[1,2,29] Καὶ γὰρ δὴ καὶ τελέως ἄλογον, εἰ τὰς μὲν Αἰγυπτίους Θήβας ᾖδει
σαφῶς, αἳ διέχουσι τῆς καθ' ἡμᾶς θαλάττης σταδίους μικρὸν
ἀπολείποντας ἀπὸ τῶν πεντακισχιλίων, τὸν δὲ μυχὸν τοῦ Ἀραβίου
κόλπου μὴ ᾖδει, μηδὲ τὸν ἰσθμὸν τὸν κατ' αὐτόν, πλάτος ἔχοντα οὐ
πλειόνων ἢ χιλίων σταδίων. Πολὺ δ' ἂν ἀλογώτερον δόξειεν, εἰ τὸν
μὲν Νεῖλον ᾖδει ὁμωνύμως τῇ τοσαύτῃ χώρᾳ λεγόμενον, τὴν δ' αἰτίαν
μὴ ἑώρα τούτου· μάλιστα γὰρ ἂν προσπίπτοι τὸ ῥηθὲν ὑφ' Ἡροδότου,
διότι δῶρον ἦν ἡ χώρα τοῦ ποταμοῦ, καὶ διὰ τοῦτο ἠξιοῦτο τοῦ αὐτοῦ
ὀνόματος. Ἄλλως τε τῶν παρ' ἑκάστοις ἰδίων ταῦτ' ἐστὶ γνωριμώτατα,
ἃ καὶ παραδοξίαν ἔχει τινά, καὶ ἐν τῷ φανερῷ πᾶσίν ἐστι· τοιοῦτον δ'
ἐστὶ καὶ ἡ τοῦ Νείλου ἀνάβασις καὶ ἡ πρόσχωσις τοῦ πελάγους. Καὶ
καθάπερ οἱ προσαχθέντες πρὸς τὴν Αἴγυπτον οὐδὲν πρότερον
ἱστοροῦσι περὶ τῆς χώρας, ἢ τὴν τοῦ Νείλου φύσιν διὰ τὸ τοὺς
ἐπιχωρίους μήτε καινότερα τούτων λέγειν ἔχειν πρὸς ἄνδρας ξένους,
μήτ' ἐπιφανέστερα περὶ τῶν παρ' αὐτοῖς ( τῷ γὰρ ἱστορήσαντι περὶ τοῦ
ποταμοῦ κατάδηλος καὶ ἡ χώρα γίνεται πᾶσα ὁποία τίς ἐστιν)· οὕτω
καὶ οἱ πόρρωθεν ἀκούοντες οὐδὲν πρότερον ἱστοροῦσι τούτου.
Προστίθει οὖν τούτῳ καὶ τὸ φιλείδημον τοῦ ποιητοῦ καὶ τὸ
φιλέκδημον, ὅπερ αὐτῷ μαρτυροῦσιν ὅσοι τὸν βίον ἀναγράφουσι, καὶ
ἐξ αὐτῶν δὲ λαμβάνεται τῶν ποιημάτων πολλὰ παραδείγματα τοῦ
τοιούτου. Οὗτος μὲν οὖν ἐκ πλεόνων ἐλέγχεται καὶ εἰδὼς καὶ λέγων
ῥητῶς τὰ ῥητὰ καὶ σιγῶν τὰ λίαν ἐκφανῆ ἢ ἐπιθέτως λέγων.
| [1,2,29] 29. II serait en effet de la dernière invraisemblance, qu'instruit, comme il
l'était, de la situation exacte de Thèbes, de la Thèbes d'Égypte, laquelle
est distante des bords de notre mer de 5000 stades ou peu s'en faut,
Homère n'eût connu ni le fond du golfe Arabique, ni l'existence de l'isthme
qui le prolonge et qui se trouve n'avoir en largeur que mille stades tout au
plus. Et ce qui devra paraître plus invraisemblable encore, c'est
qu'Homère ait pu savoir que le Nil portait le nom, le nom même d'une
contrée aussi vaste que l'est l'Égypte, sans en avoir deviné la cause, vu
que le mot d'Hérodote que l'Égypte est un présent du fleuve et
qu'elle avait dû à ce titre recevoir le nom du fleuve lui-même, semble
devoir s'offrir tout naturellement à l'esprit de chacun. Quelles sont
d'ailleurs, entre toutes les particularités d'un pays, les particularités les
plus universellement connues? Celles-là toujours qui offrent en soi
quelque chose d'étrange et qui se trouvent en outre placées de façon à
frapper tous les regards. Or le double phénomène des crues du Nil et de
ses atterrissements est précisément dans ce cas. Et de même que le
voyageur, qui aborde en Égypte, apprend avant tout à connaître la nature
du Nil, les indigènes n'ayant rien à dire qui puisse étonner davantage un
étranger et lui donner une plus haute idée de leur pays (car il suffit d'être
instruit du régime de ce fleuve pour concevoir aussitôt ce que peut être la
contrée tout entière qu'il arrose), de même, loin de l'Égypte et dans les
récits qui nous viennent de ce pays, le nom du Nil est encore le premier
qui frappe notre oreille. Ajoutez à ce qui précède la curiosité du poêle et
son amour des voyages attestés par tous ses biographes et directement
par maints passages ou allusions de ses poèmes : que de preuves
réunies pour établir qu'Homère a toujours bien su et bien dit ce qui était à
dire et que ce sont uniquement les faits notoires qu'il a tus ou indiqués
par de simples épithètes!
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