[15a,66] Νέαρχος δὲ περὶ τῶν σοφιστῶν οὕτω λέγει· τοὺς
μὲν Βραχμᾶνας πολιτεύεσθαι καὶ παρακολουθεῖν τοῖς
βασιλεῦσι συμβούλους, τοὺς δ´ ἄλλους σκοπεῖν τὰ περὶ
τὴν φύσιν, τούτων δ´ εἶναι καὶ Κάλανον· συμφιλοσοφεῖν
δ´ αὐτοῖς καὶ γυναῖκας, τὰς δὲ διαίτας ἁπάντων
σκληράς. περὶ δὲ τῶν κατὰ τοὺς ἄλλους νομίμων τοιαῦτα
ἀποφαίνεται· τοὺς μὲν νόμους ἀγράφους εἶναι,
τοὺς μὲν κοινοὺς τοὺς δ´ ἰδίους, ἀήθειαν ἔχοντας πρὸς
τοὺς τῶν ἄλλων, οἷον τὸ τὰς παρθένους ἆθλον παρά
τισι προκεῖσθαι τῷ πυγμὴν νικήσαντι ὥστ´ ἀπροίκους
συνεῖναι· παρ´ ἄλλοις δὲ κατὰ συγγένειαν κοινῇ τοὺς
καρποὺς ἐργασαμένους, ἐπὰν συγκομίσωσιν, αἴρεσθαι
φορτίον ἕκαστον εἰς διατροφὴν τοῦ ἔτους, τὸν δ´ ἄλλον
ἐμπιπράναι τοῦ ἔχειν εἰσαῦθις ἐργάζεσθαι καὶ μὴ
ἀργὸν εἶναι. ὁπλισμὸν δ´ εἶναι τόξον καὶ οἰστοὺς τριπήχεις,
ἢ σαύνιον, καὶ πέλτην καὶ μάχαιραν πλατεῖαν
τρίπηχυν· ἀντὶ δὲ χαλινῶν φιμοῖς χρῆσθαι κημῶν μικρὸν
διαφέρουσιν· ἥλοις δὲ τὰ χείλη διαπεπάρθαι.
| [15a,66] Voici maintenant ce que dit Néarque au sujet des gymnosophistes :
«Tandis que les brachmanes sont mêlés à la politique et accompagnent les
rois en qualité de conseillers, les autres philosophes s'occupent
uniquement d'observer la nature. Calanus était du nombre de ces derniers.
Des femmes, initiées aux mêmes doctrines philosophiques, vivent au milieu
d'eux ; mais, pour tous, hommes et femmes, la vie est également dure et
austère». Parlant ensuite des institutions et des usages du reste de l'Inde,
Néarque nous apprend que nulle part il n'y a de lois écrites et
qu'à côté de coutumes générales il y a des coutumes locales, coutumes
souvent bizarres et qui font disparate avec celles des peuples voisins ;
qu'ainsi dans certains pays il est d'usage de proposer comme prix du
pugilat de jeunes vierges qui deviennent les épouses des vainqueurs et qui
trouvent de cette manière à se marier sans apporter de dot ; que dans
d'autres pays le travail des champs est fait en commun par tous les
membres d'une même famille, qui, après la récolte, prennent ce qui est
nécessaire à chacun pour sa subsistance de l'année et brûlent le reste
pour qu'on soit obligé de recommencer à travailler sans avoir jamais de
prétexte à rester oisif. Suivant le même auteur, voici quelles sont les
armes qui composent l'équipement militaire chez les Indiens : 1° un arc
avec des flèches de trois coudées, ou un javelot ; 2° un bouclier rond ;
3° une machoera, couteau à large lame, long de trois coudées. Avec leurs
chevaux, ils se servent, au lieu de mors, de cavessons, qui ne diffèrent
guère de nos muselières que parce que le double bord en est garni de clous.
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