| [15a,20] Ταῖς δὲ τῶν ποταμῶν πληρώσεσι καὶ τῷ τοὺς
ἀπογαίους μὴ πνεῖν ὁμολογεῖ καὶ τὸ λεχθὲν ὑπὸ τοῦ
Ὀνησικρίτου· τεναγώδη γάρ φησιν εἶναι τὴν παραλίαν 
καὶ μάλιστα κατὰ τὰ στόματα τῶν ποταμῶν, διά
τε τὴν χοῦν καὶ τὰς πλημμυρίδας καὶ τὴν τῶν πελαγίων ἀνέμων ἐπικράτειαν. Μεγασθένης δὲ τὴν εὐδαιμονίαν τῆς Ἰνδικῆς ἐπισημαίνεται τῷ δίκαρπον εἶναι
καὶ δίφορον· καθάπερ καὶ Ἐρατοσθένης ἔφη, τὸν μὲν
εἰπὼν σπόρον χειμερινὸν τὸν δὲ θερινόν, καὶ ὄμβρον
ὁμοίως· οὐδὲν γὰρ ἔτος εὑρίσκεσθαί φησι πρὸς ἀμφοτέρους καιροὺς ἄνομβρον·  ὥστ´ εὐετηρίαν ἐκ τούτου συμβαίνειν ἀφόρου μηδέποτε τῆς γῆς οὔσης· τούς τε ξυλίνους καρποὺς γεννᾶσθαι πολλοὺς καὶ τὰς ῥίζας
τῶν φυτῶν καὶ μάλιστα τῶν μεγάλων καλάμων, γλυκείας καὶ φύσει καὶ ἑψήσει χλιαινομένου τοῦ ὕδατος
τοῖς ἡλίοις τοῦ τ´ ἐκπίπτοντος ἐκ Διὸς καὶ τοῦ ποταμίου. 
τρόπον δή τινα λέγειν βούλεται διότι ἡ παρὰ
τοῖς ἄλλοις λεγομένη πέψις καὶ καρπῶν καὶ χυμῶν
παρ´ ἐκείνοις ἕψησίς ἐστι, καὶ κατεργάζεται τοσοῦτον
εἰς εὐστομίαν ὅσον καὶ ἡ διὰ πυρός· διὸ καὶ τοὺς κλάδους φησὶν εὐκαμπεῖς εἶναι τῶν δένδρων ἐξ ὧν οἱ τροχοί· ἐκ δὲ τῆς αὐτῆς αἰτίας ἐνίοις καὶ ἐπανθεῖν ἔριον.
ἐκ τούτου δὲ Νέαρχός φησι τὰς εὐητρίους ὑφαίνεσθαι
σινδόνας, τοὺς δὲ Μακεδόνας ἀντὶ κναφάλλων αὐτοῖς
χρῆσθαι καὶ τοῖς σάγμασι σάγης· τοιαῦτα δὲ καὶ τὰ
Σηρικὰ ἔκ τινων φλοιῶν ξαινομένης βύσσου. εἴρηκε
δὲ καὶ περὶ τῶν καλάμων ὅτι ποιοῦσι μέλι μελισσῶν
μὴ οὐσῶν· καὶ γὰρ δένδρον εἶναι καρποφόρον, ἐκ δὲ 
τοῦ καρποῦ συντίθεσθαι μέλι, τοὺς δὲ φαγόντας ὠμοῦ
τοῦ καρποῦ μεθύειν.
 | [15a,20] L'exactitude des observations d'Aristobule au sujet des crues des 
fleuves et de l'absence des vents de terre se trouve vérifiée encore par 
cet autre passage d'Onésicrite : «Tout le littoral de l'Inde, surtout aux 
embouchures des fleuves, est semé de bas-fonds à cause du progrès des 
atterrissements, de l'effet des marées et de la prédominance des vents de 
mer». De même, quand Mégasthène, pour prouver l'extrême fertilité de 
l'Inde, nous dit que la terre y produit deux fois l'an et y donne deux 
récoltes, son témoignage concorde avec celui d'Eratosthène ; car 
Eratosthène nous parle de semailles d'hiver et de semailles d'été 
correspondant juste aux deux saisons pluvieuses. «Et, comme il n'y a pas 
d'exemple, ajoute-t-il, qu'en aucune année l'hiver et l'été se soient 
passés sans pluies, le sol ne demeure jamais improductif et l'on peut 
toujours compter sur d'abondantes récoltes». Eratosthène ajoute que le 
pays est riche aussi en arbres fruitiers et en plantes à racines, telles 
que certains roseaux de haute taille dont la saveur naturellement très 
douce est adoucie encore par une espèce de coction naturelle, résultant 
pour elles de ce que l'eau qui les arrose (tant l'eau du ciel que l'eau 
des fleuves) a chauffé pour ainsi dire aux rayons du soleil. Eratosthène 
semble vouloir dire par là que ce que l'on appelle ailleurs maturité 
devient dans l'Inde une véritable coction des fruits et de leurs sucs, 
aussi favorable au développement de l'arome que peut l'être l'action du 
feu pour tous les autres aliments. La même cause, suivant lui, explique 
l'extrême flexibilité des branches d'arbre, flexibilité qui permet d'en 
faire des roues. De là vient aussi qu'il pousse de la laine sur certains 
arbres. Il s'agit de la laine qui, au dire de Néarque, sert à faire dans 
le pays ces toiles à trame si fine, si serrée, mais que les Macédoniens 
employaient pour bourrer leurs matelas et leurs selles à bâts. Les toiles 
connues sous le nom de sériques sont faites de même, avec le byssus que 
l'on carde après l'avoir tiré de l'écorce de certains arbustes. Parlant 
aussi d'une espèce particulière de roseaux, Néarque dit que dans l'Inde on 
n'a pas besoin d'abeilles pour faire du miel, car avec le fruit de cet 
arbuste on prépare le miel directement. Il ajoute que le même fruit, mangé 
cru, enivre.
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