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[2,35] Τοὺς οὖν λοχαγοὺς αὐτῶν σὺν ὀλίγοις τοῖς μάλιστα
εὐτολμοτάτοις, εἰρηνικῶς ἐσταλμένοις, προύπεμπεν ἐσελθεῖν ἐς
Ἀρίμινον καὶ τὴν πόλιν ἄφνω καταλαβεῖν· ἡ δ' ἐστὶν Ἰταλίας πρώτη
μετὰ τὴν Γαλατίαν. Αὐτὸς δὲ περὶ ἑσπέραν, ὡς δὴ τὸ σῶμα
ἐνοχλούμενος, ὑπεχώρησε τοῦ συμποσίου, τοὺς φίλους ἀπολιπὼν
ἔτι ἑστιᾶσθαι καὶ ζεύγους ἐπιβὰς ἤλαυνεν ἐς τὸ Ἀρίμινον,
ἑπομένων οἱ τῶν ἱππέων ἐκ διαστήματος. Δρόμῳ δ' ἐλθὼν ἐπὶ τὸν
Ῥουβίκωνα ποταμόν, ὃς ὁρίζει τὴν Ἰταλίαν, ἔστη τοῦ δρόμου καὶ ἐς
τὸ ῥεῦμα ἀφορῶν περιεφέρετο τῇ γνώμῃ, λογιζόμενος ἕκαστα τῶν
ἐσομένων κακῶν, εἰ τόνδε τὸν ποταμὸν σὺν ὅπλοις περάσειε. Καὶ
πρὸς τοὺς παρόντας εἶπεν ἀνενεγκών· « Ἡ μὲν ἐπίσχεσις, ὦ φίλοι,
τῆσδε τῆς διαβάσεως ἐμοὶ κακῶν ἄρξει, ἡ δὲ διάβασις πᾶσιν
ἀνθρώποις. » Καὶ εἰπὼν οἷά τις ἔνθους ἐπέρα σὺν ὁρμῇ, τὸ κοινὸν
τόδε ἐπειπών· « Ὁ κύβος ἀνερρίφθω. » Δρόμῳ δ' ἐντεῦθεν ἐπιὼν
Ἀρίμινόν τε αἱρεῖ περὶ ἕω καὶ ἐς τὸ πρόσθεν ἐχώρει, φρούρια τοῖς
ἐπικαίροις ἐφιστὰς καὶ τὰ ἐν ποσὶν ἢ βίᾳ χειρούμενος ἢ
φιλανθρωπίᾳ. Φυγαί τε καὶ μεταναστάσεις ἦσαν ἐκ πάντων χωρίων
ὡς ἐν ἐκπλήξει καὶ δρόμος ἀσύντακτος μετ' οἰμωγῆς, τό τε ἀκριβὲς
οὐκ εἰδότες καὶ τὸν Καίσαρα νομίζοντες μετ' ἀπείρου στρατοῦ κατὰ
κράτος ἐλαύνειν.
| [2,35] Il envoya donc en avance leurs centurions avec un
petit nombre d'hommes particulièrement hardis, se
rendre, habillés comme en temps de paix, à Ariminum, et
prendre par surprise cette ville, qui est la première en
Italie quand on vient de Gaule. Et lui-même, vers le soir,
sous le prétexte d'une indisposition, se retira du banquet,
laissant ses amis encore à table, et monta sur son char
pour gagner Ariminum, ses cavaliers le suivant à
quelque distance. Sa course le mena au bord du
Rubicon, une rivière qui marque la frontière de l'Italie :
alors il s'arrêta et, regardant le fleuve, se plongea dans
ses réflexions, envisageant chacun des malheurs qui
allaient advenir s'il traversait cette rivière en armes ;
puis, se reprenant, il dit à ses compagnons : « Si je
m'abstiens de traverser cette rivière, mes amis, ce sera
le début des malheurs pour moi, et si je la traverse, pour
l'humanité entière. » À ces mots, comme un illuminé, il la
traversa vivement, après avoir ajouté cette expression
courante : « le dé en est jeté. » De là, reprenant sa
course, il se rendit maître d'Ariminum au lever du jour et
poussa plus avant, en plaçant des garnisons sur les
positions stratégiques, et en s'emparant de tout ce qu'il
trouvait sur son chemin, par la force ou par la douceur.
Et on se mit à fuir ou à émigrer de tous les bourgs,
comme cela se produit en cas de panique, à se
précipiter à grands cris dans une course désordonnée,
dans l'ignorance où l'on était de ce qui se passait
exactement, et croyant que César avançait en force avec
une immense armée.
| [2,36] Ὧν οἱ ὕπατοι πυνθανόμενοι τὸν Πομπήιον οὐκ εἴων ἐπὶ τῆς
ἑαυτοῦ γνώμης ἐμπειροπολέμως εὐσταθεῖν, ἀλλ' ἐξώτρυνον
ἐκπηδᾶν ἐς τὴν Ἰταλίαν καὶ στρατολογεῖν ὡς τῆς πόλεως
καταληφθησομένης αὐτίκα. Ἥ τε ἄλλη βουλή, παρὰ δόξαν αὐτοῖς
ὀξείας τῆς ἐσβολῆς τοῦ Καίσαρος γενομένης, ἐδεδοίκεσαν ἔτι ὄντες
ἀπαράσκευοι καὶ σὺν ἐκπλήξει μετενόουν οὐ δεξάμενοι τὰς
Καίσαρος προκλήσεις, τότε νομίζοντες εἶναι δικαίας, ὅτε σφᾶς ὁ
φόβος ἐς τὸ εὔβουλον ἀπὸ τοῦ φιλονίκου μετέφερε. Τέρατά τε
αὐτοῖς ἐπέπιπτε πολλὰ καὶ σημεῖα οὐράνια· αἷμά τε γὰρ ἔδοξεν ὁ
θεὸς ὗσαι καὶ ξόανα ἱδρῶσαι καὶ κεραυνοὶ πεσεῖν ἐπὶ νεὼς πολλοὺς
καὶ ἡμίονος τεκεῖν· ἄλλα τε πολλὰ δυσχερῆ προεσήμαινε τὴν ἐς ἀεὶ
τῆς πολειτείας ἀναίρεσίν τε καὶ μεταβολήν. Εὐχαὶ δὲ ὡς ἐπὶ
φοβεροῖς προυγράφοντο, καὶ ὁ δῆμος ἐν μνήμῃ τῶν Μαρίου καὶ
Σύλλα κακῶν γιγνόμενος ἐκεκράγει Καίσαρα καὶ Πομπήιον
ἀποθέσθαι τὰς δυναστείας ὡς ἐν τῷδε μόνῳ τοῦ πολέμου
λυθησομένου, Κικέρων δὲ καὶ πέμπειν ἐς Καίσαρα διαλλακτάς.
| [2,36] Les consuls, apprenant ces nouvelles, ne laissèrent
pas Pompée en rester à la décision que son expérience
de la guerre lui avait fait prendre, mais le pressèrent de
partir immédiatement pour l'Italie rassembler des
troupes, comme si la prise de la Ville était imminente.
Quant aux sénateurs, la rapidité de l'avance de César
avait surpris leurs prévisions, et ils prenaient peur,
n'étant pas encore prêts, et, dans leur affolement,
regrettaient de ne pas avoir accepté les propositions de
César, qu'ils trouvaient maintenant équitables, depuis
que la peur les avait fait passer de la rage partisane à la
sagesse. De plus, des prodiges se présentaient à eux en
grand nombre, ainsi que des signes dans le ciel: on
raconta qu'il pleuvait du sang, que les idoles suaient,
que la foudre tombait sur de nombreux temples et
qu'une mule avait mis bas ; d'autres phénomènes
terribles présageaient le bouleversement et la
transformation du régime politique pour toujours. Des
prières votives étaient affichées, comme cela se fait en
présence de périls, et le peuple, auquel revenait le
souvenir des temps malheureux de Marius et de Sylla,
implorait de ses clameurs César et Pompée de déposer
leurs pouvoirs, puisque c'était le seul moyen de résoudre
le conflit ; Cicéron alla même jusqu'à demander qu'on
envoie des négociateurs à César.
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