[15a,67] Τὴν δὲ φιλοτεχνίαν τῶν Ἰνδῶν ἐμφανίζων σπόγγους
φησὶν ἰδόντας παρὰ τοῖς Μακεδόσι μιμήσασθαι,
τρίχας καὶ σχοινία λεπτὰ καὶ ἁρπεδόνας διαρράψαντας
εἰς ἔρια, καὶ μετὰ τὸ πιλῆσαι τὰ μὲν ἐξελκύσαντας τὰ
δὲ βάψαντας χροιαῖς· στλεγγιδοποιούς τε καὶ ληκυθοποιοὺς
ταχὺ γενέσθαι πολλούς· ἐπιστολὰς δὲ γράφειν
ἐν σινδόσι λίαν κεκροτημέναις, τῶν ἄλλων γράμμασιν
αὐτοὺς μὴ χρῆσθαι φαμένων· χαλκῷ δὲ χρῆσθαι χυτῷ,
τῷ δ´ ἐλατῷ μή· τὴν δ´ αἰτίαν οὐκ εἶπε, καίτοι
τὴν ἀτοπίαν εἰπὼν τὴν παρακολουθοῦσαν, ὅτι θραύεται
κεράμου δίκην τὰ σκεύη πεσόντα. τῶν δὲ περὶ
τῆς Ἰνδικῆς λεγομένων καὶ τοῦτ´ ἐστίν, ὅτι ἀντὶ τοῦ
προσκυνεῖν προσεύχεσθαι τοῖς βασιλεῦσι καὶ πᾶσι τοῖς
ἐν ἐξουσίᾳ καὶ ὑπεροχῇ νόμος. φέρει δὲ καὶ λιθείαν
ἡ χώρα πολυτελῆ κρυστάλλων καὶ ἀνθράκων παντοίων,
καθάπερ τῶν μαργαριτῶν.
| [15a,67] Pour donner une idée de l'adresse et de la dextérité des Indiens,
Néarque raconte qu'il leur suffit de voir les Macédoniens se servir
d'éponges, et qu'ils eurent bientôt fait de se fabriquer quelque chose
d'approchant. Ils prirent de la laine, et, à l'aide d'un carrelet, y
passèrent, en tout sens, du crin, de la ficelle, des lacets, puis,
soumettant le tout à une presse de foulon, obtinrent ainsi une espèce de
feutre, en retirèrent le crin, la ficelle, le lacet, et le teignirent
ensuite de couleurs appropriées. Beaucoup d'entre eux s'improvisèrent de
même fabricants d'étrilles et de flacons à huile. Un autre détail que nous
donne Néarque, c'est que les Indiens écrivent leurs lettres sur des toiles
apprêtées : or, ce renseignement contredit l'assertion des autres
historiens, que les Indiens ne font pas usage de l'écriture. Suivant lui
aussi, ils se servent de cuivre fondu, jamais de cuivre battu : mais d'où
leur vient cette préférence, c'est ce qu'il ne dit pas, bien qu'il relève
les conséquences absurdes d'un pareil usage, les ustensiles de cuivre
fondu qui tombent à terre se brisant en morceaux comme de simples
poteries. N'omettons pas non plus un curieux détail de moeurs qu'on dit
être particulier à l'Inde. Quand on approche la personne des rois ou des
grands dignitaires et fonctionnaires de l'Etat, on ne se borne pas, comme
ailleurs, à les saluer en s'inclinant devant eux: la loi veut qu'on les
adore, comme on fait la Divinité. - Ajoutons enfin que l'Inde produit une
grande quantité de pierres précieuses, de cristaux de roche,
d'escarboucles diversement colorés et de perles fines.
|