[15a,55] Τῷ βασιλεῖ δ´ ἡ μὲν τοῦ σώματος θεραπεία διὰ
γυναικῶν ἐστιν, ὠνητῶν καὶ αὐτῶν παρὰ τῶν πατέρων·
ἔξω δὲ τῶν θυρῶν οἱ σωματοφύλακες καὶ τὸ λοιπὸν
στρατιωτικόν· μεθύοντα δὲ κτείνασα γυνὴ βασιλέα
γέρας ἔχει συνεῖναι τῷ ἐκεῖνον διαδεξαμένῳ· διαδέχονται
δ´ οἱ παῖδες· οὐδ´ ὑπνοῖ μεθ´ ἡμέραν ὁ βασιλεύς·
καὶ νύκτωρ δὲ καθ´ ὥραν ἀναγκάζεται τὴν κοίτην ἀλλάττειν
διὰ τὰς ἐπιβουλάς. τῶν τε μὴ κατὰ πόλεμον
ἐξόδων μία μέν ἐστιν ἡ ἐπὶ τὰς κρίσεις, ἐν αἷς διημερεύει
διακούων οὐδὲν ἧττον κἂν ὥρα γένηται τῆς τοῦ
σώματος θεραπείας· αὕτη δ´ ἐστὶν ἡ διὰ τῶν σκυταλίδων τρῖψις·
ἅμα γὰρ καὶ διακούει καὶ τρίβεται τεττάρων περιστάντων τριβέων·
ἑτέρα δ´ ἐστὶν ἡ ἐπὶ τὰς θυσίας ἔξοδος· τρίτη δ´ ἐπὶ θήραν βακχική τις κύκλῳ γυναικῶν περικεχυμένων, ἔξωθεν δὲ τῶν δορυφόρων·
παρεσχοίνισται δ´ ἡ ὁδός, τῷ δὲ παρελθόντι ἐντὸς μέχρι
γυναικῶν θάνατος· προηγοῦνται δὲ τυμπανισταὶ καὶ
κωδωνοφόροι. κυνηγετεῖ δ´ ἐν μὲν τοῖς περιφράγμασιν
ἀπὸ βήματος τοξεύων (παρεστᾶσι δ´ ἔνοπλοι δύο ἢ
τρεῖς γυναῖκες), ἐν δὲ ταῖς ἀφράκτοις θήραις ἀπ´ ἐλέφαντος·
αἱ δὲ γυναῖκες αἱ μὲν ἐφ´ ἁρμάτων, αἱ δ´ ἐφ´
ἵππων αἱ δὲ καὶ ἐπ´ ἐλεφάντων, ὡς καὶ συστρατεύουσιν,
ἠσκημέναι παντὶ ὅπλῳ.
| [15a,55] Le Roi n'a autour de lui pour les soins de sa personne que des femmes,
qu'il a achetées lui aussi à leurs parents, pas un garde du corps, pas un
militaire ne doit franchir le seuil de son palais. Si le Roi est vu ivre
par une de ses femmes et que cette femme le tue, elle en est récompensée
en devenant l'épouse de son successeur ; or, le successeur du Roi est
toujours un de ses enfants. Le Roi ne repose jamais pendant le jour, et,
la nuit, on l'oblige à changer de chambre et de lit d'heure en heure pour
le soustraire aux tentatives d'assassinat. Des sorties que fait le Roi
hors de son palais, trois seulement ont un autre objet que la guerre. La
première a pour but d'aller tenir ses assises de juge souverain. Il passe
alors la journée entière à donner audience, sans s'interrompre même quand
est venue l'heure habituelle de sa toilette, laquelle consiste, avons-nous
dit, en frictions faites sur tout le corps au moyen d'étrilles d'ébène, de
sorte qu'il continue à écouter les parties, même après qu'il s'est livré
aux mains des quatre masseurs chargés de le frictionner. Quant à la
seconde et à la troisième sortie, elles ont lieu, l'une à l'occasion des
sacrifices publics et l'autre à l'occasion des grandes chasses. Cette
dernière rappelle proprement la pompe bachique. La personne du Roi est
protégée par ses femmes d'abord, qui se rangent en cercle autour de lui,
puis par ses gardes du corps, qui forment en quelque sorte un second
cercle ou cercle extérieur. Sur tout le parcours du cortège royal, la
route est bordée de cordes, et quiconque ose les franchir et pénétrer
jusqu'aux femmes est mis à mort. Des tambours et des trompettes ouvrent la
marche. Quand le Roi chasse dans un parc, il est assis l'arc à la main sur
une haute estrade avec deux ou trois de ses femmes armées à ses côtés, et
il tire de là sur le gibier qui passe ; hors des parcs, il ne chasse que
monté sur un éléphant. Quant à ses femmes, les unes le suivent en char,
les autres sont à cheval, d'autres enfin sont montées sur des éléphants,
comme lorsqu'elles l'accompagnent à la guerre en Amazones exercées à
manier toutes les armes.
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