[15a,8] Ἐκ δὲ τῶν τοιούτων Νυσαίους δή τινας ἔθνος
προσωνόμασαν καὶ πόλιν παρ´ αὐτοῖς Νῦσαν Διονύσου κτίσμα,
καὶ ὄρος τὸ ὑπὲρ τῆς πόλεως Μηρόν, αἰτιασάμενοι καὶ τὸν αὐτόθι
κισσὸν καὶ ἄμπελον, οὐδὲ
ταύτην τελεσίκαρπον· ἀπορρεῖ γὰρ ὁ βότρυς πρὶν
περκάσαι διὰ τοὺς ὄμβρους τοὺς ἄδην· Διονύσου δ´
ἀπογόνους τοὺς Συδράκας ἀπὸ τῆς ἀμπέλου τῆς παρ´
αὐτοῖς καὶ τῶν πολυτελῶν ἐξόδων, βακχικῶς τάς τε
ἐκστρατείας ποιουμένων τῶν βασιλέων καὶ τὰς ἄλλας
ἐξόδους μετὰ τυμπανισμοῦ καὶ εὐανθοῦς στολῆς· ὅπερ
ἐπιπολάζει καὶ παρὰ τοῖς ἄλλοις Ἰνδοῖς. Ἄορνον δέ
τινα πέτραν, ἧς τὰς ῥίζας ὁ Ἰνδὸς ὑπορρεῖ πλησίον τῶν
πηγῶν, Ἀλεξάνδρου κατὰ μίαν προσβολὴν ἑλόντος,
σεμνύνοντες ἔφασαν τὸν Ἡρακλέα τρὶς μὲν προσβαλεῖν
τῇ πέτρᾳ ταύτῃ τρὶς δ´ ἀποκρουσθῆναι. τῶν δὲ
κοινωνησάντων αὐτῷ τῆς στρατείας ἀπογόνους εἶναι
τοὺς Σίβας, σύμβολα τοῦ γένους σώζοντας τό τε δορὰς
ἀμπέχεσθαι, καθάπερ τὸν Ἡρακλέα, καὶ τὸ σκυταληφορεῖν καὶ ἐπικεκαῦσθαι βουσὶ καὶ ἡμιόνοις ῥόπαλον.
βεβαιοῦνται δὲ τὸν μῦθον τοῦτον καὶ ἐκ τῶν περὶ τὸν
Καύκασον καὶ τὸν Προμηθέα· καὶ γὰρ ταῦτα μετενηνόχασιν
ἐκ τοῦ Πόντου δεῦρο ἀπὸ μικρᾶς προφάσεως,
ἰδόντες σπήλαιον ἐν τοῖς Παροπαμισάδαις ἱερόν· τοῦτο
γὰρ ἀνεδείξαντο Προμηθέως δεσμωτήριον, καὶ δεῦρο
ἀφιγμένον τὸν Ἡρακλέα ἐπὶ τὴν ἐλευθέρωσιν τοῦ
Προμηθέως, καὶ τοῦτον εἶναι τὸν Καύκασον ὃν Ἕλληνες
Προμηθέως δεσμωτήριον ἀπέφηναν.
| [15a,8] Telles qu'elles sont, ces fictions ont été mises à profit ; on s'en est
autorisé, par exemple, pour appeler du nom de Nyséens l'un des peuples de
l'Inde, en même temps qu'on donnait le nom de Nysa à la capitale de ce
peuple fondée soi-disant par Dionysos, et le nom de Méros à la montagne
qui la domine. On avait vu croître sur le territoire de ce peuple à la
fois le lierre et la vigne, le prétexte parut suffisant ; et, pourtant, la
vigne en ces lieux ne produit jamais, les pluies trop abondantes font
couler le raisin avant qu'il soit arrivé à maturité. On nous représente
toujours aussi la nation des Sydraques comme issue de Dionysos. Pourquoi ?
parce que la vigne croît également chez eux et qu'on retrouve certains
détails de la pompe bachique dans les magnificences que déploient leurs
rois lorsqu'ils sortent, soit pour une expédition militaire, soit pour
tout autre motif, au bruit des tambours et revêtus de la longue robe à
fleurs brodées (usage commun pourtant à tous les peuples de l'Inde).
Certaine roche Aornos, dont l'Indus encore voisin de ses sources baigne le
pied et qu'Alexandre avait prise d'emblée, fut censée avoir soutenu jadis
et repoussé un triple assaut d'Hercule : il fallait bien rehausser la
gloire du conquérant ! On voulut aussi reconnaître dans les Sibes les
descendants mêmes des compagnons d'Hercule, sous prétexte que ce peuple
avait conservé comme autant d'indices de sa noble origine l'usage de se
vêtir de peaux de bêtes ainsi que faisait Hercule, et cet autre usage de
porter la massue et d'imprimer à chaud la figure d'une massue en guise de
marque sur tous les bestiaux leur appartenant, boeufs et mulets. On fit
plus, on se servit pour étayer ces fables des traditions relatives au
Caucase et à Prométhée, transportées tout exprès des bords du Pont ici sur
un bien mince prétexte, la rencontre chez les Paropamisades d'une grotte
ou caverne sacrée. De cette caverne on fit la prison de Prométhée ; on
prétendit qu'Hercule était venu jusqu'ici pour opérer sa délivrance, et,
comme pour les Grecs le Caucase est le théâtre consacré du supplice de
Prométhée, il fut décidé que le Paropamisus était le vrai Caucase.
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