[15a,26] Δεῖ δὲ καὶ τὰ καθ´ ἕκαστα περὶ τῶν ποταμῶν εἰπεῖν
ὅσα πρὸς τὴν γεωγραφίαν χρήσιμα καὶ ὅσων
ἱστορίαν παρειλήφαμεν. ἄλλως τε γὰρ οἱ ποταμοὶ φυσικοί
τινες ὅροι καὶ μεγεθῶν καὶ σχημάτων τῆς χώρας
ὄντες ἐπιτηδειότητα πολλὴν παρέχουσι πρὸς ὅλην τὴν
νῦν ὑπόθεσιν. ὁ δὲ Νεῖλος καὶ οἱ κατὰ τὴν Ἰνδικὴν
πλεονέκτημά τι ἔχουσι παρὰ τοὺς ἄλλους διὰ τὸ τὴν
χώραν ἀοίκητον εἶναι χωρὶς αὐτῶν, πλωτὴν ἅμα καὶ
γεωργήσιμον οὖσαν, καὶ μήτ´ ἐφοδεύεσθαι δυναμένην
ἄλλως μήτ´ οἰκεῖσθαι τὸ παράπαν. τοὺς μὲν οὖν εἰς
τὸν Ἰνδὸν καταφερομένους ἱστοροῦμεν τοὺς ἀξίους
μνήμης καὶ τὰς χώρας, δι´ ὧν ἡ φορά, τῶν δ´ ἄλλων
ἐστὶν ἄγνοια πλείων ἢ γνῶσις. Ἀλέξανδρος γὰρ ὁ
μάλιστα ταῦτ´ ἀνακαλύψας κατ´ ἀρχὰς μέν, ἡνίκα οἱ Δαρεῖον δολοφονήσαντες ὥρμησαν ἐπὶ τὴν τῆς
Βακτριανῆς ἀπόστασιν, ἔγνω προυργιαίτατον ὂν διώκειν καὶ
καταλύειν ἐκείνους. ἧκε μὲν οὖν τῆς Ἰνδικῆς πλησίον
δι´ Ἀριανῶν, ἀφεὶς δ´ αὐτὴν ἐν δεξιᾷ ὑπερέβη τὸν
Παροπάμισον εἰς τὰ προσάρκτια μέρη καὶ τὴν Βακτριανήν· καταστρεψάμενος δὲ τἀκεῖ πάντα ὅσα ἦν ὑπὸ
Πέρσαις καὶ ἔτι πλείω, τότ´ ἤδη καὶ τῆς Ἰνδικῆς ὠρέχθη,
λεγόντων μὲν περὶ αὐτῆς πολλῶν οὐ σαφῶς δέ.
ἀνέστρεψε δ´ οὖν ὑπερθεὶς τὰ αὐτὰ ὄρη κατ´ ἄλλας
ὁδοὺς ἐπιτομωτέρας ἐν ἀριστερᾷ ἔχων τὴν Ἰνδικήν,
εἶτ´ ἐπέστρεψεν εὐθὺς ἐπ´ αὐτὴν καὶ τοὺς ὅρους τοὺς
ἑσπερίους αὐτῆς καὶ τὸν Κώφην ποταμὸν καὶ τὸν Χοάσπην,
ὃς εἰς τὸν Κώφην ἐμβάλλει ποταμὸν κατὰ
Πλημύριον πόλιν, ῥυεὶς παρὰ Γώρυδι ἄλλην πόλιν,
καὶ διεξιὼν τήν τε Βανδοβηνὴν καὶ τὴν Γανδαρῖτιν.
ἐπυνθάνετο δ´ οἰκήσιμον εἶναι μάλιστα καὶ εὔκαρπον
τὴν ὀρεινὴν καὶ προσάρκτιον· τὴν δὲ νότιον τὴν μὲν
ἄνυδρον τὴν δὲ ποταμόκλυστον καὶ τελέως ἔκπυρον,
θηρίοις τε μᾶλλον ἢ ἀνθρώποις σύμμετρον. ὥρμησεν
οὖν τὴν ἐπαινουμένην κατακτᾶσθαι πρότερον, ἅμα
καὶ τοὺς ποταμοὺς εὐπερατοτέρους νομίσας τῶν πηγῶν
πλησίον, οὓς ἀναγκαῖον ἦν διαβαίνειν, ἐπικαρσίους ὄντας καὶ τέμνοντας ἣν ἐπῄει γῆν. ἅμα δὲ καὶ
ἤκουσεν εἰς ἓν πλείους συνιόντας ῥεῖν, καὶ τοῦτ´ ἀεὶ
καὶ μᾶλλον συμβαῖνον ὅσῳ πλεῖον εἰς τὸ πρόσθεν
προΐοιεν, ὥστ´ εἶναι δυσπερατοτέραν, καὶ ταῦτα ἐν
πλοίων ἀπορίᾳ. δεδιὼς οὖν τοῦτο διέβη τὸν Κώφην,
καὶ κατεστρέφετο τὴν ὀρεινὴν ὅση ἐτέτραπτο πρὸς ἕω.
| [15a,26] Mais il nous faut consigner encore ici tous les détails proprement
géographiques que nous fournissent les différents historiens relativement
aux fleuves de l'Inde. Car, si les fleuves, généralement parlant et en
tant que limites naturelles propres à déterminer l'étendue et la
configuration d'une contrée, sont d'un grand secours pour le géographe qui
a entrepris, comme nous, la description de toute la terre habitée, le Nil
et les fleuves de l'Inde ont un avantage marqué sur tous les autres, c'est
que sans eux les pays qu'ils traversent, et dont nous admirons à la fois
les belles voies navigables et les riches cultures, seraient complètement
inhabitables, eux seuls en assurant les communications et les autres
conditions d'existence. Sur les principaux cours d'eau qui descendent des
montagnes pour aller se jeter dans l'Indus et sur les pays qu'ils
traversent, nous trouvons dans les historiens des renseignements certains,
positifs ; mais, relativement aux autres, ils nous laissent plus ignorants
qu'instruits. Tout ce haut bassin de l'Indus en effet a été plus
particulièrement exploré par Alexandre et comme découvert par lui dans sa
première expédition, quand, à la nouvelle du meurtre de Darius et des
tentatives de ses meurtriers pour soulever la Bactriane, il jugea que le
plus pressé était de poursuivre ceux-ci et de les exterminer. Il ne fit
donc qu'approcher de l'Inde en traversant l'Ariané, puis, la laissant sur
la droite, il franchit le Paropamisus et pénétra dans les provinces
septentrionales et dans la Bactriane, et conquit de ce côté tout ce qui
avait appartenu aux Perses, voire quelque chose de plus. L'idée lui vint
alors dans son insatiable ambition de soumettre aussi l'Inde, contrée dont
beaucoup d'auteurs avaient déjà parlé sans la faire bien connaître. Il
revint aussitôt sur ses pas, franchit les mêmes montagnes, par une route
plus courte et en ayant cette fois l'Inde à sa gauche : puis, se
détournant brusquement, il marcha droit sur l'Inde, de manière à l'aborder
par sa frontière occidentale et par le canton qu'arrose, non seulement le
fleuve Cophès, mais aussi le Choaspe qui se jette dans le Cophès près de
la ville de Plémyrium, après avoir baigné les murs d'une autre ville
nommée Gorys et traversé la Bandobène et la Gandaritide. Alexandre avait
été informé que l'Inde était habitable et fertile surtout dans sa région
montagneuse, dans sa partie septentrionale ; que l'Inde méridionale au
contraire, sèche et aride dans une de ses parties, exposée dans une autre
aux débordements périodiques des fleuves, et partout également brillée par
le soleil, était plus propre à servir de repaire aux bêtes féroces que
d'habitation à l'homme : naturellement il voulut commencer sa conquête par
la région qu'on lui avait peinte sous les couleurs les plus favorables. Il
avait bien pensé aussi que les cours d'eau qu'il lui faudrait
nécessairement franchir, puisqu'ils coupent obliquement la contrée qu'il
allait parcourir, seraient plus faciles à passer près de leurs sources.
Ajoutons qu'il avait été averti que plusieurs de ces cours d'eau se
réunissent, que ces sortes de confluents se multiplieraient devant lui à
mesure qu'il avancerait, ce qui gênerait de plus en plus sa marche dans
l'extrême pénurie d'embarcations où était son armée. La perspective de
toutes ces difficultés est ce qui le décida à passer le Cophès et à
conquérir en premier le pays de montagnes situé à l'est de ce fleuve.
|