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[2,79] Πομπήιος δὲ πυθόμενος ἐκέλευε τοῖς πεζοῖς μήτ' ἐπεκθεῖν ἔτι
μήτ' ἐκτρέχειν ἐκ τῆς φάλαγγος μηδ' ἀκοντίζειν, ἀλλ' ἐν προβολῇ
διαστάντας ἀμύνεσθαι διὰ χειρὸς τοῖς δόρασι τοὺς ἐπιόντας. Καὶ
τόδε τινὲς αὐτοῦ τὸ στρατήγημα ἐπαινοῦσιν ὡς ἄριστον ἐν
περικυκλώσει, ὁ δὲ Καῖσαρ ἐν ταῖς ἐπιστολαῖς καταμέμφεται· τάς τε
γὰρ πληγὰς ὑπὸ τῆς βολῆς εὐτονωτέρας γίνεσθαι καὶ τοὺς ἄνδρας
ὑπὸ τοῦ δρόμου προθυμοτέρους· ἑστῶτας δ' ἀποψύχεσθαί τε καὶ
τοῖς ἐπιθέουσιν εὐβλήτους δι' ἀτρεμίαν οἷα σκοποὺς εἶναι. Ὃ καὶ
τότε γενέσθαι· τὸ γὰρ δέκατον τέλος σὺν αὑτῷ περιδραμεῖν τὰ λαιὰ
τοῦ Πομπηίου ἔρημα ἱππέων γενόμενα καὶ πανταχόθεν
ἀτρεμοῦντας ἐς τὰ πλευρὰ ἐσακοντίζειν, μέχρι θορυβουμένοις
ἐμπεσόντας βίᾳ τρέψασθαι καὶ τῆς νίκης κατάρξαι. Κατὰ δὲ τὸ
ἄλλο πλῆθος ἦν ἔτι τραυμάτων καὶ φόνων ἔργα πολλὰ καὶ ποικίλα·
βοὴ δὲ οὐδεμία ἐκ τοσῆσδε φάλαγγος τοιάδε δρώσης οὐδ' οἰμωγαὶ
τῶν ἀναιρουμένων ἢ πλησσομένων, ἀλλὰ βρυχήματα μόνα καὶ
στόνοι πιπτόντων, ἔνθα συνετάχθησαν, εὐσχημόνως. Οἱ σύμμαχοι
δέ, καθάπερ ἀγῶνα πολέμου θεώμενοι, κατεπλήσσοντο τὴν
εὐταξίαν καὶ οὔτε ἐς τὰς σκηνὰς τοῦ Καίσαρος ἐτόλμων ὑπὸ
θαύματος, ὀλίγων αὐτὰς καὶ πρεσβυτέρων ἀνδρῶν φυλασσόντων,
περιδραμεῖν οὔτε τι ἄλλο ἢ ἑστῶτες ἐθάμβουν.
| [2,79] Quand Pompée l'apprit, il ordonna aux fantassins de
ne plus avancer, de ne pas quitter leur ligne, et de ne
pas lancer de javelots, mais d'augmenter l'intervalle
entre eux, d'abaisser leurs lances et grâce à elles de
tenir sans discontinuer les assaillants à distance. Cette
tactique est prônée par certains comme la meilleure en
cas d'encerclement, mais César, dans ses lettres, la
condamne : car les blessures produites par lancer sont
plus graves et les hommes sont rendus plus vaillants par
la course, alors qu'en restant sur place, ils perdent leur
énergie, et, de plus, constituent, par leur immobilité, des
cibles faciles pour les armes de jet des ennemis
chargeant ; ce qui, écrit-il, se passa également à ce
moment-là, car la dixième légion, avec laquelle lui-même
se trouvait, entoura l'aile gauche de Pompée, dégarnie
de ses cavaliers et lança ses javelots de toutes parts sur
les flancs de la troupe immobile, puis enfin fondit sur les
hommes affolés et les força à s'enfuir — ce qui fut le
début de la victoire. Pendant ce temps, dans le reste de
la masse, il y avait quantité de blessés et de morts de
diverses façons ; mais pas un cri ne s'échappait de cette
énorme armée dans une telle situation, pas de
lamentations des mourants ou des blessés, seulement
les râles et les gémissements de ceux qui tombaient, à
leur poste, en bon ordre. Les alliés eux, observant le
combat comme un spectacle étaient abasourdis par
cette discipline, et n'osèrent même pas, dans leur
stupéfaction, aller encercler les tentes de César, alors
que seul un petit nombre de soldats assez âgés les
gardaient, et ils ne firent que rester sur place, fascinés.
| [2,80] Ὡς δὲ ἐνέδωκε τὸ λαιὸν τοῦ Πομπηίου, αὐτοὶ μὲν καὶ τότε βάδην
ὑπεχώρουν ἅμα καὶ συνεπλέκοντο, οἱ δὲ σύμμαχοι προτροπάδην
ἔφευγον ἄπρακτοι, βοῶντες· « Ἡσσήμεθα. » Καὶ τὰς σκηνὰς σφῶν
αὐτοὶ καὶ τὰ χαρακώματα ὡς ἀλλότρια προλαβόντες διέσπων καὶ
διήρπαζον ἐς τὴν φυγὴν ὅ τι δύναιντο ἐπάγεσθαι. Ἤδη δὲ καὶ τὸ
ἄλλο τῶν Ἰταλῶν ὁπλιτικὸν τῆς ἐπὶ τάδε ἥσσης αἰσθανόμενον
ὑπεχώρει κατὰ πόδα, πρῶτον ἐν κόσμῳ καὶ ἔτι ἐκ τῶν δυνατῶν
ἀμυνόμενοι· ἐπικειμένων δ' αὐτοῖς ὡς ἐν εὐπραξίᾳ τῶν πολεμίων
ἐστράφησαν ἐς φυγήν. Καὶ ὁ Καῖσαρ εὐμηχάνως δὴ τότε μάλιστα,
ἵνα μὴ συνέλθοιεν αὖθις μηδὲ τὸ ἔργον γένοιτο μάχης μιᾶς, ἀλλὰ
παντὸς τοῦ πολέμου, κήρυκας ἐς τὰς τάξεις πανταχοῦ
περιέπεμπεν, οἳ τοῖς νικῶσιν ἐκέλευον ἀψαυστεῖν τῶν ὁμοεθνῶν,
ἐπὶ δὲ τοὺς συμμάχους μόνους χωρεῖν. Καὶ τοῖς ἡττωμένοις
προσεπέλαζον παραινοῦντες ἀδεῶς ἑστάναι. Ἀνήρ τε παρ' ἀνδρὸς
ἐκμανθάνων τὸ κήρυγμα εἱστήκει· καὶ σύμβολον ἤδη τοῦτο τῶν
Πομπηίου στρατιωτῶν ἦν, τὸ ἀδεῶς ἑστάναι, τὰ ἄλλα ὡς Ἰταλῶν
ὁμοιοτρόπως ἐσκευασμένων τε καὶ φωνὴν ὁμοίαν ἀφιέντων.
Διεκθέοντες δ' αὐτοὺς οἱ τοῦ Καίσαρος τοὺς συμμάχους οὐ δυναμένους
ἀντέχειν ἀνῄρουν· καὶ ὁ πλεῖστος ἐνταῦθα ἐγίγνετο φόνος.
| [2,80] Et quand l'aile gauche de Pompée commença à
céder, ses soldats, même alors, ne reculèrent que pied à
pied, tout en combattant, mais les alliés prirent la fuite
tête baissée, sans prendre part au combat, en criant :
« Nous sommes vaincus ! » Puis ils fondirent sur leurs
propres tentes et leur propres retranchements, comme
sur ceux de l'ennemi, les saccagèrent et les pillèrent afin
d'emporter pour leur fuite tout ce qu'ils pouvaient. Et le
reste des fantassins italiens, percevant la défaite en
cours plus loin, reculait pas à pas, et d'abord en bon
ordre et en continuant à se défendre autant qu'ils le
pouvaient ; mais, comme les ennemis, emportés par leur
succès, accentuaient leur pression sur eux, ils se mirent à fuir.
C'est alors que justement César eut l'excellente
idée, pour éviter qu'ils ne se reforment et pour que cette
opération décide non d'une seule bataille, mais de toute
la guerre, de dépêcher des hérauts partout au milieu des
rangs pour enjoindre aux vainqueurs d'épargner leurs
compatriotes et de s'en prendre seulement aux alliés ;
les hérauts s'approchèrent des vaincus pour leur
recommander de « ne pas avoir peur et de s'arrêter » ;
d'homme à homme on se transmettait ce message et on
s'arrêtait, et désormais c'était comme un mot de passe
que ce « ne pas avoir peur et s'arrêter », pour les soldats
de Pompée, qui, par ailleurs, étant italiens, étaient
équipés de la même façon et parlaient la même langue.
Se détournant d'eux, les soldats de César se mirent à
massacrer les alliés incapables de résister, et en firent là
un immense carnage.
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