[15a,7] Καὶ τὰ περὶ Ἡρακλέους δὲ καὶ Διονύσου Μεγασθένης
μὲν μετ´ ὀλίγων πιστὰ ἡγεῖται, τῶν δ´ ἄλλων οἱ πλείους,
ὧν ἐστι καὶ Ἐρατοσθένης, ἄπιστα καὶ μυθώδη,
καθάπερ καὶ τὰ παρὰ τοῖς Ἕλλησιν. ὁ μὲν γὰρ ἐν ταῖς
Βάκχαις ταῖς Εὐριπίδου Διόνυσος τοιαῦτα νεανιεύεται
„λιπὼν δὲ Λυδῶν τὰς πολυχρύσους γύας Φρυγῶν τε
Περσῶν θ´ ἡλιοβλήτους πλάκας Βάκτριά τε τείχη τήν
τε δύσχειμον χθόνα Μήδων ἐπῆλθον Ἀραβίαν τ´ εὐδαίμονα
Ἀσίαν τε πᾶσαν.“ παρὰ Σοφοκλεῖ δέ τίς ἐστι
τὴν Νῦσαν καθυμνῶν ὡς τὸ Διονύσῳ καθιερωμένον
ὄρος „ὅθεν κατεῖδον τὴν βεβακχιωμένην βροτοῖσι κλεινὴν
Νῦσαν, ἣν ὁ βούκερως Ἴακχος αὐτῷ μαῖαν ἡδίστην
νέμει, ὅπου τίς ὄρνις οὐχὶ κλαγγάνει;“ καὶ τὰ ἑξῆς.
καὶ ὁ ποιητὴς περὶ Λυκούργου τοῦ Ἠδωνοῦ φησιν
οὕτως „ὅς ποτε μαινομένοιο Διωνύσοιο τιθήνας σεῦε
„κατ´ ἠγάθεον Νυσήιον.“ τοιαῦτα μὲν τὰ περὶ Διονύσου.
περὶ δὲ Ἡρακλέους οἱ μὲν ἐπὶ τἀναντία μόνον μέχρι
τῶν ἑσπερίων περάτων ἱστοροῦσιν, οἱ δ´ ἐφ´ ἑκάτερα.
| [15a,7] Ajoutons que la double conquête d'Hercule et de Bacchus, admise comme
vraie par Mégasthène et un petit nombre d'écrivains, est répudiée
elle-même par la plupart des historiens (Eratosthène tout le premier), qui
la qualifient d'absurde et de fabuleuse et l'assimilent à tant d'autres
fictions que le culte de ces deux divinités a accréditées parmi les Grecs.
On se rappelle les fanfaronnades de Dionysos dans les Bacchantes
d'Euripide (V, 13) :
«Laissant alors derrière moi les plaines aurifères de la Lydie, je
franchis et les chaudes campagnes des Phrygiens et des Perses, et
l'enceinte de Bactres, et l'âpre pays des Mèdes, et l'heureuse Arabie et
l'Asie tout entière».
On se rappelle aussi le dithyrambe en l'honneur de Nysa, ce mont sacré de
Bacchus, que Sophocle met dans la bouche d'un de ses personnages :
«De la place où j'étais, j'apercevais Nysa, premier théâtre à jamais
glorieux des fureurs bachiques, Nysa en qui Iacchus au front armé de
cornes aime et vénère son riant berceau, Nysa où l'on se demande s'il est
un chant d'oiseau, un seul, qui manque au joyeux concert».
On connaît la suite du passage. On connaît aussi ces vers d'Homère sur
Lycurgue l'Edonien :
«A la vue de Bacchus en délire il poursuit sur les cimes sacrées du Nyséum
les nourrices du divin enfant» (Il. VI, 132).
Toutes les fictions concernant Bacchus sont dans le même goût. Quant aux
fictions relatives à Hercule, s'il en est dans le nombre qui nous le
montrent poussant ses conquêtes dans la direction diamétralement opposée à
celle qu'avait suivie Bacchus, c'est-à-dire seulement jusqu'aux bornes
occidentales de la terre, d'autres lui font parcourir tour à tour l'Orient et l'Occident.
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