du second ordre furent à
l'unanimité attribuées à César lui-même, reconnu
comme le plus brave, et à la dixième légion avec lui. Le
troisième rang fut pour le centurion Crassinius, auquel
César, partant au combat, avait demandé quel était son
pronostic, et qui s'était fièrement écrié : « Nous
vaincrons, César, et, que je sois vivant ou mort, tu seras
content de moi. » Et l'armée témoignait qu'il avait couru
comme un possédé de rang en rang, accomplissant
toutes sortes de brillantes prouesses. Puis, quand on
l'eut cherché, et trouvé parmi les morts, César le couvrit
d'honneurs militaires, assura ses funérailles et lui érigea
un tombeau spécial à côté de la sépulture collective.
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