| 
       
   | 
    
       
       
        
| [8,47] Ὁ δὲ Ἀλκιβιάδης ταῦτα ἅμα μὲν τῷ Τισσαφέρνει καὶ  (τῷ) βασιλεῖ, ὢν 
παρ' ἐκείνοις, ἄριστα εἶναι νομίζων παρῄνει, ἅμα δὲ τὴν ἑαυτοῦ κάθοδον ἐς τὴν 
πατρίδα ἐπιθεραπεύων, εἰδώς, εἰ μὴ διαφθερεῖ αὐτήν, ὅτι ἔσται ποτὲ αὐτῷ  πείσαντι 
κατελθεῖν· πεῖσαι δ' ἂν ἐνόμιζε μάλιστα ἐκ τοῦ  τοιούτου, εἰ Τισσαφέρνης 
φαίνοιτο αὐτῷ ἐπιτήδειος ὤν·  (8.47.2) ὅπερ καὶ ἐγένετο. ἐπειδὴ γὰρ ᾔσθοντο 
αὐτὸν ἰσχύοντα  παρ' αὐτῷ οἱ ἐν τῇ Σάμῳ Ἀθηναίων στρατιῶται, τὰ μὲν  καὶ 
Ἀλκιβιάδου προσπέμψαντος λόγους ἐς τοὺς δυνατωτάτους αὐτῶν ἄνδρας ὥστε 
μνησθῆναι περὶ αὐτοῦ ἐς τοὺς  βελτίστους τῶν ἀνθρώπων ὅτι ἐπ' ὀλιγαρχίᾳ 
βούλεται καὶ  οὐ πονηρίᾳ οὐδὲ δημοκρατίᾳ τῇ αὐτὸν ἐκβαλούσῃ κατελθὼν  καὶ 
παρασχὼν Τισσαφέρνην φίλον αὐτοῖς ξυμπολιτεύειν,  τὸ δὲ πλέον καὶ ἀπὸ σφῶν 
αὐτῶν οἱ ἐν τῇ Σάμῳ τριήραρχοί  τε τῶν Ἀθηναίων καὶ δυνατώτατοι ὥρμηντο ἐς 
τὸ καταλῦσαι  τὴν δημοκρατίαν.  
 | [8,47] XLVII. - Tels étaient les conseils qu'en échange de 
leur hospitalité Alcibiade donnait à Tissaphernès et 
au Roi ; tout en estimant que c'étaient les meilleurs 
qu'il leur pût donner, il se ménageait les moyens de 
rentrer dans sa patrie. Il savait bien qu'en 
l'épargnant, il lui serait possible d'obtenir un jour 
son rappel ; il pensait qu'on lui tiendrait 
particulièrement compte d'avoir été de toute 
évidence l'ami de Tissaphernès. C'est bien ce qui se 
produisit. Les soldats athéniens de Samos furent 
informés de son crédit auprès de lui. Alcibiade 
entra en pourparlers avec les plus influents d'entre 
eux ; il leur demandait d'intervenir auprès des 
honnêtes gens et de leur faire savoir qu'il désirait 
rentrer à Athènes, sous le régime oligarchique et 
non sous l'odieux gouvernement qui l'avait chassé ; 
qu'alors il leur procurerait l'amitié de Tissaphernès. 
Ces propositions furent d'autant mieux agréées des 
triérarques et des gens les plus puissants 
d'Athènes que d'eux-mêmes ils inclinaient au 
renversement de la démocratie.
 |  | [8,48] καὶ ἐκινήθη πρότερον ἐν τῷ στρατοπέδῳ  
τοῦτο καὶ ἐς τὴν πόλιν ἐντεῦθεν ὕστερον ἦλθεν. τῷ τε  Ἀλκιβιάδῃ διαβάντες 
τινὲς ἐκ τῆς Σάμου ἐς λόγους ἦλθον,  καὶ ὑποτείνοντος αὐτοῦ Τισσαφέρνην μὲν 
πρῶτον, ἔπειτα  δὲ καὶ βασιλέα φίλον ποιήσειν, εἰ μὴ δημοκρατοῖντο (οὕτω  γὰρ 
ἂν πιστεῦσαι μᾶλλον βασιλέα), πολλὰς ἐλπίδας εἶχον  αὐτοί θ' ἑαυτοῖς οἱ 
δυνατώτατοι τῶν πολιτῶν τὰ πράγματα,  οἵπερ καὶ ταλαιπωροῦνται μάλιστα, ἐς 
ἑαυτοὺς περιποιήσειν  (8.48.2) καὶ τῶν πολεμίων ἐπικρατήσειν. ἔς τε τὴν Σάμον 
ἐλθόντες  ξυνίστασάν τε τῶν ἀνθρώπων τοὺς ἐπιτηδείους ἐς ξυνωμοσίαν καὶ ἐς 
τοὺς πολλοὺς φανερῶς ἔλεγον ὅτι βασιλεὺς  σφίσι φίλος ἔσοιτο καὶ χρήματα 
παρέξοι Ἀλκιβιάδου τε  (8.48.3) κατελθόντος καὶ μὴ δημοκρατουμένων. καὶ ὁ μὲν 
ὄχλος,  εἰ καί τι παραυτίκα ἤχθετο τοῖς πρασσομένοις, διὰ τὸ εὔπορον τῆς 
ἐλπίδος τοῦ παρὰ βασιλέως μισθοῦ ἡσύχαζεν·  οἱ δὲ ξυνιστάντες τὴν ὀλιγαρχίαν, 
ἐπειδὴ τῷ πλήθει ἐκοίνωσαν, αὖθις κἀν σφίσιν αὐτοῖς καὶ τοῦ ἑταιρικοῦ τῷ 
πλέονι  (8.48.4) τὰ ἀπὸ τοῦ Ἀλκιβιάδου ἐσκόπουν. καὶ τοῖς μὲν ἄλλοις  ἐφαίνετο 
εὔπορα καὶ πιστά, Φρυνίχῳ δὲ στρατηγῷ ἔτι ὄντι  οὐδὲν ἤρεσκεν, ἀλλ' ὅ τε 
Ἀλκιβιάδης, ὅπερ καὶ ἦν, οὐδὲν  μᾶλλον ὀλιγαρχίας ἢ δημοκρατίας δεῖσθαι 
ἐδόκει αὐτῷ οὐδ'  ἄλλο τι σκοπεῖσθαι ἢ ὅτῳ τρόπῳ ἐκ τοῦ παρόντος κόσμου  τὴν 
πόλιν μεταστήσας ὑπὸ τῶν ἑταίρων παρακληθεὶς κάτεισι,  σφίσι δὲ περιοπτέον 
εἶναι τοῦτο μάλιστα, ὅπως μὴ στασιάσωσιν· (τῷ) βασιλεῖ τε οὐκ εὔπορον εἶναι 
καὶ Πελοποννησίων ἤδη ὁμοίως ἐν τῇ θαλάσσῃ ὄντων καὶ πόλεις ἐχόντων  ἐν τῇ 
αὐτοῦ ἀρχῇ οὐ τὰς ἐλαχίστας, Ἀθηναίοις προσθέμενον,  οἷς οὐ πιστεύει, 
πράγματα ἔχειν, ἐξὸν Πελοποννησίους, ὑφ'  (8.48.5) ὧν κακὸν οὐδέν πω πέπονθε, 
φίλους ποιήσασθαι. τάς τε  ξυμμαχίδας πόλεις, αἷς ὑπεσχῆσθαι δὴ σφᾶς 
ὀλιγαρχίαν,  ὅτι δὴ καὶ αὐτοὶ οὐ δημοκρατήσονται, εὖ εἰδέναι ἔφη ὅτι  οὐδὲν 
μᾶλλον σφίσιν οὔθ' αἱ ἀφεστηκυῖαι προσχωρήσονται  οὔθ' αἱ ὑπάρχουσαι 
βεβαιότεραι ἔσονται· οὐ γὰρ βουλήσεσθαι αὐτοὺς μετ' ὀλιγαρχίας ἢ δημοκρατίας 
δουλεύειν  μᾶλλον ἢ μεθ' ὁποτέρου ἂν τύχωσι τούτων ἐλευθέρους εἶναι·  (8.48.6) 
τούς τε καλοὺς κἀγαθοὺς ὀνομαζομένους οὐκ ἐλάσσω αὐτοὺς  νομίζειν σφίσι 
πράγματα παρέξειν τοῦ δήμου, ποριστὰς  ὄντας καὶ ἐσηγητὰς τῶν κακῶν τῷ 
δήμῳ, ἐξ ὧν τὰ πλείω  αὐτοὺς ὠφελεῖσθαι· καὶ τὸ μὲν ἐπ' ἐκείνοις εἶναι καὶ  
ἄκριτοι ἂν καὶ βιαιότερον ἀποθνῄσκειν, τὸν δὲ δῆμον σφῶν  (8.48.7) τε 
καταφυγὴν εἶναι καὶ ἐκείνων σωφρονιστήν. καὶ ταῦτα  παρ' αὐτῶν τῶν ἔργων 
ἐπισταμένας τὰς πόλεις σαφῶς αὐτὸς εἰδέναι ὅτι οὕτω νομίζουσιν. οὔκουν ἑαυτῷ 
γε τῶν ἀπ'  Ἀλκιβιάδου καὶ ἐν τῷ παρόντι πρασσομένων ἀρέσκειν  οὐδέν.  
 | [8,48] XLVIII. - La question fut d'abord agitée au camp, 
puis dans la ville. De Samos, quelques-uns 
passèrent la mer pour venir conférer avec 
Alcibiade. Il leur promit l'amitié de Tissaphernès, 
puis celle du Roi ; mais il leur fallait renoncer à la 
démocratie, condition première pour obtenir la 
confiance du Perse. Les citoyens les plus riches, 
qui supportent les charges les plus lourdes, 
espérèrent vivement dès lors s'emparer du 
pouvoir et triompher de leurs adversaires. 
De retour à Samos ils formèrent avec leurs 
partisans une conjuration. Devant la foule, ils 
déclarèrent sans détours que le Roi leur 
accorderait son amitié et des subsides, au cas où 
Alcibiade serait rappelé et le régime démocratique 
aboli. Sur le moment, la multitude éprouva quelque 
mécontentement de ces tractations. Mais la 
perspective d'obtenir du Roi des subsides la fit 
tenir tranquille. Les chefs du parti oligarchique 
communiquèrent au peuple leurs projets, puis 
délibérèrent à nouveau entre eux et avec la 
majorité des conjurés sur les propositions 
d'Alcibiade. Tous les jugèrent avantageuses et 
dignes de confiance. Mais Phrynikhos, alors 
stratège, n'y voyait rien qui le satisfît. Alcibiade, 
pensait-il - et c'était la stricte vérité - n'était pas 
plus attaché à l'oligarchie qu'à la démocratie ; son 
seul but était de bouleverser l'ordre établi dans la 
ville, pour s'y faire rappeler par ses amis ; or 
l'essentiel pour les Athéniens était d'éviter les 
dissensions. Quant au Roi, il n'avait aucun intérêt, 
au moment où les Péloponnésiens étaient devenus 
sur mer les égaux des Athéniens et où ils 
occupaient dans l'empire perse les villes les plus 
importantes, à s'unir aux Athéniens ; car ceux-ci 
ne lui inspiraient pas de confiance et lui 
susciteraient des difficultés, tandis qu'il pouvait 
avoir l'amitié des Péloponnésiens, qui ne lui avaient 
fait aucun tort. D'ailleurs, en ce qui concernait les 
villes alliées, à qui l'on promettait l'oligarchie, sous 
prétexte qu'Athènes cesserait d'être gouvernée 
démocratiquement, il tenait pour assuré, disait-il, 
que cette mesure ne ramènerait pas davantage les 
cités révoltées et n'affermirait pas dans l'obéissance 
les cités fidèles. Peu leur importerait que leur 
esclavage s'accompagnât d'une constitution 
oligarchique ou démocratique ; n'importe quel 
régime, avec la liberté, leur agréerait davantage. A 
leurs yeux, ceux qu'on appelait les honnêtes gens 
leur causeraient tout autant d'embarras que le 
peuple, puisque c'étaient eux qui poussaient le 
peuple aux mesures iniques dont eux-mêmes 
profitaient. Sous leur domination on n'avait que 
condamnations arbitraires et morts violentes ; le 
peuple, au contraire, leur offrait une garantie et 
modérait les excès des oligarques. Le stratège 
prétendait savoir clairement que les villes étaient 
effectivement instruites sur ces régimes et qu'elles 
pensaient ainsi. Bref rien des tractations conduites 
par Alcibiade ne lui agréait.
 |    |     |