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[2,65] Πομπήιος δ' ἐπὶ τῇ Καίσαρος ἀναζεύξει βουλὴν προυτίθει. Καὶ
Ἀφρανίῳ μὲν ἐδόκει τὸ ναυτικόν, ᾧ δὴ καὶ πολὺ προῦχεν,
ἐπιπέμπειν Καίσαρι καὶ ἐνοχλεῖν θαλασσοκρατοῦντας ἀλωμένῳ
καὶ ἀποροῦντι, τὸ δὲ πεζὸν αὐτὸν Πομπήιον ἄγειν κατὰ σπουδὴν ἐς
τὴν Ἰταλίαν εὔνουν τε πρὸς αὐτὸν οὖσαν καὶ πολεμίων ἔρημον,
κρατυνάμενον δ' αὐτήν τε καὶ Γαλατίαν καὶ Ἰβηρίαν ἐξ οἰκείας καὶ
ἡγεμονίδος γῆς αὖθις ἐπιχειρεῖν Καίσαρι. Ὁ δὲ καὶ ταῦτα ἄριστα ἄν
οἱ γενόμενα παριδὼν ἐπείθετο τοῖς λέγουσιν αὐτίκα τὸν Καίσαρος
στρατὸν μεταθήσεσθαι πρὸς αὐτὸν ὑπὸ τοῦ λιμοῦ, ἢ οὐ πολὺ
σφίσιν ἔσεσθαι τὸ ἔτι λοιπὸν ἐπὶ τῇ κατὰ Δυρράχιον γενομένῃ νίκῃ·
τὸ δ' ἐναντίον αἴσχιστον εἶναι, καταλιπεῖν φεύγοντα Καίσαρα καὶ
τοῖς ἡττηθεῖσιν ὁμοίως τὸν νικῶντα φεύγειν. Ὁ μὲν δὴ τοῖσδε
προσθέμενος αἰδοῖ μάλιστα τῶν ἑῴων ἐθνῶν ἐς αὐτὸν ἀφορώντων
καὶ φειδοῖ Λευκίου Σκιπίωνος, μή τι περὶ Μακεδονίαν ὢν ἔτι πάθοι,
μάλιστα δ' ἐς ἀγῶνα χρήσασθαι θαρροῦντι τῷ στρατῷ
διανοούμενος ἐπῆλθε καὶ ἀντεστρατοπέδευσε τῷ Καίσαρι περὶ
Φάρσαλον, καὶ τριάκοντα σταδίους ἀλλήλων ἀπεῖχον.
| [2,65] Pompée, après le départ de César, tint un conseil.
Afranius était d'avis d'envoyer la flotte, où résidait
justement leur supériorité, contre César, et, tenant la
mer, de le harceler, alors qu'il ne savait ni où aller ni que
faire, tandis que Pompée lui-même se hâterait de mener
l'infanterie en Italie, pays qui lui était favorable et d'où
l'ennemi était absent, de s'emparer d'elle, de la Gaule et
de l'Espagne, puis de revenir d'une terre qui était son
pays et le siège de l'empire pour attaquer César. Mais
Pompée négligea ces avis, qui auraient été excellents
pour lui, pour suivre des conseillers soutenant que
l'armée de César allait incessamment passer de son
côté, poussée par la faim, ou qu'il ne leur restait plus
grand-chose à faire après la victoire remportée à
Dyrrachium ; agir autrement, de plus, était déshonorant :
laisser César au moment où il fuyait, et que le vainqueur
s'enfuie de la même manière que les vaincus ! Pompée
ajouta personnellement à ces arguments qu'il devait
respecter les peuples d'Orient qui avaient les yeux fixés
sur lui, et épargner Lucius Scipion, en lui évitant de
nouvelles difficultés en Macédoine ; pensant surtout qu'il
devait exploiter au combat le bon moral de son armée, il
partit installer son camp en face de César près de
Pharsale ; et trente stades les séparaient l'un de l'autre.
| [2,66] Ἀγορὰ δὲ Πομπηίῳ μὲν ἦν πανταχόθεν· οὕτω γὰρ αὐτῷ
προδιῴκηντο καὶ ὁδοὶ καὶ λιμένες καὶ φρούρια, ὡς ἔκ τε γῆς αἰεὶ
φέρεσθαι καὶ διὰ θαλάσσης πάντα ἄνεμον αὐτῷ φέρειν· Καῖσαρ δὲ
μόνον εἶχεν, ὅ τι μόλις εὕροι καὶ λάβοι κακοπαθῶν. Καὶ οὐδ' ὣς
αὐτὸν ἀπέλιπεν οὐδείς, ἀλλὰ σπουδῇ δαιμονίῳ συνενεχθῆναι τοῖς
πολεμίοις ὠρέγοντο καὶ ἡγοῦντο πολέμῳ μὲν εἶναι παρὰ πολὺ
ἀμείνους νεοστρατεύτων ἔτι ὄντων δέκα ἔτεσιν ἠσκημένοι, εἰς δὲ
ταφρείας ἢ περιτειχίσεις ἢ σιτολογίας ἐπιπόνους ἀσθενέστεροι διὰ
γῆρας· ὅλως τε κάμνουσιν αὐτοῖς ἐδόκει δρᾶν τι . . . Μετ' ἀργίας ἢ
λιμῷ διαφθαρῆναι. Ὧν ὁ Πομπήιος αἰσθανόμενος ἐπικίνδυνον μὲν
ἡγεῖτο γεγυμνασμένοις καὶ ἀπογινώσκουσιν αὑτῶν ἀνδράσι καὶ
τύχῃ Καίσαρος λαμπρᾷ περὶ τῶν ὅλων συνενεχθῆναι δι' ἑνὸς
ἔργου, δυνατώτερον δὲ καὶ ἀκινδυνοτερον ἐκτρῦσαι ταῖς ἀπορίαις
αὐτοὺς οὔτε γῆς εὐπόρου κρατοῦντας οὔτε θαλάσσῃ χρωμένους
οὔτε ναῦς ἐς φυγὴν ταχεῖαν ἔχοντας.
Ὁ μὲν δὴ κρατίστῳ λογισμῷ τρίβειν τὸν πόλεμον ἐγνώκει, καὶ ἐς
λοιμὸν ἐκ λιμοῦ τοὺς πολεμίους περιφέρειν·
| [2,66] Pompée recevait du ravitaillement de toutes parts :
car pour lui routes, ports et garnisons avaient été
aménagés à l'avance de telle sorte que, par la terre, il lui
en arrivait constamment, et que, par la mer, chaque
coup de vent lui en apportait. César, lui, n'avait que ce
qu'il trouvait et prenait, en souffrant peines et pertes.
Pourtant personne ne l'abandonna, ses hommes
aspiraient au contraire à engager le combat avec les
ennemis, et pensaient qu'à la guerre ils étaient bien
supérieurs à des soldats encore novices, eux qui avaient
dix ans d'expérience, alors que pour creuser des
tranchées, élever des circonvallations ou chercher du
ravitaillement, tâches d'endurance, leur âge les rendait
plus faibles ; dans leur complet épuisement, ils
préféraient se lancer dans l'action <...> que rester sans
rien faire ou mourir de faim. Pompée, conscient de tout
cela, estimait risqué d'engager le combat contre des
hommes entraînés et désespérant de leur vie — ainsi
que contre l'extraordinaire fortune de César — en jouant
tout dans une seule action ; il jugeait plus efficace et plus
sûr de les épuiser par la pénurie, vu qu'ils ne disposaient
d'aucun territoire prospère, ne tiraient aucun usage de la
mer, et n'avaient pas de bateaux pour opérer une retraite
rapide. Il décida, par conséquent, adoptant une stratégie
tout à fait sûre, de faire traîner la guerre et de plonger
ses ennemis de la famine dans l'épidémie.
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