[1,3,18] Τόν τε Πειραιᾶ νησιάζοντα πρότερον καὶ πέραν τῆς ἀκτῆς
κείμενον οὕτως φασὶν ὀνομασθῆναι· ὑπεναντίως δ' ἡ Λευκὰς
Κορινθίων τὸν ἰσθμὸν διακοψάντων νῆσος γέγονεν, ἀκτὴ πρότερον
οὖσα· περὶ ταύτης γάρ φασι λέγειν τὸν Λαέρτην,
Οἷος Νήριτον εἷλον ἐυκτίμενον πτολίεθρον,
ἀκτὴν ἠπείροιο·
Ἐνταῦθα μὲν δὴ διακοπαὶ χειρότμητοι γεγόνασιν, ἀλλαχόθι δὲ
προσχώσεις ἢ γεφυρώσεις, καθάπερ ἐπὶ τῆς πρὸς Συρακούσαις νήσου
νῦν μὲν γέφυρά ἐστιν ἡ συνάπτουσα αὐτὴν πρὸς τὴν ἤπειρον,
πρότερον δὲ χῶμα, ὥς φησιν Ἴβυκος, λογαίου λίθου, ὃν καλεῖ
ἐκλεκτόν. Βοῦρα δὲ καὶ Ἑλίκη ἡ μὲν ὑπὸ χάσματος ἡ δ' ὑπὸ κύματος
ἠφανίσθη. Περὶ Μεθώνην δὲ τὴν ἐν τῷ Ἑρμιονικῷ κόλπῳ ὄρος
ἑπταστάδιον τὸ ὕψος ἀνεβλήθη γενηθέντος ἀναφυσήματος
φλογώδους, μεθ' ἡμέραν μὲν ἀπρόσιτον ὑπὸ τοῦ θερμοῦ καὶ τῆς
θειώδους ὀδμῆς, νύκτωρ δ' ἐκλάμπον πόρρω καὶ θερμαῖνον ὥστε ζεῖν
τὴν θάλατταν ἐπὶ σταδίους πέντε, θολερὰν δ' εἶναι καὶ ἐπὶ εἴκοσι
σταδίους, προσχωσθῆναι δὲ πέτραις ἀπορρῶξι πύργων οὐκ ἐλάττοσιν.
Ὑπὸ δὲ τῆς Κωπαίίδος λίμνης ἥ τε Ἄρνη κατεπόθη καὶ Μίδεια, ἃς
ὠνόμακεν ὁ ποιητὴς ἐν τῷ Καταλόγῳ·
Οἵ τε πολυστάφυλον Ἄρνην ἔχον, οἵ τε Μίδειαν.
Καὶ ὑπὸ τῆς Βιστονίδος δὲ καὶ τῆς νῦν Ἀφνίτιδος λίμνης ἐοίκασι κα
τακεκλύσθαι πόλεις τινὲς Θρᾳκῶν, οἱ δὲ καὶ Τρηρῶν, ὡς συνοίκων τοῖς
Θρᾳξὶν ὄντων. Καὶ ἡ πρότερον δὲ Ἀρτεμίτα λεγομένη μία τῶν
Ἐχινάδων νήσων ἤπειρος γέγονε· καὶ ἄλλας δὲ τῶν περὶ τὸν Ἀχελῶον
νησίδων τὸ αὐτὸ πάθος φασὶ παθεῖν ἐκ τῆς ὑπὸ τοῦ ποταμοῦ
προχώσεως τοῦ πελάγους, συγχοῦνται δὲ καὶ αἱ λοιπαί, ὡς Ἡρόδοτός
φησι. Καὶ Αἰτωλικαὶ δέ τινες ἄκραι εἰσὶ νησίζουσαι πρότερον· καὶ ἡ
Ἀστερία ἤλλακται, ἣν Ἀστερίδα φησὶν ὁ ποιητής·
Ἔστι δέ τις νῆσος μέσσῃ ἁλὶ πετρήεσσα,
Ἀστερίς, οὐ μεγάλη, λιμένες δ' ἐνὶ ναύλοχοι αὐτῇ ἀμφίδυμοι·
Νυνὶ δὲ οὐδ' ἀγκυροβόλιον εὐφυὲς ἔχει. Ἔν τε τῇ Ἰθάκῃ οὐδέν ἐστιν
ἄντρον τοιοῦτον οὐδὲ νυμφαῖον, οἷόν φησιν Ὅμηρος· βέλτιον δὲ
αἰτιᾶσθαι μεταβολὴν ἢ ἄγνοιαν ἢ κατάψευσιν τῶν τόπων κατὰ τὸ
μυθῶδες. τοῦτο μὲν δὴ ἀσαφὲς ὃν {ἐῶ} ἐν κοινῷ σκοπεῖν.
| [1,3,18] 18. Si ce qu'on dit est vrai, le Pirée, dans le principe, aurait été aussi une
île, et de cette situation par-delà le rivage (g-peran g-tehs g-aktehs)
lui serait venu le nom qu'il porte encore. Leucade, au contraire, qui
formait primitivement une presqu'île, un promontoire, ne serait devenue
une île que parce que les Corinthiens coupèrent l'isthme dudit
promontoire : on prétend, en effet, que c'est Leucade que désignent ces
paroles de Laërte, :
«Tel que j'étais, quand j'escaladai les forts remparts de NÉRITE,
promontoire d'Épire {autrement dit de terre ferme}.»
Il y a donc eu ici une coupure pratiquée de main d'homme, c'est-à-dire
l'inverse de ce que la main de l'homme a fait ailleurs, en élevant des
môles ou en jetant des ponts comme celui qui relie aujourd'hui au
continent l'île située en avant de Syracuse, et qui a remplacé l'ancien
môle, dont parle Ibycus, fait de cailloux ramassés au hasard, ou
d'eclectes, pour nous servir de l'expression même du poète. Ou cite
encore le fait de ces deux villes, Bura et Hélicé, qui disparurent un jour en
s'abîmant l'une dans les entrailles de la terre, et l'autre au sein des flots,
et, par opposition, cet autre fait survenu dans le voisinage de Méthone, au
fond du golfe Hermionique, d'une montagne de sept stades de hauteur,
qui surgit brusquement à la suite d'une éruption ignée :
inaccessible tout le jour à cause de son extrême chaleur et de l'odeur de
soufre qu'elle exhalait, elle répandait, au contraire, la nuit, une odeur
agréable, et, avec de vives clartés qui rayonnaient au loin, une
chaleur tellement intense que la mer jusqu'à une distance de cinq stades
bouillait à gros bouillons, et qu'à vingt stades ses eaux étaient encore
troubles et agitées, sans compter que tout cet espace intermédiaire
demeura comme comblé de fragments de rochers aussi hauts que des
tours. Ailleurs, c'est le lac Copals qui engloutit Arné et Midée, deux villes
que le poète a nommées dans son Catalogue des vaisseaux :
«Et ceux qui habitaient Arné aux riches vignobles et ceux qui occupaient
Midée.»
Tout porte à croire aussi que le lac Bistonis et celui qu'on nomme
aujourd'hui l'Aphnitis submergèrent jadis différentes villes attribuées par
les uns à la Thrace, mais par les autres au pays des Trères, par la raison
sans doute que ce peuple a longtemps vécu mêlé aux Thraces.
Nommons encore Artemita, qui, après avoir fait partie notoirement des
îles Echinades, s'est rattachée au continent, comme ont fait de leur côté,
et par suite des atterrissements du fleuve sur ce point, certains îlots du
groupe voisin de l'Achéloüs, et comme, au dire {d'Hérodote}, les
derniers îlots du même groupe tendent chaque jour à le faire. L'Etolie
compte pareillement plusieurs caps ou promontoires, qui ont commencé
par être des îles. D'autre part, dans l'île actuelle d'Asteria on aurait peine
aujourd'hui à reconnaître l'Asteris d'Homère,
«Cette île rocheuse, au milieu de la mer, cette petite Actérie, avec son
double port, abri sûr ouvert aux vaisseaux,»
car aujourd'hui elle n'offre pas même un bon ancrage. Et l'on ne retrouve
pas davantage à Ithaque l'Antre et le Nymphée, tels que le poète les a
décrits. Mais ne vaut-il pas mieux, je le répète, croire à un changement
opéré par la nature que d'accuser le poète d'avoir ignoré ou altéré
volontairement l'état réel des lieux en vue du merveilleux. Du reste, la
chose est incertaine, et je l'abandonne comme telle au libre examen de chacun.
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