HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Strabon, Geographica, livre XV-1

Chapitre 65

  Chapitre 65

[15a,65] Τὰ γοῦν λεχθέντα εἰς τοῦτ´ ἔφη συντείνειν ὡς εἴη λόγος ἄριστος, ὃς ἡδονὴν καὶ λύπην ψυχῆς ἀφαιρήσεται· καὶ ὅτι λύπη καὶ πόνος διαφέροι· τὸ μὲν γὰρ πολέμιον τὸ δὲ φίλιον αὐτοῖς τά γε σώματα ἀσκοῦσι πρὸς πόνον, ἵν´ αἱ γνῶμαι ῥωννύοιντο, ἀφ´ ὧν καὶ στάσεις παύοιεν καὶ σύμβουλοι πᾶσιν ἀγαθῶν παρεῖεν καὶ κοινῇ καὶ ἰδίᾳ· καὶ δὴ καὶ Ταξίλῃ νῦν συμβουλεύσειε δέχεσθαι τὸν Ἀλέξανδρον· κρείττω μὲν γὰρ αὐτοῦ δεξάμενον εὖ πείσεσθαι, χείρω δὲ εὖ διαθήσειν. ταῦτ´ εἰπόντα ἐξερέσθαι εἰ καὶ ἐν τοῖς Ἕλλησι λόγοι τοιοῦτοι λέγοιντο, εἰπόντος δ´ ὅτι καὶ Πυθαγόρας τοιαῦτα λέγοι κελεύοι τε ἐμψύχων ἀπέχεσθαι, καὶ Σωκράτης καὶ Διογένης οὗ καὶ αὐτὸς ἀκροάσαιτο, ἀποκρίνασθαι ὅτι τἆλλα μὲν νομίζοι φρονίμως αὐτοῖς δοκεῖν, ἓν δ´ ἁμαρτάνειν νόμον πρὸ τῆς φύσεως τιθεμένους· οὐ γὰρ {ἂν} αἰσχύνεσθαι γυμνοὺς ὥσπερ αὐτὸν διάγειν ἀπὸ λιτῶν ζῶντας· καὶ γὰρ οἰκίαν ἀρίστην εἶναι ἥτις ἂν ἐπισκευῆς ἐλαχίστης δέηται· ἔφη δ´ αὐτοὺς καὶ τῶν περὶ φύσιν πολλὰ ἐξετάσαι καὶ προσημασιῶν, ὄμβρων αὐχμῶν νόσων· ἀπιόντας δ´ εἰς τὴν πόλιν κατὰ τὰς ἀγορὰς σκεδάννυσθαι· ὅτῳ δ´ ἂν κομίζοντι σῦκα βότρυς παρατύχωσι, λαμβάνειν δωρεὰν παρέχοντος· εἰ δ´ ἔλαιον εἴη, καταχεῖσθαι αὐτῶν καὶ ἀλείφεσθαι· ἅπασαν δὲ πλουσίαν οἰκίαν ἀνεῖσθαι αὐτοῖς μέχρι γυναικωνίτιδος, εἰσιόντας δὲ δείπνου κοινωνεῖν καὶ λόγων. αἴσχιστον δ´ αὐτοῖς νομίζεσθαι νόσον σωματικήν· τὸν δ´ ὑπονοήσαντα καθ´ αὑτοῦ τοῦτο, ἐξάγειν ἑαυτὸν διὰ πυρὸς νήσαντα πυράν, ὑπαλειψάμενον δὲ καὶ καθίσαντα ἐπὶ τὴν πυρὰν ὑφάψαι κελεύειν, ἀκίνητον δὲ καίεσθαι. [15a,65] En somme, Onésicrite comprit que le sens des paroles de Mandanis revenait à ceci : que la plus sage philosophie est celle qui enlève à l'âme les sensations de plaisir et de peine ; qu'il ne faut pas confondre la peine et le travail ; que les philosophes voient dans la peine une ennemie, et un ami dans le travail ; qu'en exerçant leurs corps au travail ils ne font que fortifier leurs esprits pour être en état un jour de mettre fin aux querelles des peuples et de faire accepter universellement, dans l'intérêt de tous et de chacun, l'autorité de leurs conseils. N'était-ce pas lui, Mandanis, qui avait conseillé au roi Taxile d'accueillir Alexandre, parce que, de deux choses l'une : ou Alexandre lui était supérieur, et il avait tout à gagner à le connaître ; ou il lui était inférieur, et Taxile était tenu à son tour de l'éclairer ? Son discours fini, Mandanis demanda à Onésicrite si l'on entendait en Grèce de semblables enseignements, et, sur sa réponse qu'on en avait recueilli de semblables de la bouche de Pythagore, qui enseignait même à s'abstenir de rien manger qui eût eu vie, de la bouche de Socrate également, voire de celle de Diogène, de qui lui, Onésicrite, avait été le disciple, il déclara qu'en général les philosophes grecs lui paraissaient penser sagement, mais qu'ils avaient un tort, celui de faire passer la loi et la coutume avant la nature ; qu'autrement ils ne rougiraient pas de faire comme lui, d'aller nus et de vivre aussi simplement, la meilleure maison étant celle qui a le moins besoin d'un ameublement somptueux. Onésicrite ajoute que les gymnosophistes se livrent aussi à de grandes recherches sur les phénomènes naturels, sur les signes ou pronostics, sur la pluie, la sécheresse, les maladies ; que, quand ils vont à la ville, ils s'y dispersent dans les places et dans les carrefours, arrêtant tout homme qui passe chargé de figues et de raisin et s'en faisant donner par lui gratis, de même qu'ils se font verser de l'huile sur la tête et oindre tout le corps par le premier marchand d'huile qu'ils rencontrent ; que, comme toutes les maisons des riches jusqu'au seuil du gynécée leur sont ouvertes, ils y entrent librement, s'asseoient à la table du maître et prennent part à la conversation. Nous savons encore par lui que la maladie corporelle est aux yeux des gymnosophistes la flétrissure la plus honteuse, et qu'aussitôt qu'ils se sentent atteints de quelque mal ils prennent la résolution de mourir par le feu, élèvent leur bûcher de leurs propres mains, se font frotter d'huile une dernière fois, puis, montant au haut du bûcher, s'y asseoient, donnent eux-mêmes l'ordre d'y mettre le feu, et se laissent brûler sans faire un mouvement.


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Dernière mise à jour : 19/03/2009