[1,1200] ὅττι μοι εὐανθεῖς ἄλλοι ἔχουσιν ἀγρούς,
 1201 οὐδέ μοι ἡμίονοι κυφὸν ἕλκουσιν ἄροτρον
 1202 τῆς ἄλλης {μνηστῆς} εἵνεκα ναυτιλίης.
 1203 Οὐκ εἶμ´, οὐδ´ ὑπ´ ἐμοῦ κεκλήσεται οὐδ´ ἐπὶ τύμβωι
 1204 οἰμωχθεὶς ὑπὸ γῆν εἶσι τύραννος ἀνήρ.
 1205 οὐδ´ ἂν ἐκεῖνος ἐμοῦ τεθνηότος οὔτ´ ἀνιῶιτο
 1206 οὔτε κατὰ βλεφάρων θερμὰ βάλοι δάκρυα.
 1207 Οὔτε σε κωμάζειν ἀπερύκομεν οὔτε καλοῦμεν·
 1208 ἀργαλέος γὰρ ἐὼν καὶ φίλος εὖτ´ ἂν ἀπῆις. 
 1210 Αἴθων μὲν γένος εἰμί, πόλιν δ´ εὐτείχεα Θήβην
 1211 οἰκῶ πατρώιας γῆς ἀπερυκόμενος.
 1212 μή μ´ ἀφελῶς παίζουσα φίλους δένναζε τοκῆας,
 1213 Ἄργυρι· σοὶ μὲν γὰρ δούλιον ἦμαρ ἔπι,
 1214 ἡμῖν δ´ ἄλλα μέν ἐστι, γύναι, κακὰ πόλλ´, ἐπεὶ ἐκ γῆς
 1215 φεύγομεν, ἀργαλέη δ´ οὐκ ἔπι δουλοσύνη,
 1216 οὔθ´ ἡμᾶς περνᾶσι· πόλις γε μέν ἐστι καὶ ἡμῖν
 1217 καλή, Ληθαίωι κεκλιμένη πεδίωι.
 1217a Μήποτε πὰρ κλαίοντα καθεζόμενοι γελάσωμεν
 1218 τοῖς´ αὐτῶν ἀγαθοῖς, Κύρν´, ἐπιτερπόμενοι.
 1219 Ἐχθρὸν μὲν χαλεπὸν καὶ δυσμενεῖ ἐξαπατῆσαι,
 1220 Κύρνε· φίλον δὲ φίλωι ῥάιδιον ἐξαπατᾶν.
 1221 Πολλὰ φέρειν εἴωθε λόγος θνητοῖσι βροτοῖσιν
 1222 πταίσματα τῆς γνώμης, Κύρνε, ταρασσομένης.
 1223 Οὐδέν, Κύρν´, ὀργῆς ἀδικώτερον, ἣ τὸν ἔχοντα
 1224 πημαίνει θυμῶι δειλὰ χαριζομένη.
 1225 Οὐδέν, Κύρν´, ἀγαθῆς γλυκερώτερόν ἐστι γυναικός.
 1226 μάρτυς ἐγώ, σὺ δ´ ἐμοὶ γίνου ἀληθοσύνης.
 1229 Ἤδη γάρ με κέκληκε θαλάσσιος οἴκαδε νεκρός,
 1230 τεθνηκὼς ζωιῶι φθεγγόμενος στόματι. 
 | [1,1200] parce que d'autres possèdent mes champs fleuris, qu'un attelage 
de mules n'y traîne plus ma charrue (1197-1202). 
Je n'irai point; ma voix n'appellera pas les mânes, mes gémissements ne 
retentiront pas sur la tombe du tyran qui descend sous la terre. Si 
j'étais mort, me plaindrait-il? ses yeux verseraient-ils des larmes 
brûlantes (1203-1206)? 
Je ne te repousse pas de ma table; je ne t'y appelle pas non plus. Tu es 
fâcheux quand tu es présent, et, quand tu es absent, tu deviens mon ami 
(1207-1208). 
Je suis d'une illustre race, et, si j'habite les murs de Thèbes, c'est 
qu'on m'a banni de ma patrie (1209-1210). 
Ne te ris pas de moi, n'insulte pas à ceux qui m'ont fait naître, Argyris; 
car, toi, tu as vu le jour de l'esclavage. Beaucoup d'autres maux, sans 
doute, m'affligent, ô femme, puisque j'ai dû quitter ma patrie; mais, du 
moins, je ne connais pas la triste servitude, on ne m'a point vendu. Je 
suis, moi-même, citoyen d'une belle ville, près de la plaine de Léthé 
(1211-1216). 
Ne rions pas près de ceux qui pleurent, nous complaisant, Cyrnus, dans 
notre heureuse fortune (1217-1218). 
Tromper un ennemi est chose difficile, Cyrnus; mais c'est chose facile que 
de tromper un ami (1219-1220). 
La parole est pour les hommes l'occasion de bien des fautes, car elle 
trouble leur raison, Cyrnus (1221-1222). 
Rien, Cyrnus, de plus injuste que la colère; elle blesse le cœur qui la 
reçoit, en lui donnant une satisfaction mauvaise (1223-1224). 
Rien, Cyrnus, de plus doux qu'une bonne femme; j'en suis garant, et toi, 
tu peux garantir ma véracité (1225-1226). 
Que la vérité soit près de toi et près de moi, la vérité, la plus juste de 
toutes les choses (1227-1228). 
Un mort du maritime séjour m'a appelé dans sa maison, et, tout mort qu'il 
est, il fait entendre une voix vivante (1229-1230). 
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